vendredi 29 septembre 2006

"Au réveil il était midi"

Le réveil a sonné à 13h et j'aurais bien aimé dormir beaucoup plus. Ma conscience professionnelle ne ma l'a pas permis (vas-y, esclaffe-toi je t'en prie. De toutes façons j'étais pas à la bourre, où est le problème ?).

Hier fallait aller sur une péniche. Tu t'en souviens peut-être, une récente expérience malheureuse en la matière m'avait quelque peu échaudée, ou refroidie, c'est selon. Mais là il s'agissait d'une soirée de soutien aux sans-papiers. Tu peux pas dire non. Ou alors faut avoir une bonne excuse (y a un bon film à la télé n'est pas considéré comme une bonnes excuse, surtout quand ta télé te sert de porte-manteau et que tu n'as pas le programme).

Le charmant charmeur chilien part en skate-éclaireur car c'est entre quai de la rapée et quai de la gare ; Phénix et moi sommes en métro et on n'a pas vraiment envie de se galérer dans ces zones pas interdites du tout mais pas non plus tellement sympas...SMS de l'éclaireur : cé quai dla gare fo traversé le pont et cé en face dla piscine ! 5 euros. A ta leur ! Ami lecteur, tu ne connais peut-être pas Paris, alors laisse-moi te dire que si tu descends à quai de la gare et que tu traverses le pont, ben t'es con, c'est tellement plus simple de descendre à Bercy (après tu peux chipoter et dire que ça dépend d'où tu viens. Eh ben non, ça dépend pas). Phénix et moi ne nous laissons pas embrouiller par ce jeu de piste, on est trop des rusés.

À l'entrée on te file un coup de tampon où tu veux sur le corps. J'ai la vague intuition aujourd'hui que c'est de l'encre indélébile. L'avenir nous le dira. Remarque c'est toujours mieux que la fête de l'Huma, où d'abord tu fais la queue pour acheter ton ticket d'entrée, puis tu fais la queue pour échanger ton ticket contre un magnifique bracelet rouge en plastique (pourquoi ils te donnent pas direct le bracelet ? ça crée des emplois, c'est ça ?) et pour finir tu es obligé d'arracher ce putain de bracelet avec les dents parce qu'il se ferme mais ne se rouvre jamais...Bon là t'es tatoué à vie mais ça t'a pas coûté cher, on va pas se plaindre.

À l'intérieur t'es obligé de consommer beaucoup d'alcool parce que tous les bénéfices vont aux sans-papiers et t'as vraiment envie de leur faire plaisir. Le soun system est de fort bonne qualité. Sarko en prend plein la gueule, les expulsés de Cachan sont nos frères.

Le charmant va chanter bientôt mais si tu crois que ça le stresse, n'importe quoi. Moi j'en aurais fiat une maladie trois jours avant, ou je serais pas venue à la limite, ou alors je me la jouerais attends faut que je me concentre là, j'vais me chauffer la voix, ou encore je m'enivrerais...Lui il est là, paisible, on discute, on danse un peu. J'oublie de te dire : c'est pas du tout une chanson qu'il a répétée qu'il va interpréter, penses-tu, ce serait pas drôle...il va faire une impro hein, ça sera plus simple. Et puis il y va. Et puis il revient. Et voilà quoi, on va pas en faire un fromage. Phénix est en extase, il le serre dans ses bras et tout. Faut dire qu'il est comme ça Phénix, comme il a besoin d'amour, il en donne. Moi aussi j'ai trouvé ça bien. L'absence de trac, l'impro et la prestation en elle-même m'ont pas mal impressionnée.

Ensuite on prend un taxi tous les trois. Et pas beaucoup plus tard le réveil sonne. Pas le temps de passer chez moi. J'ai donc l'honneur de te révéler que mes fringuent puent, non pas le tabac, mais l'herbe. Du plus bel effet en service public...

(La loose bordélique n'ayant pas l'air de vouloir lâcher l'affaire, mon moral, qui a beau ne pas s'appeler Stéphane, reste en berne. Cependant ça va quand même, commennce pas à pas niquer, tu as quand même mieux à faire et moi aussi).

mardi 26 septembre 2006

Aquaplanning, sous les pavés la plage

Totalement à l'Ouest la fille. Si tu veux je t'apprends à planer, je commence à avoir de l'entraînement, la preuve : je me mélange les pinceaux avec mon planning.

Ouais, parce que je bosse dans un endroit où on a des plannings de service public d'une amplitude horaire assez large (9h-20h) et du lundi au dimanche (pas exactement mais je simplifie pour que tu te barres pas en courant). Y a donc des gens qui sont chargés de les pondre ces plannings, et crois-moi, ils se prennent bien la tête à remplir leurs grilles avec nos noms, d'autant qu'il faut qu'ils prennent en compte le fait que X part pour son cours de poterie le jeudi à 17h, que W a la garde alternée de ses enfants les semaines impaires sauf exception, auquel cas (bravo) ça bascule sur les semaines paires, que Z est à temps partiel, qu'Ada est dur le divan de son analyste deux soirs par semaine, je t'en passe et des meilleures (on est quelques dizaines, tu vois le genre).

L'erreur étant humaine et les casse-têtes pas que chinois, ils font forcément quelques petites bévues par ci par là. Par exemple ils te collent Y en service public à 9h alors que c'est justement le jour de la kermesse et qu'il s'est engagé à tenir le stand de pêche à la ligne...et là c'est le drame et crois-moi que les enfants vont pas comprendre s'il leur parle de la mission de service public qui fait de notre beau pays un cas tout à fait à part, sauf à quelques endroits et encore pas partout, même en France (oui c'est excatement ce que je voulais dire).

Dans ces cas-là, on n'est pas chien, solidarité oblige, on s'arrange entre nous, on fait des échanges tu vois, c'est un peu la teuf. Genre tu reçois un mail qui dit SOS ! Qui voudrait échanger ma plage (oui on dit plage, on a bien le droit de rêver) de service public ? J'examinerai toute proposition honnête. Avis aux amateurs, y en aura pas pour tout le monde (là t'es censé rire et te dire : il est drôle, il a de l'humour, allez je vais lui rendre service). Ou alors y a des petits malins qui usent d'une autre méthode : Pour cause de réunion-formation-mission à l'xetérieur-réception du ministre de la Culture du Burkina Faso (choisis ton menu), je ne pourrai pas assurer ma plage de service public (et là tu dois te dire : merde, le pauvre, il faut absolument le dépanner). Moi, tu t'en doutes, les gens me proposent rarement leur palge du matin. Par contre, va savoir pourquoi, les plages du soir j'en ramasse à la pelle. Enfin bref, chacun ses goûts.

Hier soir, alors que je sirote une pinte de blonde à la terrasse du nouveau bar, en compagnie de Phénix, de mon pote et de sa toute nouvelle belle, je réalise soudainement que damned ! demain je sors à 20h mais j'ai rendez-vous sur le divan à 19. J'ai oublié d'échanger ma plage...Il est trop tard pour déranger les collègues et l'analyste. C'est embêtant mais pas trop non plus, la nuit porte conseil, comme on dit quand on sait pas quoi dire.

Ce matin je me lève pas trop tôt, je téléphone à l'analyste qui accepte de me recevoir en fin de matinée. La séance est lourde, vraiment ça rigole pas. À la fin il me donne un mouchoir en papier, alors quand je te dis que ça rigole pas, c'est un euphémisme, ou je sais plus bien comment ça s'appelle comme figure de rhétorique, tu sais, c'est la même que Chimène quand elle dit Va je ne te hais point, une litote, voilà ça me revient, comme quoi la mémoire hein quel système incroyable. Oui bon.

