mercredi 18 octobre 2006

♫ Amour tu me tueras ♫

Dimanche tu mates un DVD avec le charmant charmeur chilien. Tu pièges un peu tes cigarettes, à peine, juste pour l'odeur. T'allumes aussi un bâtonnet d'encens, tu te cales sur le canapé, tu te fais câliner. Ton téléphone vibre, tu réponds pas, c'est pas le moment.

Lundi tu sors du taff en courant pour tenter une arrivée presque pas à la bourre à ton cours de chorale. En vrai c'est un cours de langue vivante mais tu préserves son anonymat d'autant que pour l'instant, t'en es à la prononciation, entouré d'une bonne trentaine de personnes qui reprennent en choeur, donc...

Deux heures après tu retrouves le charmant et Phénix dans le nouveau bar. T'apprends que la mère de la grande dame est morte. C'est sûr, tu pouvais pas appuyer sur pause, c'est pas comme si tu savais pas hein, alors pourquoi ça t'a pas traversé l'esprit que ça pouvait être ça ? Tu t'en veux pas du tout de pas avoir décroché. Tu penses que t'es vraiment trop nul.

T'appelles la grande dame et elle te rejoint chez le Turc, là où tu manges des frites. Il est minuit, t'as juste envie d'aller dormir, ainsi que le charmant. Elle, elle a peur de se retrouver seule. Alors tu restes. Tard. Elle te montre des photos, elle te raconte son enfance, t'essayes de rester concentré parce que quand même ça te rappelle des trucs et t'es pas là pour ça. La peine des autres, quand elle te remémore la tienne, ça t'éloigne d'eux ou ça t'en rapproche ? C'est bizarre quand t'y penses.

Avant d'éteindre tu rigoles avec le charmant. Il a changé de taff, vu que l'autre c'était un peu comme de l'esclavagisme mais en moins bien et que bon, si on peut même plus se faire fouetter, où va le monde. La boîte en question vend toute sorte de produits de beauté, de compléments alimentaires, à base de nature 100 % naturelle, très intéressants, très indispensables et très chers. Ils font même du kasher et du hallal. Alors tu trouves le slogan qui tue : prends-en, c'est bon pour ton Ramadan.

Mardi forcément t'as pas assez dormi. T'arrives tôt au taff pour une formation. Tu choisis larve comme forme, ça te paraît un bon début. Quatre heures après t'as pas trop le temps de déjeuner pour cause de réunion.

Puis tu te poses devant ton écran. Exprès pour te contredire, ça dysfonctionne. Sournoisement qui plus est. Genre tu vas quasiment au bout de tes rêves, des rêves qui prennent du temps tant qu'à faire, tu manipules et tu cliques dans tous les sens, jusqu'à ce qu'on te demande de confirmer que t'es sûr sans hésitation ni remords ni regrets, dites je le jure, mais attendez est-ce vraiment votre dernier mot ? Tu dis OUI et là t'es éjecté, sans préavis ni lettre d'excuse, l'application se ferme et t'es comme un con.

Con peut-être mais têtu. Tu recommences. À force t'appelles le service informatique. Ils mettent longtemps à comprendre alors que franchement t'expliques très bien. Ils te demandent de refaire la manip, pour qu'ils voient bien, à distance, de quoi ils retournent. Tu cherches la caméra. Y en a pas. Ok ok, tu prends conscience qu'ils ont une visibilité totale sur ton écran, tu te sens pas du tout observé, heureusement t'étais pas en train de mater une chose ou l'autre...non parce que eux, tu supposes qu'ils s'en foutent mais disons qu'on a sa dignité quoi. Au final ils te dissnt qu'ils vont transmettre le problème au niveau 2. Te voilà rassuré.

Le soir tu te couche aux côtés du charmant ♫ [tu] veux mourir dans [s]on lit, non pas de pleurésie, mais mourir assouvi de [s]es cajôleries...amour le doux trépas dans [s]es bras ♫

Le lendemain je pense queue.

lundi 16 octobre 2006

"La connerie c'est la décontraction de l'intelligence"

J'irai pas par quatre chemins, en gros deux-trois ça devrait suffire.

Vendredi, alors que le week-end approche à grands pas d'Aragorn, je reçois un mail assez étonnant (quoique sympathique) car primo je n'ai pas croisé l'envoyeur depuis fort longtemps, secundo nous ne sommes collègues que très très éloignés (ceci expliquant cela, finalement) :

Objet : te sachant fan de...

