Le charmant charmeur chilien a doublé les doses d'adoucissant et quand il débarque vendredi vers une heure du mat (donc samedi en fait mais tu t'en fous), sur la terrasse du nouveau bar, tout costumé-chemisé-cravaté (il a un succès fou dans cette tenue, déjà que bon il a pas trop besoin), il prend de mes nouvelles, s'inquiète de ma journée de travail, propose de rentrer dès que j'esquisse un baîllement. Ah ah, t'aurais pas quelque chose à te faire pardonner, toi ?
Quand on se réveille le lendemain (le même jour pour être précis mais on a dit que tu t'en fous non ?), il annonce qu'il doit faire une lessive, déjeuner avec un ami, passer dans une boutique. Moi je veux bien mais sachant qu'il est midi et qu'il part taffer à quatorze heures, je suis un peu dubitative. Au final il se fait prêter une chemise par son voisin, il zappe la boutique et on va chez l'ami. Le raisin était fameux, plus que les fraises mais bien moins que l'avocat (ici tu peux engranger trop de mots pour la colonne fruits de ton prochain baccalauréat).
Puis je pars rejoindre mes amis à la fête de l'Huma. Alors la fête de l'Huma, comment te dire ? C'est vrai, souvent les concerts sont bons : en l'occurrence Cali se fait porter par la foule en délire, tout le monde forme des coeurs avec ses mains, love partout ; les Têtes raides saturent un peu leurs guitares mais dès qu'ils ressortent les cuivres ça va mieux ; quant à Gnawa Diffusion, ben j'en sais rien, y avait un problème technique et on n'a pas eu la patience. Les débats sont intéressants même quand ils sentent la merguez. Le peuple de gauche répond présent à l'appel, tu vas voir mai 2007 comment on va les niquer. Tout ça c'est bel et bien.
Cependant permets-moi de développer un autre aspect de l'affaire. Par exemple les besoins naturels. Je ne te parle pas de manger (tu trouves de la bouffe du monde entier, les sandwiches éthiopiens avaient l'air pas mal mais je te conseille plutôt le stand Palestine), ni de boire (la bière est quasiment donnée et le whisky-coca se fait supplanter par le cognac-tonic, boisson anti-impérialiste). Je fais allusion à l'envie pressante qui te prend en traître, au moment où tu t'y attends le moins, plus connue sous le nom d'envie de pisser.
Vu de l'extérieur, et en novice, si tu crois que tu peux improviser, tu rêves (générale), même si t'es un mec, diificile de trouver un coin tranquille pour marquer ton territoire. Tu te sens obligé d'aller en terrain balisé. Je peux pas te décrire les lieux, j'y suis pas allée. En revanche je peux témoigner que, tandis que nous bénissons nos vessies résistantes, une amie passe une heure (tu as bien lu) à faire la queue pour soulager la sienne (pas de queue hein). Du coup t'as plutôt intérêt à prévoir que dans une heure tu vas avoir envie de pisser, sinon tu prends des risques.
Faut dire aussi qu'elle est un peu trop disciplinée. Parce que nous après, au stand de l'Indre et Loire (ou apparenté) (je veux dire ça aurait pu être l'Alsace, tu n'y aurais vu que du feu), on demande gentiment à la dame si on peut aller derrière le camion et elle dit : mais bien sûr mes pauvres petites, et même elle nous donne des serviettes en papier avant de faire le guet, alors tu vois, c'est pas la peine de s'exciter.
Une chose qui peut faire perdre du temps aussi, c'est d'essayer de fendre la foule à plusieurs, sans se perdre. Au début on n'assure pas, on en perd une (heureusement pas la pisseuse, y a quand même une justice) et forcément on perd celle dont le portable est mort, on est là pour rigoler ou quoi ? Étant présumée poids plume, l'honneur me revient de grimper sur les épaules de mon pote pour surplomber le troupeau et, de mon oeil de lynx, repérer la brebis égarée, pendant qu'on crie : Aline ! pour qu'elle revienne. T'y crois ou pas, ça marche.
Après on comprend qu'il faut rester en contact physique, pas seulement visuel, on forme une petit farandole trop sympthique, on est tous des frères, sauf que je me retrouve avec des mains inconnues sur les épaules et plus bas et encore plus bas, bon t'es gentil mais tu vas pas me peloter toute la soirée non plus, allez dégage.
Plus tard on s'est retrouvé au nouveau bar et j'ai acheté des frites. Puis j'ai fait un truc de ouf : je suis allée attendre le charmant dans son lit (avec son autorisation bien sûr), toujours dans cette optique que peut-être un jour ce sera mon lit. Je préfère calmer tes ardeurs : depuis le récent grabuge, si au départ j'étais ni pour ni contre, aujourd'hui la cote de la cohabitation est en baisse...(à ta place je vendrais. Ou pas, jamais trop compris la spéculation. Fais pour le mieux).
Dimanche, je te l'ai déjà dit, ♫ Dieu créa la flemme ♫ et je suis pas du genre à déroger. Le charmant et moi on n'a quitté le lit que pour sustenter nos corps fatigués (mais impatients) dans des restos du coin. À vous les studios (si t'as un deux-pièces, t'inquiète, ça marche quand même).
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