J'arrive au taff la bouche en coeur sur les coups de midi et demi. Dans le bureau je me fais accueillir par une collègue et son sourire complice qui signifie : oh toi, t'auras pas tenu bien longtemps le challenge de la ponctualité. Et alors là, toute fière je lance : c'est pas du tout ce que tu crois, je fais la fermeture, donc je suis à l'heure ! Ah mais non, répond-elle, c'est moi qui fais la fermeture ! Après on s'arrache les cheveux, on se griffe, on se mord à mort, c'est moi, même pas vrai, menteuse, j'étais preum's...non allez on est des gentils nous, juste on se réfère au planning, une sorte de Bible format excel, et on constate qu'elle a raison.

Je ne te cache pas que ça me fiche un coup, non pas que je m'inquiète de mes horaires, non, plutôt de ma santé mentale...Finalement ma collègue ne tenant pas particulièrement à assurer cette plage, étant donné qu'elle a chez elle plein de choses intéressantes à faire, genre la bouffe pour six (ah ben oui, elle a pas fait les choses à moitié, elle voulait payer le train moins cher, mais pour voyager faut qu'elle réserve un wagon, alors l'un dans l'autre faut voir), des lessives, les devoirs des enfants, tout ça (alors que moi, en tant que célibataire, c'est bien connu, j'ai que ça à faire de taffer) elle me l'offre généreusement sa plage et tout le monde est content.

Sinon je te parle pas de mon ♥ métaphorique (à moins qu'il ne s'agisse d'une métonymie, ou d'une synecdoque, débrouille-toi après tout, je vais pas toujours te mâcher le travail) parce que c'estr comme qui dirait la loose bordélique...et un peu de suspens, ça peut pas te faire de mal.

lundi 25 septembre 2006

♫ Messieurs dames, aujourd'hui il a fait nuit toute la journée ♫

Je suis pas convaincue de m'amuser beaucoup en te racontant tout ça. Et toi, t'auras peut-être une impression de déjà vu. Mais tu veux savoir ? t'es sûr ? À tes risques et périls (quel aventurier tu fais, toi alors...). En même temps il s'est passé des trucs (hé, si c'est pas de l'accroche ça).

Vendredi soir on s'est un peu trop dispersé. Je veux dire, on a commencé par se désaltérer sur la terrasse du nouveau bar, y avait la bande de Latinos (rien à voir avec le charmant charmeur chilien), y avait mon amie, y avait le charmant, y avait moi, enfin bon tous les ingrédients étaient réunis pour qu'on n'ait pas besoin d'aller plus loin...Mais on a déconné, on est parti pour ce vernissage vers Arts et Métiers.

Je sais pas pour toi, mais moi quand les toiles me plaisent pas, je me rabats sur les boissons. Ben là pas moyen, c'était genre un vernissage où tu regardes et puis c'est tout. Je peux donc te dire que les dessins étaient pas terribles et qu'en plus les textes étaient truffés de fautes d'orthographe. J'ai pas demandé si c'était un effet de style j'écris d'un seul jet je me relis pas, dans une sorte de work in progress tu vois, et après je te balance ça à la gueule et me dis pas que t'es pas choqué...Parce que dans le doute (si ça se trouve, il était nul en dictée cet illustre illustrateur, va savoir) je me suis abstenue, comme il est recommandé par les dictons et proverbes des pages centrales de ton dico.

Comme on voulait pas rester sur une mauvaise impression, surtout que bon, tu vas encore dire que j'y connais rien en art, mais quand j'entends c'est combien celui-ci ?, je me tourne, l'objet en question c'est une feuille A4 avec du marqueur dessus, et la galeriste répond que ça vaut un mois de mon salaire (et je peux te faire croire que je gagne hyper bien ma vie si je veux, alors ta gueule), si tu permets ça me fait un drôle d'effet...on a donc rejoint des amis vers Châtelet.

Et pas n'importe quels amis : des amis qu'on a en commun ex-monamour et moi. Évidemment lui il était absent, j'en suis pas encore au point de lui présenter le charmant ou, pour être exact, il n'a pas encore atteint ce palier de l'indifférence. Là t'es censé t'exclamer : waw, quelle évolution Ada ! Parce que sache quand même que ça m'a fait bizarre, tout en me faisant plaisir. Ensuite le charmant et moi on s'esquive, on a un train à prendre dans notre quartier, le genre de train qui débarque sans crier gare, tu te dois donc d'être disponible quand il arrive.

Les chemins de fer, tu sais ce que c'est...on se retrouve chez lui et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, on est dans son lit et c'est le festival de la baise. Après on prend une douche en speed, il est déjà très tard et on s'est fait alpaguer par le bar en bas où se déroule un anniversaire et on a promis qu'on passerait. Alors on tient parole. Y a du monde, mon pote le barman est débordé, qu'est-ce qu'on est sociable, je dirais même plus, on est love love love ! La grande dame nous attend dans une fête au bout du monde mais ça fait bien longtemps que le métro est couché...On se la joue fainéant, on va danser deux-trois rues plus haut, là où le mojito est dégueu et les chiottes bouchés mais on s'en fout, on est amour je te dis.

Samedi il faut dormir. Le soir le charmant part vaillamment au taff. Je retrouve mon pote là où ils font du bon couscous et il m'annonce la bonne nouvelle : il a emballé sa belle, un peu à la Christo mais plus avec du plastique fantastique façon capote anglaise. Et là mon vieux, ça l'a grave détendu. Peu après elle arrive. Qu'est-ce qu'ils sont mimis dis donc.

De mon côté je leur annonce que je m'apprête, cette nuit même, à aller au bout de moi-même en la personne d'une toute nouvelle brosse à dents (que j'exhibe dans son cartonnage étincelant) que je vais poser dans la salle de bain du charmant. Je dois à la vérité de dire que j'en ai ras-le-bol de me servir de sa vieille brosse que t'en voudrais même pas pour cirer tes pompes...Mais bon je vais pas non plus faire ma modeste hein, regardons les faits objectivement : je pose un objet à moi chez lui, hum, je tousse, excuse c'est l'émotion. Je passe la nuit dans son lit, en attendant qu'il me réveille avec des croissants chauds post-taff. Tu peux applaudir.

Dimanche...Tu sais que je ne te cache rien, tu commence à bien me connaître, alors t'as quand même une vague idée de ce qui s'est passé. Fais pas l'innocent. Tu te doutes bien qu'après tant d'efforts (minimise pas hein : les amis + la brosse à dents, c'est énorme, reconnais-le), faut que je relâche un peu. Du coup quand ex-monamour passe chez moi en début de soirée, ben il y reste jusqu'au matin. Tu as parfaitement compris.

jeudi 21 septembre 2006

"Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit"

Hier soir c'était indescriptible, ça relaxe je t'assure.

D'abord je vais au cinéma parce qu'en ce moment y a Dupontel à l'affiche et je suis un peu comme qui dirait fan. Du coup je me précipite, je peux pas attendre un jour de plus. Déjà je me fais violence pour pas sécher le taff à des fins plus honorables, je trépigne d'impatience, le souffle court, la gorge palpitante, l'oeil humide, la tête haute, le pied marin, la main baladeuse, le bras armé, la cuisse légère, la langue bien pendue...à l'idée de voir mon idole..

Et tu me crois, toi ? Fanatique, moi ? N'importe quoi. La preuve, regarde (voilà un impératif de toute beauté. Je profite de cette parathèse pour présenter mes sincères excuses au sujet d'une faute récurrente dont j'ai bien du mal à me défaire, j'ai nommé le t'inquiètes, dont le s n'a rien à faire là mais je sais pas, j'y arrive pas, ça doit être le t' qui me perturbe. Cela dit, tant qu'il y a des gens qui disent Ceci dit, je complexe pas trop, juste un peu) : j'ai trouvé le film moyen, si c'est pas de l'objectivité ça ?