...Dupontel, as-tu vu "Président" ? Sachant que le film n'est pas de lui et que les critiques sont moyennes, je me demandais si cela valait le coup ? Si tu ne l'as pas vu et que tu souhaites le voir, nous pourrions le voir ensemble ? Il ne passe plus qu'aux Halles et sur les Champs. Voilà, c'est juste une proposition qui me vient en imprimant les horaires. Dans tous les cas, très bon week-end Ada.

Et c'est signé : le killer de hamster.

Moi ça me viendrait pas à l'idée ce genre de chose. Je dois pas assez m'intéresser à mon prochain. Bon. Je lui ai conseillé d'aller voir plutôt Indigènes.

Samedi soir, anniversaire d'une amie (le récit de cette soirée occulte tout ce qui n'est pas montré) (première nouvelle). L'appart est grand mais les pièces petites. Deux groupes se forment.

Quand je me lève pour remplir mon assiette, du côté du charmant charmeur chilien, ça cause acides et conséquences, ceux qui sont restés perchés, les suicidés, les internés, les rescapés. Tandis que nous, on parle du niveau qui baisse (oui, y a des profs dans l'assistance, comment t'as deviné ?), vachement moins rock'n'roll, c'est sûr.

Ensuite une petite nana vient me demander comment j'ai connu notre hôtesse. Ben en fait c'est son mec que j'ai connu en premier (bibliquement puis amicalement), j'explique sans trop rentrer dans les détails et je lui renvoie la question. Et sa réponse...pfff...pourquoi ils font tous rien qu'à m'énerver ? Oh tu sais, on vient un peu tous du même endroit, dit-elle en balayant le salon du regard, je suppose que tu as fait une hypokhâgne ? Euh oui mais...Voilà, moi aussi. Ah ok ok, on joue au bal des anciens de Louis le Grand, j'comprends tout, in petto-je, puis à haute voix : mais tu ne sais peut-être pas, y a des gens ici qui n'ont pas leur bac et il se pourrait même qu'ils fassent des fautes d'orthographe...Elle prend ça pour une plaisanterie, la pauvre.

(T'as vu comment je t'ai glissé que j'avais fait une prépa ? t'as même l'impression que je suis modeste).

Quelqu'un nous fait un exposé sur la répression de l'usage de stupéfiants dans l'armée en Indochine. Pas inintéressant mais là c'est plutôt cours magistral et tu poses les questions après ; ouais c'est bon, il est où le pinard ?

Heureusement des fois ça rigole. Si si je t'assure. Par exemple, une fois où ça a pas mal rigolé, c'est au moment du gâteau : le seul enfant présent, âgé de deux ans, par l'odeur et les couleurs alléché, envoie ses mains directement dans le plat. NON NON NON, s'exclame quelqu'un qui n'est ni son père ni sa mère, TU DOIS ATTENDRE D'ETRE SERVI. L'enfant se cache dans le dos de sa mère avec des regards de haine et de frustration. Éclat de rire général, attends, trop drôle. C'est pas pour faire ma rabat-joie, mais bon, tu vois quoi.

Ça rebondit ausitôt sur l'éducation à l'africaine, comme quoi ça se fait collectivement, tandis qu'en Occident non et tout ça tout ça, jusqu'à ce que quelqu'un dise qu'avant, l'Éducation nationale c'état le ministère de l'Instruction publique (combien de fois déjà ? combien de fois encore ? pitié, j'en peux plus de l'entendre celle-ci), et de là, forcément, on en revient au niveau, qui baisse, tu savais pas ? mais d'où tu sors enfin ? t'as pensé à faire ta vidange ? Bon ben je crois qu'on a fait le tour là. Champagne peut-être, des fois qu'on se détende un peu la réflexion ?

Le clou du spectacle arrive assez tard, lors d'un débat animé par BHL, avec Finkielkraut, Luc Ferry, Glucksmann et...allez, Michel Onfray...Un débat sur les médias donc, des médias qui, comment dire...médiatisent, oui voilà. Encore que le concept de médiatisation ne soit pas entièrement satisfaisant (du latin satis, assez et facio, je fais. Alors, gérondif ou adjectif verbal ? Non mais te casse pas, je dis ça au pif), en l'occurrence, si tu vois ce que je ne veux pas dire...(prends un air inspiré et intelligent). Et y en a un qui lit pas la presse, qui écoute pas la radio, qui regarde pas la télé, qui se tient informé uniquement par le biais de ses collègues (mais ils sont profs, ses collègues, c'est pas n'importe qui). Alors le charmant lui dit que oui, d'accord, mais pour le coup, en voulant avoir le regard le plus objectif possible sur les événements, il passe par tellement d'intermédiaires éloignés de la source...que bon, c'est un peu paradoxal. As-tu compris ce qu'il vient de dire ? rassure-moi, dis-moi oui. Parce que l'anti-médias, lui, il capte pas, il dit : qu'entends-tu exactement par là ? Une fille vient au secours du charmant en disant : en fait il se place dans une dialectique déterministe. Et l'anti-médias : ah d'accord, je vois. Texto. Je te mens pas. Là j'ai eu du mal à dissimuler ma consternation. Le charmant renvoie à la fille : oh là, comme tu exprimes bien ce que je voulais dire, et c'est c'est limite si elle lui répond pas : de rien, je t'en prie.

Il reste pas une binouze quelque part ?

jeudi 12 octobre 2006

♫ Puisque ma vie n'est rien alors je la veux toute ♫

Que tu le veuilles ou non, on va faire un petit arrêt sur image. Respire, j'ai pas dit arrêt du blog, relis, tu vas voir...Tu crois que je peux faire fi de mes responsabilités ? tu crois que je serais capable de tet lâcher alors que je te suis encore tellement nécessaire ? Voyons, tu sais bien que tu peux compter sur moi, tu le sais, je vais pas toujours le répéter. Ton angoisse d'abandon tout le temps, franchement fais quelque chose. Et puis cesse de paniquer pour rien, ça devient pénible.

Bon t'es prêt ? Prends un quart de feuille, inscris ton nom en haut à gauche, interrogation surprise à choix multiple. Ah ben oui, fallait bien que ça arrive un jour. Et non on peut pas reporter à demain, la surprise c'est maintenant, tu prends ton air étonné merci.

Question : c'est qui mon pote ?

Petit a, c'est le gars qui me porte sur ses épaules à la fête de l'Huma.

Petit b, c'est le gars qui râle le matin.

Petit c, c'est le gars avec qui je bois un verre le jour de la rencontre décisive avec le charmant charmeur chilien.

Allez allez, exécution. C'est pas compliqué, reconnais-le. C'que je ferai pas pour faciliter ton passage...Bon ça y est, t'as trouvé ?

Hier soir on se retrouve sur une terrasse, à côté de mon taff. Je crois avoir déciddé un jour de ne plus metter ls pieds dans ce bar à cause des tarifs. Mais bon, on n'a pas beaucoup de temps, on chipote pas. Quand le serveur pose la note, dans une superbe pince à linge au nom de l'établissement, juste à côté des amuse-gueules (le comble du chic, très cher, des bonbons piqués sur des cure-dents, tout à fait adapté à un apéro à la bière), je décide pour la deuième fois de en plus jamais revenir. Mon pote reçoit un SMS de sa belle. Yeux qui brillent, léger rosissement des joues, étirement de la bouche vers le haut, visage illuminé de l'intérieur. Arrêt sur mon pote : cet homme est heureux.

Tandis qu'il enfourche son destrier vers de nouvelles aventures, je monte dans le métro pour rejoindre le charmant en terrasse u nouveau bar. Au moins la bière est abordable (elle se la joue pas top model trop belle pour toi) et les assiettes de charcuterie gratuites et plus adéquates. Forcément on croise du monde.

Question : c'est qui Phénix ?

Petit a, c'est le gars qui renaît de ses cendres.

Petit b, c'est le gars déchiré par l'amour.

Petit c, c'est le gars qui veut se raser le crâne.

On n'a pas toute la nuit non plus. Le jour de l'examen, ce sera en temps limité, faudra gérer mon ami. N'oublie pas qu'on est là pour tester tes savoirs. Moi je m'en fous, je la connais la leçon.