Ensuite je rejoins le charmant charmeur chilien à la terrasse du nouveau bar. Il a dormi 6 heures sur les dernières 48 : deux siestes en deux jours, moi je dis : que demande le peuple ? Et je me dispense de répondre, je voudrais pas te lasser. Il (pas le peuple. Enfin pas TOUT le peuple) a commencé à bosser la nuit, mais pour l'instant il ne renonce pas à sa vie sociale, c'est-à-dire qu'il part au taff à 19h, il en revient vers 9h, il s'occupe de ses petites affaires, il m'envoie des SMS, il enregistre des balises pour une radio, il voit ses potes, il prend soin de moi. Parfois il mange, mais pas trop non plus, la digestion ça endort.

Forcément cette conjoncture à tendance structurelle occasionne quelques dégâts collatéraux au niveau de son état de conscience, faut pas se leurrer. Exemple : je rêve, tu m'as repassé une chemise ? Oui tu rêves, je l'ai juste mise sur un cintre...Là on lit une légère déception dans le regard mais bon, tu t'imagines quand même pas que je vais repasser à sa place hein. Ben lui non plus mais il est tellement fatigué qu'il y croit, le pauvre.

Puis on tente de visionner un DVD où il apparaît sur son skate. Mon matos ayant rendu l'âme, le sien n'étant pas encore opérationnel, on se rabat sur les voisins. Le premier, dûment bipé, est pas loin d'aller se pieuter. Le second, on se le fait à la barbare, on débarque direct chez lui : Diego est devant un match de foot qui, fort heureusement, finit un quart d'heure après.

En attendant on s'installe, on mange un dessert (celui pour lequel tout le monde se lève tu sais) mais c'est définitivement trop sucré, même en utilisant une fourchette histoire de feinter le cerveau (auquel il en faut plus, très franchement. Le cerveau c'est pas le dernier des cons, crois-moi). Diego coupe les commentaires, confectionne un truc à fumer, met de la zique et ça dérive en impro entre le charmant ete lui, dans une espèce de hip hop ragga. Je t'assure ils assurent.

Au bout de longtemps on repense au DVD mais ça marche pas. Est-ce qu'on est trop à l'ouest ou est-ce qu'il y a un problème technique, va savoir...Alors on rentre se coucher. Je laisse le dernier mot au charmant parce que là, tu vas voir ça déchire et je me dois de partager avec toi des moments aussi riches intellectuellement, aussi forts en émotion, des moments rares en quelque sorte, où le sublime le dispute au subtil dans ce qu'il a de plus essentiel : la musique classique, c'est trop puissant quand même.

mardi 19 septembre 2006

♫ Mes amis, mes amours, mes emmerdes ♫

Pff...j'te jure, y a des gens fatigants, je t'en donne trois en pâture.

Le premier.

Mon téléphone vibre. Un numéro non répertorié s'affiche...Même pas peur.

Oui ?

Bonjour Ada, ça va ?

Oui, c'est qui ?

C'est Canada Dry.

Oh Canada Dry ? Mais tu n'es pas aux États-Unis ?

Ça y est, je suis rentré.

Tu sais, j'ai rencontré ton ami, le mystérieux inconnu...

Ah bon ? Et vous êtes ensemble alors ? (j'aime ces déductions hâtives et sans fondement)

Non tu plaisantes...Il m'a un peu harcelée au téléphone. Franchement t'aurais pu éviter de lui donner mon numéro.

Mais je lui ai jamais donné ton numéro ! Pourquoi j'aurais fait ça ?

Je sais pas moi...c'est ce qu'il m'a dit. Il m'a dit aussi que tu t'installais en Californie.

N'importe quoi ! J'y étais pour les vacances. J'ai repris les cours là.

Bon, c'est vos affaires après tout, tu le connais mieux que moi, c'est ton ami.

C'est pas du tout un ami, c'est le frère d'un cousin (cousin au sens élargi africain, s'entend).

Bon bon. Ça n'explique pas comment il a eu mon numéro.

Il a dû le piquer dans mon portable (ben voyons, fous-toi de ma gueule). On peut boire un verre dans la semaine ? tu m'appelles ?

Ouais, on verra, pourquoi pas ?

Et ce soir tu fais quoi ?

Pas grand chose de prévu pour l'instant.

Tu m'appelles quand tu sors du taff ? je serai chez moi, y a un petit bar en bas, on peut s'y retrouver ?

Ouais peut-être.

Mais un apéro entre amis à la Butte aux cailles s'organise. Y a des priorités dans la vie...Et si Canada Dry est en quête de partenaire sexuel, faut pas qu'il compte sur moi.

Mon pote est dans un sale état. Il est amoureux et c'est compliqué (rien de très original quoi). On essaye de lui faire comprendre qu'il faut qu'il se lance. La fille arrête pas de lui jeter des regards de braise, elle lui envoie des SMS, elle rit même à ses blagues à deux balles (un signe qui ne trompe pas). Lui il a la trouille, il veut pas gâcher, il veut même pas en parler. Mais nous, tu sais comme on est, des bons amis merde...Faut dire aussi qu'il se remet très lentement (comptez 18 à 24 mois) d'un gros chagrin...

Il me ramène en scooter dans mon quartier, j'achète à manger, on se pose en terrasse du nouveau bar. Il a beaucoup trop bu et quand on lève le camp je lui dis : oh toi je sens que je vais te loger, je peux pas te laisser rouler dans ces conditions. Mais tu vas pas dormir chez le charmant ? (je traduis hein, l'élocution était bien plus difficile). Eh oh, pas tous les jours non plus. Là je rentre chez moi et toi tu fais pareil.

On se couche, il tente un câlin, je rectifie, il me parle de câlin d'amitié, oui mais non, je reste gentille, je mets ça sur le compte des ses abus, allez tu dors.

La deuxième.

Ce matin, réveil tôt (8h). Oui parce que dernièrement au taff, je me suis fait un peu griller : lors d'une réunion de service à laquelle je n'assistais pas (comme quoi les absents, on leur trouve toujours des torts), quelqu'une a annoncé publiquement, je veux dire tu peux pas faire beaucoup plus public qu'une réunion de service, niveau confidentialité c'est nickel : de toutes façons Ada elle arrive tellemnt tard qu'on sait jamais si elle va venir...Les copines m'ont prévenue que ça risquait d'être bientôt ma fête, alors bon, je fais des efforts jusqu'à ce qu'ils oublient, disons pendant deux-trois jours, ça devrait suffire.

En plus qu'est-ce que ça peut bien faire, mon heure d'arrivée, ça m'empêche de taffer peut-être ? Ce que j'aime beaucoup, c'est que personne (personne hiérarchiquement habilité je veux dire) personne ne m'en touche ne serait-ce qu'un mot. Non, on préfère les chemins détournés, surtout pas de contact direct. N'essayons pas de discuter.

Le troisième.

Donc ce matin j'assure. Je prépare du thé, j'en propose à mon pote. Réponse : je sais pas trop. Ben décide-toi, je te l'amèen au lit là, c'est sympa non ? Bon d'accord. Il ne dit surtout pas merci, pas la peine. Que fait-il à la place ? Il râle. Ouais parce que lui il est au chômage en ce moment, alors c'est quoi cette idée farfelue de faire sonner un réveil ? En plus j'écoute les infos et ça le soule. Je lui dis que désolée mais je travaille moi môssieur, toutes mes excuses vraiment...alors mon grand t'es gentil, tu vas cuver ♫ [t]on alcool et [t]a haine ♫ en silence ok ? Sur un ton calme mais me cherche pas non plus hein, je sais que toutes les circonstances atténuantes du monde sont réunies, mais bon si tu permets j'ai une vie aussi. Et puis c'est pas comme si ça m'était facile et naturel de me réveiller à cette heure, je lutte là et je peux aussi être de mauvais poil si je veux d'abord.