Phénix a beaucoup maigri, il n'a pas bonne mine mais comme d'habitude, il annonce que ça va mieux. Ça te rappelle rien ? Tous les jours, à tout point de vue, je vais de mieux en mieux. Mmm ? Coué-ce que t'en dis ? Alors je répète pour ceux du fond : quand quelqu'un te serine qu'il va mieux, c'est qu'il est pas serein. Il se frotte les mains tel Ponce-Pilate (j'attire ton attention, il ne faut pas le confondre avec Pierre Ponce, qui frotte aussi, mais c'est un faux-ami, méfie-toi), il se triture la barbichette. Le regard vague, il dit qu'il va faire le tour du monde, à la roots, en cargo et sac à dos. Arrêt sur Phénix : cet homme a du mal à se poser.

Autour de 23 heures on décide qu'on va peut-être rompre le jeûne. Ouh là non qu'est-ce que tu vas encore imaginer, je te rappelle qu'on prend l'apéro là, alors les piliers de l'Islam, je veux bien, mais nous on fait plutôt piliers de bar. Comme c'est le mois de Ramadan, on va manger un couscous, quand même on n'est pas totalement hors sujet (prends exemple). La nuit est douce, on migre vers une autre terrasse. Une quatrième personne s'est greffée à notre joyeuse troupe (on fait des arrêts sur image, je peux bien mettre des clichés).

Question : c'est qui la grande dame ?

Petit a, c'est une nana qui pourrait être ma mère mais ça n'a rien à voir.

Petit b, c'est une nana qui est en train de perdre sa mère.

Petit c, c'est une nana experte en tai chi chuan.

C'est bon, t'as compris le principe ? Tu vois que c'était pas la peine de flipper, je suis pas là pour te mettre des bâtons dans les roues, aie confiance un peu.

Ça fait longtemps qu'on l'a pas vue, faut dire qu'elle est pas très disponible actuellement. À l'hosto y a quelques temps, ils disaient que c'était une question de semaines. Maintenant ils parlent de jours. Ils se sont pris pour Apollinaire ou quoi ? Elle raconte le contraste de sa mère sous assistance respiratoire et nous, bien vivants, bons vivants. Devant un jus d'abricot, enveloppée dans son écharpe en cachemire, ses yeux se voilent d'un peu de tristesse et d'un peu de joie. Arrêt sur la grande dame : cette femme est émue.

On mange de bon appétit. On part de Garcimore, on passe par les levers de soleil dans la montagne et on en arrive au cinéma.

Question : c'est qui le charmant charmeutr chilien ?

Petit a, c'est un gars charmant.

Petit b, c'est un gars charmeur.

Petit c, c'est un gars chilien.

T'es bientôt au bout de tes peines, encore un petit effort, je fais vite, promis.

Le charmant est resté très proche de moi de la soirée. Il veut qu'on voie ensemble In the mood for love (qu'est-ce que ça cache ?). Il baise le creux de ma main. Arrêt sur le charmant : cet homme est aimant.

La récré dans une minute, on finit. Prends tous ces arrêts sur image, tu vas comprendre.

Question : c'est qui Ada ?

Petit a, c'est une fille heureuse.

Petit b, c'est une fille qui a du mal à se poser.

Petit c, c'est une fille émue.

Petit d, c'est une fille aimante.

Y a pas de piège.

lundi 9 octobre 2006

"Quoi ! Nulle trahison ?...Ce deuil est sans raison"

On dirait bien que la loose bordélique s'est décidée à donner le meilleur d'elle-même, à la manière d'une grande championne, que tu crois qu'elle a fait son maximum alors qu'en fait elle peut, encore et toujours, te surprendre en allant plus haut et plus fort, et si ça se trouve c'est pas fini, mais bon tiens, on lui décerne lal médaille d'or, qu'elle nous laisse tranquille deux minutes ok ? regarde, y a les bisounours à la télé, ça nous changera (il se pourrait que j'aie encore un peu de fièvre, mais je crache plus mes poumon puisque j'en ai plus).

Je t'entends d'ici, t'es en train de t'exclamer : aaaaaaaaaaaah (comme quand la lumière s'éteint. Ou s'allume, ça dépend du point de vue), enfin elle va nous parler de sa loose, ça suffit les mystères. Sache cependant que je ne suis pas en état de te construire un truc carré, ni même rectangulaire, ce genre de truc qui fait ma réputation, allez arrête, je sais ce qui se dit dès que j'ai le dos tourné : Ada elle fait des posts trop bien construits, en trois ou quatre points et autant de sous-parties, c'est limpide, on dirait du Barbara Cartland. Merci, tu es vraiment gentil et ça me touche. Je vais essayer hein mais je t'ai prévenu (c'est les séquelles, t'inquiète, ça va passer).