Sur le chemin coup de fil du charmant charmeur chilien qui, lui, rentre d'une longue nuit de taff. Subitement mon monde s'emplit de douce chaleur...

lundi 18 septembre 2006

♫ C'est la chaleur humaine ♫

Le charmant charmeur chilien a doublé les doses d'adoucissant et quand il débarque vendredi vers une heure du mat (donc samedi en fait mais tu t'en fous), sur la terrasse du nouveau bar, tout costumé-chemisé-cravaté (il a un succès fou dans cette tenue, déjà que bon il a pas trop besoin), il prend de mes nouvelles, s'inquiète de ma journée de travail, propose de rentrer dès que j'esquisse un baîllement. Ah ah, t'aurais pas quelque chose à te faire pardonner, toi ?

Quand on se réveille le lendemain (le même jour pour être précis mais on a dit que tu t'en fous non ?), il annonce qu'il doit faire une lessive, déjeuner avec un ami, passer dans une boutique. Moi je veux bien mais sachant qu'il est midi et qu'il part taffer à quatorze heures, je suis un peu dubitative. Au final il se fait prêter une chemise par son voisin, il zappe la boutique et on va chez l'ami. Le raisin était fameux, plus que les fraises mais bien moins que l'avocat (ici tu peux engranger trop de mots pour la colonne fruits de ton prochain baccalauréat).

Puis je pars rejoindre mes amis à la fête de l'Huma. Alors la fête de l'Huma, comment te dire ? C'est vrai, souvent les concerts sont bons : en l'occurrence Cali se fait porter par la foule en délire, tout le monde forme des coeurs avec ses mains, love partout ; les Têtes raides saturent un peu leurs guitares mais dès qu'ils ressortent les cuivres ça va mieux ; quant à Gnawa Diffusion, ben j'en sais rien, y avait un problème technique et on n'a pas eu la patience. Les débats sont intéressants même quand ils sentent la merguez. Le peuple de gauche répond présent à l'appel, tu vas voir mai 2007 comment on va les niquer. Tout ça c'est bel et bien.

Cependant permets-moi de développer un autre aspect de l'affaire. Par exemple les besoins naturels. Je ne te parle pas de manger (tu trouves de la bouffe du monde entier, les sandwiches éthiopiens avaient l'air pas mal mais je te conseille plutôt le stand Palestine), ni de boire (la bière est quasiment donnée et le whisky-coca se fait supplanter par le cognac-tonic, boisson anti-impérialiste). Je fais allusion à l'envie pressante qui te prend en traître, au moment où tu t'y attends le moins, plus connue sous le nom d'envie de pisser.

Vu de l'extérieur, et en novice, si tu crois que tu peux improviser, tu rêves (générale), même si t'es un mec, diificile de trouver un coin tranquille pour marquer ton territoire. Tu te sens obligé d'aller en terrain balisé. Je peux pas te décrire les lieux, j'y suis pas allée. En revanche je peux témoigner que, tandis que nous bénissons nos vessies résistantes, une amie passe une heure (tu as bien lu) à faire la queue pour soulager la sienne (pas de queue hein). Du coup t'as plutôt intérêt à prévoir que dans une heure tu vas avoir envie de pisser, sinon tu prends des risques.

Faut dire aussi qu'elle est un peu trop disciplinée. Parce que nous après, au stand de l'Indre et Loire (ou apparenté) (je veux dire ça aurait pu être l'Alsace, tu n'y aurais vu que du feu), on demande gentiment à la dame si on peut aller derrière le camion et elle dit : mais bien sûr mes pauvres petites, et même elle nous donne des serviettes en papier avant de faire le guet, alors tu vois, c'est pas la peine de s'exciter.

Une chose qui peut faire perdre du temps aussi, c'est d'essayer de fendre la foule à plusieurs, sans se perdre. Au début on n'assure pas, on en perd une (heureusement pas la pisseuse, y a quand même une justice) et forcément on perd celle dont le portable est mort, on est là pour rigoler ou quoi ? Étant présumée poids plume, l'honneur me revient de grimper sur les épaules de mon pote pour surplomber le troupeau et, de mon oeil de lynx, repérer la brebis égarée, pendant qu'on crie : Aline ! pour qu'elle revienne. T'y crois ou pas, ça marche.

Après on comprend qu'il faut rester en contact physique, pas seulement visuel, on forme une petit farandole trop sympthique, on est tous des frères, sauf que je me retrouve avec des mains inconnues sur les épaules et plus bas et encore plus bas, bon t'es gentil mais tu vas pas me peloter toute la soirée non plus, allez dégage.

Plus tard on s'est retrouvé au nouveau bar et j'ai acheté des frites. Puis j'ai fait un truc de ouf : je suis allée attendre le charmant dans son lit (avec son autorisation bien sûr), toujours dans cette optique que peut-être un jour ce sera mon lit. Je préfère calmer tes ardeurs : depuis le récent grabuge, si au départ j'étais ni pour ni contre, aujourd'hui la cote de la cohabitation est en baisse...(à ta place je vendrais. Ou pas, jamais trop compris la spéculation. Fais pour le mieux).

Dimanche, je te l'ai déjà dit, ♫ Dieu créa la flemme ♫ et je suis pas du genre à déroger. Le charmant et moi on n'a quitté le lit que pour sustenter nos corps fatigués (mais impatients) dans des restos du coin. À vous les studios (si t'as un deux-pièces, t'inquiète, ça marche quand même).

vendredi 15 septembre 2006

♫ J'entends les bonzes de Dong Palaan qui récitent des sutras couverts par les décibels des mobylettes Honda ♫

Camarade, sache que je suis encore toute tourneboulée par les récents évenements (je ne parle évidemment pas du jeune homme responsable d'une tuerie à Montréal, ni de la menace d'Al-Qaida concernant la France, ni même du skater massacré avant d'être jeté d'un pont à Toulouse...rien de tout ça, désolée, si tu es intéressé, achète la presse et reste pas dans mes pattes, parce qu'ici ça va parler de moi, comme d'hab).

On en était resté que bon, une espèce de tramontane mistraleuse avait soufflé sur Ada et le charmant. S'ensuivit un SMS que vous avez eu la gentillesse d'interpréter, puis un coup de fil sous le signe de la tristesse. Si tu crois que le vent s'est couché, détrompe-toi (et va voir le dernier Ken Loach tant qu'à faire). T'es prêt ?

Hier soir je me pose en terrasse du nouveau bar avec mon pote (bon je vais pas te le resituer à chaque fois celui-là, tu vois qui), Phénix et la grande dame. Le charmant charmeur chilien vient à passer, avec un troupeau de skaters. Il traverse pour nous saluer, il est hyper tendu. Je sais qu'il y a une soirée-vernissage à Oberkampf, on est censé y aller ensemble, on se dit à plus tard.

Plus tard donc j'appelle le charmant comme convenu. Essaye d'être attentif parce que ça va se jouer en l'espace de rien du tout.

Lui (voix du mec que tu déranges) : oui Ada

Moi : alors ? t'en es où ?

Lui (voix sèche sèche) (voix qui donne soif si tu préfères) (mais voix qui coupe l'appétit) : t'as vu comment tu me parles ? tu m'impressionnes avec ton "alors"

Moi : ...?...ouh là, qu'est-ce qui se passe ?

Lui : bon je suis chez moi là, avec des potes

Moi : Écoute on n'est pas obligé de se voir ce soir mais ça t'empêche pas de me le dire gentiment.

Lui : oui voilà c'est mieux, allez bonne soirée (il me raccroche au nez !)

Je retourne m'attabler avec la compagnie qui s'inquiète de ma mine défaite. Je ne leur cache pas que ça va mal mais si ça les ennuie pas, on n'en parlera pas là tout de suite. La discussion repart sur autre chose, je sais pas quoi, je suis ailleurs. Me reviennent en écho les mises en garde de mon pote barman...je me dis c'est bizarre la vie (ah ben oui, j'ai toujours des réflexions profondes et originales dans les moments graves). Finalement je les quitte, j'ai envie d'être seule.

Le temps passe. Après réflexion je rappelle le charmant, j'ai besoin d'explications : ça sonne deux fois et hop, il me zappe, t'y crois à ça ? Moi je suis bien obligée d'y croire puisque ça m'arrive. Bon t'auras deviné que je ne laisse pas de message, je lis un minimum entre les interlignes (oui c'est mieux qu'entre les lignes quand tu y penses). À ce stade je ne te surprendrai pas si je te dis que je suis paumée. Je retourne dans ma tête le pourquoi du comment, je pressens que ça s'origine quelque part dans la soirée de la veille, mais je ne vois pas ce qu'il peut bien me reprocher. Et même c'est plutôt moi qui ai des choses à lui reprocher non ? Alors merde...Après le choc de l'incompréhension, la tristesse puis la colère.

J'hésite à te raconter la suite. Mais si je commence à te mentir maintenant, ne serait-ce que par omission, on va pas s'en sortir. Alors voilà ce que je fais : je vais me faire consoler par ex-monamour qui s'en trouve fort aise. J'ai honte mais j'assume. Et si tu n'y vois pas d'inconvénients, te fatigue surtout pas à me haïr, je me débrouille très bien toute seule.

0h18 : Ce ki cé passé é passé. Ce ki se passe ne passe pas (oui bon ça va aller les phrases énigmatiques, tu t'es pris pour le père Fouras ou quoi ?). Réponse : mais il se passe quoi ??? Échange téléphonique de vive voix à l'issue duquel on tombeb d'accord sur le fait qu'il faut qu'on parle. Il insiste pour qu'on se voie maintenant. Non mais oh, je suis à poil, au pieu, en plus il pleut des cordes...Cela dit moi aussi j'ai envie de régler ça vite fait.

Arrivée chez lui je lui dis que je comprends rien, ok ? Alors soit y a un truc qui m'échappe, soit y a un truc qui m'échappe, au choix...Je vais pas t'ennuyer avec les détails de la discussion. Pour aller vite il ressort de là qu'il a été très vilain-méchant-pas beau mais qu'il voulait que je reste la veille, malgré ses amis, qu'il m'a trouvé très agressive avec mon "alors", même s'il veut bien reconnaître que ce "alors" ne l'était objectivement pas, qu'il ne comprend pas lui non plus pourquoi ça a pris de telles proportions, etc...et que maintenant si on allait se coucher ? Ouais ouais ouais...

Tu sais quoi ? on dirait que non seulement je culpabilise d'avoir revu ex-monamour mais en plus je suis raide dingue du charmant, parce qu'au final je suis restée chez lui et il l'avait pourtant pas mérité. J'ajoute que tout cela est très perturbant et dès que j'ai cinq minutes pour y réfléchir, je sens que ça va pas me plaire. Les passions autodestructrices, je sais pas pour toi mais moi c'est bon, merci.

Je trouve sous la couette un petit pingouin qui s'illumine quand tu le caresses gentiment. Je savais pas si tu voudrais me revoir, si ça servirait de cadeau d'adieu ou de réconciliation, mais je l'ai quand même pris pour toi. Bonne nuit les petits.

Ce matin, comme quoi tu vois je suis une fille vachement sympa (légèrement maso et conne aussi) je lui envoie un SMS du taff : Le pingouin et moi on pense fort à toi. Réponse : Moa ossi jpensé justement a vou ! Jsui heureu dte retrouvé. Té lanimal le plus mignon du monde ! Le pingouin le sé bien. Jtenvoi pleins dbizous ! Quelques minutes après : Jvien drechargé mon prt pr envoyé dé bizous o pingouin ki soa pa jalou ! jvou aime bocou. Mé toa jtaime plus encore !

♫ Au pays des Laan Xaang et du Parasol Blanc, le Bouddha Sakyamouni est très compatissant ♫

jeudi 14 septembre 2006

♫ Moitié en sarong, moitié en treillis ♫

Hier j'étais avec des amis à Bastille, qui est parfois notre bastion de bastringue. Le charmant charmeur chilien nous rejoint tout speed, il monopolise et coupe la parole, s'intéresse de très loin aux phrases qu'on peut caser par ci par là (sinon nous ça va, merci). Tandis qu'on se dévoue pour aller chercher les consommations au bar, j'en profite pour lui glisser : dis donc, tu serais pas venu en chemins de fer toi des fois ? Si, pourquoi, ça se voit ? Non penses-tu...

Ensuite on prend le métro, on va dîner avec des potes du charmant. Ça parle skate, mon sujet de prédilection, tu t'en doutes, surtout que je suis trop calée en la matière. Pendant que le charmant s'absente, on parle d'écriture, comme j'essaye de tenter de pondre un polar. Le charmant revient : vous parlez de Machin (espèce de star du skate) ? Non non on parle d'Ada. Ah parce que Machin il écrit, j'ai jamais lu ce qu'il fait mais il en est à son deuxième roman là...Et hop il me zappe complètement. Ok. Autant te dire que ça me soule. Plus tard il m'offre deux roses (premier rattrapage).

On migre chez le charmant, les potes sont en scooter, le charmant en skate, moi à pied. Sur la route, le charmeur trace (sans laisser d'adresse) (sauf que je l'ai). Je m'arrête au tabac et je décide que ça va bien, je veux bien être sympa cinq minutes mais faudrait voir à pas abuser, je fais demi-tour vers chez moi. Il me rattrape : tu fais quoi là ? Je rentre, je t'avais perdu. Bon, c'est toi qui le dis...(attention attention il se la joue psy : je te renvoie à tes propres paroles, à toi de faire le travail...Laissez-moi rire). Je n'ai pas encore atteint ma porte que mon téléphone vibre, je décroche, j'entends de la musique : ♫ I'm just a soul whose intentions are good, oh Lord please don't let me be misunderstood ♫...puis : alors tu fais quoi ? tu viens ? (deuxième rattrapage, in extremis). Bon ouais j'arrive.

Je passe devant le bar en bas de chez lui, mon pote est derrière le comptoir. J'entre pour le saluer (chaleureuse embrassade de sa part, étrange) et là miracle, il m'offre un verre. Je disais pas plus tard qu'hier que ça n'arrivait jamais et maintenant je passe pour une mauvaise langue, ah ben bravo. Du coup je lui laisse une des roses. On discute. Il me dit que le charmant c'est un bourreau des coeurs, que c'est pas une bonne idée, que certes il est fort sympathique et tout, mais bon, je cite : "C'est un véritable salaud avec les nanas". Ouais ok, c'est gentil de lui casser du sucre sur le dos, ça fait toujours plaisir, merci pour lui. Je reçois un SMS impatient : Bon tu fé koa ? Eh oh y a moyen de boire un verre tranquille ? Voyant que je n'entre pas dans son jeu (et pourtant, étant donné la soirée merdique, c'est pas l'envie qui me manque), mon pote se calme. Il me fait comprendre à demi-mots que ça va pas fort avec sa copine, c'est bien simple, en ce moment il bosse et il baise (avec qui, l'histoire ne le dit pas). Mais ça l'empêche pas de donner des leçons, t'as vu ?

Je monte chez le charmant. Ça fume. D'autres potes arrivent. Les chemins de fer se mettent en place mais pas de déviation jusqu'à moi. La goutte d'eau. Si ça se trouve j'aurais refusé mais on me laisse même pas le choix. Je me lève. Le charmant s'en étonne, me prend à part. Je lui explique que ces potes sont à l'unisson de cette soirée, ils font pas tourner, c'est très convivial tout ça. Il est désolé, il propose de leur en demander (mais je m'en fous des chemins de fer, c'est pas ça l'histoire) ou même de les prier de partir. Alors là moi je ne prends pas ce genre de responsabilité, je vais me coucher, bonne nuit. J'oublie la dernière rose.