Ça commence l'air de rien vendredi soir, à l'intérieur du nouveau bar. Pas en terrasse, pour raison de santé de ma part et pour cause d'intempéries de la part de la météo. J'ai la crève et il pleut quoi. Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville ; quelle est cette langueur, t'as bien appris ça à l'école. Le charmant me montre un début d'article pour un magazine de skate.

Deux de ses potes sont là, dont un qui parle de Béa. Béa. Tu connais pas Béa ? Attends, Béa, 37°2...une très bonne amie. Elle fait une teuf bientôt. Et Vincent et Monica ils sont bien installés à Ménilmontant, Monica fait parfois le marché là-bas. Quant à Vanessa ça va. Par contre Joey, fut un temps, il traînait avec de la sale racaille défoncée au crack. Je fais bien de ne pas acheter la presse people, c'est pas la peine, il m'a suffisamment soulée. (Là normalement tu sens que va pas trop falloir me chercher ce soir)

Les potes du charmant se barrent et on va rejoindre les miens dans un autre bar. J'explique à mon pote où j'en suis question appart. Ça tombe bien, ça me permet de faire un petit récapitulatif pour toi. Tu te souviens du deal ? je suis censée réfléchir au sujet suivant : vais-je ou en vais-je pas m'installer chez le charmant ? Au début j'en parle autour de moi, je fais part de mes réticences. Une amie, dont la situation est l'exact inverse de la mienne (c'est son mec qui hésite), me propose une colocation : comme ça on payera pas trop cher pour un appart où on n'est pas souvent et on a une solution de repli au cas-z-où...Cependant, changement de programme de son côté, son mec finit par accepter la vie commune. Du coup ma velléité de donner un préavis de départ à mon proprio est resté lettre morte. Conclusion : je ne bouge pas. Voilà ousque j'en suis (je précise que pendant que je dis tout ça, le charmant n'est pas à portée d'oreille).

Dîner. Bla bla. Le charmant fait un peu son jaloux par rapport à mon pote, mais discrètement, y a que moi qui comprend et tu penses comme ça me plaît. On rentre se coucher. Après une engueulade tout en finesse : alors comme ça tu me vois comme un égoïste qui pense qu'à sa gueule ? pas exactement mais en partie oui...mais si c'est ce que tu penses, qu'est-ce qu'on fait ensemble ? et autres mots doux, voici comment ça se termine tandis que je rassemble mes affaires : n'oublie pas tes bouquins. Et ta brosse à dents. Et tiens, reprends tes 20 euros, j'ai pas envie de te devoir de l'argent. Je pose sa clé sur la table et je trace ma route sans un regard en arrière, ni remords ni regrets, telle est ma devise. Je suis pas du tout en panique, tu plaisantes.

Alors qu'est-ce que t'en dis ? Si c'est pas de la bonne et belle embrouille ça. Arrivée chez moi, téléphone : bon, on est un peu plus calme, si tu veux revenir pour discuter...J'y retourne, avec ses bouquins à lui quand même, ça rigole plus. Sauf qu'on est vachement content de cette session de rattrapage, mais faut pas que ça se voie, on a sa dignité (eh ça va hein, je suis sûre que tu fais moins ton malin quadn ça t'arrive). On est soulagé de ce qu'on évite.

Ouais bon, c'est clair comme le jour de l'eau de roche cristalline qu'on n'a pas du tout envie de se séparer, simplement il manque quelques paroles à notre romance. Alors on met des mots sur plein de choses, un peu comme dieu au départ, ça on l'appelle le ciel et ça la terre, et ça c'est mon soutif et ça ton caleçon, oh mais dis donc...enfin tu m'as compris. Évidemment on se réconcilie, tout ça tout ça. Il me redonne sa clé, il remet ma brosse à dents à coté de la sienne.

Le poète pose souvent les bonnes questions au bon moment. C'est bien la pire peine de ne savoir pourquoi sans amour et sans haine mon coeur a tant de peine. Alors bon je veux savoir pourquoi. Et pas des raisons à deux balles, l'égoïsme, la disponibilité, et patati et patata, tout ça c'est de la surface. Trois hypothèses (mais en fait c'est un peu la même).