Plus tard dans mon lit je reçois : Bon ce ki arrive arrive. Ce ki se passe passe. Ce ki se ressent reste...J'ai pas répondu parce que j'ai rien compris. Si t'as une idée...(je te donne un indice au cas où : tout à l'heure au téléphone, comme je lui trouve une petite voix, il répond que depuis hier il est triste).

mercredi 13 septembre 2006

"Et je m'en vais au vent mauvais"

Bon là il se passe des choses, faut que je te raconte.

Depuis quelques temps j'ai changé de bar. Celui où j'allais avant, plus connu sous le nom de "bar en bas de chez moi" alors qu'en fait le terme exactt c'est "bar en bas de chez le charmant charmeur chilien" (ça fait exercice d'élocution ici en prime, ne me remercie pas, je l'ai eu pour pas cher) (pas le charmant, charrie pas) (mais qui sait ? peut-être un jour "bar en bas de chez moi s'avèrera juste également, vu que tu sais quoi), j'y vais plus.

Tu vois, c'est pas compliqué la vie, tu comprends rien mais c'est pas grave. Maintenant si tu me demandes pourquoi, je te répondrai parce que. Si tu précises ta question, je te donnerai mes raisons, au nombre de plusieurs, entre autres : un des serveurs, appelons-le Gégé, c'est moche, ça lui va bien - range la terrasse beaucoup trop tôt, limite tu te demandes si tu déranges pas. Un soir, profitant de l'absence momentanée du charmant parti en quête de frites, il avait fait le vide autour de moi, à tel point que j'avais dû âprement lutter pour conserver la chaise du charmant, tout en envoyant au susnommé un SMS qui disait en substance : au secours !

Figure-toi qu'au temps de mon célibat, le Gégé en question était tout mielleux avec moi, tu vois le genre ? Si tu es une fille seule, morte de faim, va voir Gégé, il s'occupera de toi. Celles qui l'ont essayé (perso j'en connais qu'une) ne s'en vantent pas (par contre lui oui, t'inquiète, tout l'arrondissemnt sera au jus si tu te tapes le Gégé), elles ont plutôt tendance à avoir honte, voire même à se déresponsabiliser derrière des "oui mais si tu savais comme j'étais bourrée (non merci, chacun sa technique, je ne veux pas de détails), je me souviens de rien (menteuse)". Bon moi je n'ai pas tenté l'expérience. Disons juste qu'il m'a draguée par ci par là et que devant tant de mauvaise volonté, il a lâché l'affaire. Mais entre la tentative de te retenir après la fermeture et les signaux ostentatoires pour te faire dégager vite fait bien fait, il y a un juste milieu qu'il maîtrise mal.

Ensuite le Gégé, il a des méthodes un peu brutale. Vlà-ty pas qu'un jour il placarde une affiche Wanted avec le nom d'un gars, plus son adresse, plus son téléphone, sous prétexte que ce gars a une ardoise trop épaisse. Tu me diras, ouais mais bon, faut payer aussi. Pas faux. Cependant où est-ce que t'as vu que c'était le Far West ici ?

Pour finir, dans ce bar, jamais ils t'offrent une tournée, jamais. Tu peux y aller six jours sur sept, tu peux leur amener des tonnes de monde, tu peux leur faire de la pub (genre vas-y, tu vas trouver l'amour, t'as qu'à voir moi)...même pas un petit digeo pour la route, que dalle. Si tu es un peu attentif, tu n'es pas sans savoir qui j'ai un pote qui y travaille dans ce bar...et donc c'est un peu un déchirement. Mais merde, le client est roi et notre amitié y résistera.

Du coup je vais dans un bar un peu plus loin et je suis pas la seule. Force est de constater qu'une migration, que tu peux qualifier de grégaire si ça te fait plaisir, a eu lieu (mais t'en fais pas, le bar de Gégé tourne toujours, pas de risque de faillite). Là-bas, y aussi une terrasse, y a des cacahuètes (bon point), enfin en ce moment c'est plutôt mélange soi-disant japonais (et moi je suis malienne), mais ça se mange, ça va.

En fait, pour te faire un historique digne de ce nom, ce nouveau bar, c'est celui où on a maté pas mal de matches de foot, debout sur les chaises tu vois ? Pas celui où y a un conteur camerounais. Pas le bar-tabac non plus. L'autre. Et là, rien à voir. Tu bois deux bières, on t'offre la troisième. Hier, pour te donner un exemple, je sors de chez l'analyste, j'achète le journal et je me pose devant un sirop de citron. Une heure après je me meus pour rejoindre le charmant, je veux régler, le patron veut pas. Alors bon hein, si c'est pas des bons commerçants ça ?

Bon ça c'était pour contextualiser. Maintenant je te présente deux nouvelles connaissances avec qui on cause livres et cinéma. D'abord y a la grande dame, moultes fois croisée, abordée depuis peu. On se connaît pas bien mais il se passe vraiment quelque chose. Ouais oh ça va, le coup de la figure maternelle, c'est pas la peine, elle a rien de maternel, avec moi en tout cas. À la base elle voulait visiter mon lieu de travail, mais comme sa mère est en train de mourir, bon ben on va attendre un peu.

Ensuite y a Phénix (pote du charmant) en pleine rupture amoureuse. Alors lui il me fait bien marrer. Sa phrase fétiche : je l'aime encore mais cette fois c'est bien fini. Il hésite : est-ce que je remplis son appart de roses ou est-ce que je le détruis ? Une chose est sûre, c'est que, contrairement à ses dires, entre le romantisme et le rock'n'roll prévisible, il n'en a pas encore fini avec cette histoire. Un autre jour il t'affirme que ça y est, point final, la preuve : il arrête de fumer, il va see raser le crâne, changer de prénom et aller à la piscine demain dès l'aube. Au final tu fais la fermeture du bar avec lui, il te taxe des clopes (c'est bien, t'auras tenu deux heures, c'est toujours ça de pris) et tu doutes fortement de ses capacités à faire des longueurs sans couler.

Bon tout ça pour dire que entre l'agonie de la vieille mère, les déchirements de l'amour et les hésitations d'une fille qui a peur de ce qu'elle veut, ou qui veut ce dont elle a peur, ou qui sait pas ce qu'elle veut, ou qui sait qu'elle a peur, ou qui a peur de savoir ce qu'elle veut (oui je parle de moi, comment t'as deviné ?), ben y a moyen de s'amuser.

lundi 11 septembre 2006

♫ Comme dit si bien Verlaine ♫ comme dit si bien Gainsbourg

Aujourd'hui on est lundi. Le lundi, je te raconte mon week-end. Alors on va pas se priver des derniers repères qui nous restent hein, faut pas déconner. Cependant t'attends pas à des miracles, je te fais pas un dessin mais bon, tu vois ce que je veux dire.

Je commence par vendredi soir (comme souvent le week-end). Le charmant charmeur chilien a trouvé du taff. Ça se fête, à base de foie gras, car sur le coup on a manqué d'imagination, on s'est pas cassé la tête, on s'est dit Tiens ! si on dépensait la tune qu'il a pas encore gagné ? Oh ben oui, bonne idée, allons dans ce resto si cher et si bon. Il me parle de four (pas celui du théâtre, entendons-nous bien), comme quoi ce serait bien qu'il en ait un, mais il pressent que ça va pas tarder. Quand tu sais que j'ai un four...Non mais tu vois comment ils sont les gens ? ils te laissent soi-disant réfléchir alors qu'en fait...

Cela dit, ne va pas croire qu'il ne m'a parlé que de ça. Toi on te dit un truc et tout de suite tu te fais tout un film...Après on s'est couché car il devait se lever pas longtemps après (ouais c'est un genre de taff où tu commences des fois à 7h du mat et des fois tu finis à minuit, et des fois tu travailles la nuit, et des fois t'es en week-end, mais pas souvent et pas en même temps que tout le monde, ce serait trop commun).

Samedi je me réveille chez lui et je décide de tenter une expérience. Un truc de ouf. Au lieu de me fringuer, de faire le tour de l'appart à la recherche des mille petits trucs que je peux éparpiller en l'espace de peu de temps et de tracer...je me dis, écoute Ada, imagine qu'ici c'est chez toi...Allez ma fille, sois forte, essaye. Alors je prépare du thé, je cale un vinyl sur la platine, je me vautre sur le futon du salon. Même, tu vas halluciner, je me sers un verre de jus d'orange. Je fais le lit, la vaisselle. Après je lutte avec les rideaux (si ma réponse finale est négative, elle s'originera là : écoute, j'ai bien réfléchi, je n'arrive pas à ouvrir tes rideaux, il vaut mieux en rester là...), je lutte donc, pour accéder à la fenêtre et cloper. Je prends une douche, je feuillette l'Officiel, j'allume mon portable pour voir l'heure, je l'éteins parce que c'est comme ça, faut pas me déranger en ce moment. Je trace au cinéma.

La science des rêves. Me demande pas ce que j'en ai pensé, je me suis endormie quand il lui dit de faire une forêt dans sa barque (au début) et je me suis réveillée quand ils sont sur le cheval (à la fin). Ouais. Cela dit, dormir pendant la science des rêves hein...

En sortant je me pose dans un parc au soleil avec un bouquin. Un jeune homme avec poussette me demande la permission de s'asseoir à côté de moi sur le banc. Les gens nous matent comme si on était ensemble et là, j'ai des velléités de tenter à nouveau une expérience de ouf, genre lui demander le prénom du petit, pour pouvoir répondre aux curieux qui s'arrêtent en disant : oh comme il est mignon ! comment il s'appelle ?, histoire de participer, de jouer à la maman et tout. Puis non au final, à chaque jour suffit sa peine. Alors je me lève et je rentre chez moi.

Samedi soir, chez la soeur du charmant. Y a des cousins de retour de Colombie ou du Nicaragua, des cadeaux par milliers, des bons petits plats, du champagne et...la maman du charmant. Seule ombre au tableau, mon portable étant malencontreusement allumé, un coup de fil d'ex-monamour pour prendre des nouvelles et qu'il conclue par un "À bientôt".

Dimanche, la même dis donc. Réveil chez le charmant, seule. Je fais tout pareil. Et je vais voir "Le vent se lève". Cette fois je ne dors pas. Par contre je pleure. Ah ben oui on peut pas tout avoir. Au sortir de là je marche longtemps, je vois sur mon portable que j'ai raté, entre autres, une proposition de taï chi chuan avec une grande dame que j'ai rencontrée depuis peu (c'est ça de pas être joignable, les gens arrivent pas à te joindre). Je rejoins le charmant, il est épuisé. Mais on sort quand même un peu. On rencontre la grande dame par hasard, on boit un coup avec elle, on va mater des vinyls, on rentre, on se fait un gros spliff et on comate toute la soirée en écoutant de la musique.

J'ai l'air de m'en tenir au récit comme ça mais ça carbure dans ma petite tête, faut pas croire. T'inquiète pas pour moi, bientôt j'arrête mon numéro et je rallume mon portable.

vendredi 8 septembre 2006

♫ Keats and Yeats are on your side, while Wilde is on mine ♫

Je rejoins ex-monamour (tu remarques rien ?) sur une terrasse, pas loin du lieu, délaissé depuis, d'un de nos premiers rendez-vous. Déjà ça fait bizarre. Quelqu'un m'a dit récemment que souvent les histoires finissent comme elles ont commencé. Sur le chemin ça me revient et tu vas rire, moi non.

Très vite on en arrive à l'essentiel, à savoir que moi je pense qu'étant donné les circonstances, vu que ça peut pas continuer, en toute logique, vaut mieux qu'on arrête (j'ai des raisonnements irréfutables parfois). Ok on arrête. Il me propose quand même d'aller dîner. Je refuse. On se quitte triste. Le lendemain il me téléphone pour aller boire un verre. Je refuse, parce que bon, souviens-toi, hier on s'est séparé pour de vrai. Oui mais on peut bien boire un verre, dit-il, ça empêche pas. Si, ça empêche. Sevrage.

Parallèlement le charmant charmeur chilien déploie des trésors de douceurs sucrées pour me convaincre de m'installer chez lui. Figure-toi qu'il ne propose pas ça à tout le monde, loin de là, que même ça va restreindre son indépendance, cette affaire (et la mienne d'indépendance, tout le monde s'en fout ?). En plus il est tout prêt à donner à mes livres la place qui leur est due...Adroit n'est-ce pas, il vise juste, tout de suite il me prend par les sentiments. Et puis ça serait une bonne transition vers un éventuel petit Totoro. Face à mes hésitations, un compromis : on fait le point dans un mois et d'ici là je réfléchis.

Pour ne rien te cacher, je ne suis pas au mieux de ma forme. Paraîtrait que c'est normal. Puis ça va s'arranger, regarde : Ta faim !? jsé knon mé lapéti vien en mangeant ! Jtattend ! Viens ! Jtemmène o vent ! Jtemmène o desu dé gens !

jeudi 7 septembre 2006

♫ I've come to wish you an unhappy birthday ♫

Tu veux que je te raconte une soirée mémorable ?

Première partie ou À côté l'odyssée d'Ulysse c'est de la rigolade.

Mardi soir, le charmant charmeur chilien et moi étions invités à un anniversaire sur une péniche. J'étais pas enchantée à cette idée pour diverses raisons (je te le dis, ma séance d'analyse m'a mise au pied du mur, et je suis pas une poule, et y a pas de pain dur alors bon), notamment le fait que j'apprécie moyennement notre hôte. Sans compter la fatigue.

Cependant, après avoir pris les chemins de fer, motivation et énergie reviennent, je souris chaleureusement aux gens dans la rue et dans le métro. Je renifle un peu aussi mais ça, que veux-tu, c'est un droit non ?

On arrive devant le Palais des Congrès, un peu avant minuit. Là une voiture est censée venir nous chercher. On attend. Longtemps. Quand je te dis longtemps, c'est longtemps. Vraiment ça dure quoi. Il fait chaud et soif vu que les chemins de fer, ça déshydrate. On commence même à se dire qu'on aurait dû finir à pied...quand les gars se pointent enfin. On s'entasse dans un petit véhicule, avec d'autres qui attendaient comme nous mais on le savait pas vu qu'on se connaissait pas, non mais si c'est pas marrant la vie...

Long périple, moi en contorsionniste sur les genoux du charmant. Et la péniche elle est pas exactement au bout du monde non, faut avancer encore un peu après, tant que tu vois pas les dames qui font le trottoir, et là si tu t'es pas perdu, ben te réjouis pas trop vite, t'es pas arrivé...

Deuxième partie ou L'art de recevoir.

Bref, à un moment les portières s'ouvrent, je me déplie, j'ai mal partout mais bon on va pas s'arrêter à ce genre de détail. Nous sommes accueillis par notre hôte dégoulinant de sueur, qui arrête de se déhancher sur la piste pour nous servir des coupes de champagne et disparaître aussitôt. On peut pas dire que ça déborde de monde, ambiance relativement calme.

Le gâteau arrive, chanson, soufflage des bougies, discours...La copine de...j'en ai marre de dire notre hôte, je le dis jamais en plus d'habitude, je sais pas ce qui me prend...la copine du mec que j'aime pas (ah voilà, on se sent mieux) salue le charmant en disant : oh tu es là ? je savais pas que tu étais invité. Accueillante et hospitalière quoi la fille.

Nous on connaît pas grand monde. Ça danse pas, ça reste en petits groupes hermétiquement clos. Le charmant, dans toute sa splendeur (sincèrement j'admire), va vers les gens, se présente. Apparemment ça les surprend. Ben oui quoi, on est dans une teuf, on n'est quand même pas là pour faire connaissance, manquerait plus que ça malheureux. Nous échangeons des regards dubitatifs.

Le charmant s'esquive sur la terrasse pour fumer tandis que je persiste encore un peu, avec un pote du mec que j'aime pas, qui me raconte sa vie (je sais à peu près tout sur son cousin, ce qui, tu en conviendras, est très très intéressant) et se fout totalement de la mienne. Par défaut le champagne est mon ami. On a amené ce qu'il reste de chemins de fer mais étant donné le ton de cette soirée, on n'y touche pas, faut pas gâcher.

Troisième partie ou Ça se discute (pas).

Sur la terrasse on se retrouve, le charmant et moi. Vague tentative d'approche d'une fille qui jouait dela guitare en guise de cadeau. Comme elle se contente de dire oui, non, voire rien, bon on laisse tomber, on veut pas déranger. Le charmant émet l'idée de se barrer au plus vite. Ça va peut-être t'étonner, j'approuve.

On se positionne stratégiquement, de façon à pouvoir taper l'incruste dans la première voiture qui lèvera le camp (ben ouais, pas moyen de partir à pied...à moins de marcher toute la nuit pour retrouver la civilisation). Un jeune couple vient s'asseoir avec nous. Mais mais, que se passe-t-il ? des gens sociables ? non ?

T'emballe pas, en fait ils avaient déjà croisé le charmant ailleurs. Ah bon, tu me rassures, je me disais aussi...Il parle avec la fille, je parle avec le mec. Le charmant descend nous chercher du champagne. Je me retrouve avec les deux petits jeunes et classiquement ils me demandent comment on s'est rencontré, le charmant et moi, et depuis combien de temps. Oh ben je sais pas trop, ça doit faire deux mois, un truc du style. La fille fait des yeux ronds : deux mois ? non c'est pas possible parce que nous on l'a vu il y a un mois et demi et...Elle ne finit pas sa phrase, histoire que je comprenne bien ce qu'elle veut dire. Alors, si tu veux savoir, je me suis pas mise à calculer, à faire des recoupements et tout. Je me suis seulement dit : mais c'est un nid de gens sans tact ici, c'est incroyable.

Le charmant revient. Une discussion s'engage sur le capitalisme et la fille soutient que c'est une bonne chose, que ça donne de l'espoir. Puis ça dérive sur Sarkozy, comme quoi il serait pas mal le gaillard. À ce stade je bois de la vodka (pénurie de sky, le sort s'acharne sur moi). Puis le mec annonce que franchement lui il voit bien Le Pen au second tour. La fille pense que les étrangers font rien qu'à profiter. Le mec aimerait Le Pen au pouvoir pour voir ce qui se passerait. Je lui dis qu'à l'échelle locale on peut déjà constater le désastre, va leur demander à Vitrolles ce qu'ils en pensent. Le charmant met en garde contre ce genre de discours fascisant. Mais le mec répond qu'avec le fascisme y a plus de problème, y a que des solutions, si tu me plais pas je te bute. Bien.

Je me lève (sans les bousculer tu noteras) et je vais fumer une clope plus loin. Le charment me rejoint assez vite. On hallucine. Je lui raconte le coup de "mais vous êtes ensemble depuis quand ?" Il réfléchit, dément. Je lui dis que là n'est pas le problème, que je tiens pas à savoir, juste je trouve ça gratuitement méchant ou très maladroit, mais vu comme ils sont cons, on peut pas vraiment faire la part des choses. Le charmant dément quand même, il dit que c'est important.

Quatrième partie ou Des fois tu ferais mieux de rester chez toi.

Une voiture se casse mais ne va pas dans la même direction que nous. La deuxième idem. La troisième sera la bonne. On rentre, on couche, on dort pas (avec les chemins de fer, tu voyages jusqu'au bout de la nuit).

Moralité : on a beau être sur une péniche, on est pas tous dans la même galère.

lundi 4 septembre 2006

♫ À colorier chez soi ou à consumer sur place ♫

Que d'émotions les enfants ! Pas la rentrée des classes non. Tu crois vraiment que je peux m'occuper d'autre chose que de moi-même ? Bon alors. On va procéder par ordre : grand un, (ex)-monamour ; grand deux, charmant charmeur chilien.

Grand un. Il veut qu'on achète un appartement ensemble, c'est pas tout à fait nouveau mais c'est la première fois qu'on en discute sérieusement. Moi, tu me connais, c'est hors de question. Je commence par embrouiller l'affaire en lui parlant de notre relation qui n'en est pas une à mon sens, vu que 1) on se voit une fois par semaine à tout casser (ben oui, il serait temps), 2) on ne fait plus l'amour, 3) ça ressemble à de l'amitié ça, non, ou j'ai rêvé ? Il répond que ah bon ? on n'est pas vraiment ensemble ? ben pourtant...Oui mais non. Alors bon dans ces conditions il me paraît prématuré de réaliser un tel projet. Tout de suite les grands mots, se récrie-t-il, il n'est pas question d'amour, il est question de capitaliser pour l'avenir. Ok je vois. En fait il me proposerait un simple deal entre associés, une espèce de comme qui dirait bonne occase...Non mais tu crois que je lis pas dans son jeu ? je commence à le connaître l'animal, il la joue homme d'affaires mais attends, tu vas pas me faire croire qu'il n'y a que ça. Eh non forcément y a pas que ça. Puisque c'est avec moi qu'il veut le faire hein. Alors bon il a fallu en passer par des choses qui font mal. Pour recadrer un peu, bien obligée de sortir l'artillerie lourde. Genre, comme tu le sais déjà tout en faisant semblant de l'ignorer, y a un charmant charmeur chilien qui occupe une certaine place dans ma vie.

Grand deux (non mais t'as vu cette fluidité dans la transition ? De rien). qu'est-ce qu'on se marre hein j'te jure. On croise un pote dans la rue qui nous demande : et vous, ça va ? Le charmant répond en désignant mon ventre : ça va, elle en est à deux mois là. Plus tard dans son lit, alors qu'on a dîné, il a encore faim : je fais peut-être une grossesse nerveuse, suggère-t-il. Je te passe les phases est-ce que t'as les seins qui poussent, non c'est plus bas que ça pousse, tout ça tout ça (quand je te dis qu'on rigole, on est des fous nous) et je te précise au passage que je ne suis PAS enceinte...mais disons que c'est un thème récurrent que je m'empresse de laisser stagner sur le mode plaisanterie...Toujours dans ce lit, je lis, on commence une phrase quasiment en même temps.

Moi : tu sais où ça se trouve...?

Lui : dis-moi, puisque tu passes le plus clair de ton temps chez moi...

Moi : ...la rue Miromesnil ?

Lui : tu pourrais t'installer chez moi.

Moi : c'est vers les Champs non ?

Lui : ça nous ferait faire des économies.

Moi : c'est où la rue Miromesnil ?

Lui : mais tu dois avoir beaucoup d'affaires non ?

Moi : c'est où la...non pas trop

Lui : ah ben c'est cool alors

Moi : ...

Lui : ah tu réfléchis là hein ?

Je ressens autant de tristesse (grand un) que de joie (grand deux). Et encore, la tristesse à mon avis c'est rien à côté de ce qui m'attend. Parce que pour l'instant je suis censée donner une réponse mercredi à (ex)-monamour, même si y a plus grand chose à dire. J'ai bien l'impression que la balance, à part qu'elle fait rien qu'à cafter, penche...Je sais pas ce que t'en penses mais ça prend une certaine tournure là non ?

La question, grave, c'est (normalement je devrais pas avoir besoin de préciser, on commence à bien se connaître toi et moi) : c'est où la rue Miromesnil ?