1) Je doute de ses sentiments et je le mets à l'épreuve. Car

2) J'ai peur que mon refus de vivre avec lui aboutisse à la fin de notrer relation. Donc

3) Je cherche à provoquer une fin que je sens inéluctable.

D'où 1)...etc

Tu remplaces tous les 'je" par des "il" et m'est avis que ce schéma s'applique, tel l'abat-jour d'un élève studieux, au charmant. Il ressort de tout ça qu'on a la trouille parce qu'on s'aime, génial, oh ben alors de quoi tu te plains ?

Samedi tu sais, c'est la nuit blanche à Paris. Pour nous ça fera jamais que la deuxième consécutive. Alors je t'explique : c'est la nuit et elle est blanche (et voilà, trois week-ends de suite). Dimanche Verlaine peut se reposer, t'as vu ce temps splendide ?

mardi 3 octobre 2006

Ceci est mon corps (de métier)

Tu n'es pas sans savoir que, selon le calendrier du travailleur moyen, les vacances c'est bien fini. Alors nous au taff, avant le pot de la confraternité, on se fait une grand-messe de rentrée, histoire de recadrer les fidèles, de faire des bilans et des projets, tout ça...que des trucs excitants, t'imagines pas.

Ma technique c'est d'être à la bourre (oui eh oh c'est pas la peine de dire comme d'hab, je fais des efforts je te signale), ça commence jamais à l'heure. J'arrive avec un calepin et un stylo. Et mon bouquin, on sait jamais. La séance est à peine déclarée ouverte que quelqu'une se lève et quitte la salle. Une salle, soit dit en passant, où tu pourrais faire une sacrée teuf. Je me dis qu'elle a peut-être pas tort. Dans le doute je feuillette la prose d'Henry Miller. Le grand prêtre (alias monsieur le directeur) se met à encenser (sans encensoir, déconne pas, on est moderne) son adjointe qui arbore une nouvelle coupe de cheveux pour l'occasion. Mon voisin de gauche me prie de simuler une transe-possession pour faire diversion, vers 11h30, heure à laquelle il souhaite aller communier ailleurs.

Au bout de pas trop longtemps, l'intégralité de la rangée derrière moi semble plongée dans une profonde méditation collective, les yeux clos, la respiration lente. Du coup je m'intéresse un peu au maître de cérémonie (mec au micro pour les intimes). Si ça se trouve, il est en train de tous nous hypnotiser, le traître (vous paupières sont lourdes, vous n'écoutez que ma voix, vous m'appartenez. Machin (oui, c'est un homme à hommes), vous passerez sous mon bureau dès que possible ; les autres vous vous consacrerez corps et âme au service public). Mais non, il dit juste qu'il va énumérer les difficultés (eh ben on n'est pas rendu). Il est vachement tôt pour la marmotte que je suis, si en plus ça roupille derrière, ça va être dur de se motiver, j'te jure...

Mais je m'accroche en fixant mon regard sur le cul très apparent d'une collègue adepte des pantalons taille basse : je constate qu'elle ne porte pas de string, peut-être n'a-t-elle rien sous son jean...

Ma voisine de devant soupire fort et regarde ostensiblement sa montre, environ toutes les dix secondes (estimation basse). Je me demande bien pourquoi elle est venue ; étant donné la forte densité de population, son absence serait passée inaperçue, déjà qu'on la voit pas forcément très bien quand elle est seule. Tout de même, elle brille par sa connerie, faut être juste. C'est marrant, j'ai pas d'exemple à te donner, mais c'est ce genre de fille (ou de mec hein) que t'as sûrement déjà rencontré, y a pas de raisons : quand elle ouvre la bouche, tu peux pas t'empêcher de penser mais qu'est-ce qu'elle est conne, c'est pas possible ! À tel point que des fois t'es obligé de lui dire.

En l'occurrence elle a de la concurrence en la personne d'un gars...celui-là faut que je t'en parle vite fait. Au début tout le monde me dit : quoi ? tu lui parles à lui ? tu sais qu'il dit bonjour à personne et qu'il est psychopathe ? Moi tu me connais, je me laisse pas influencer, le gars me salue, il est souriant, à la cantine on discute musique électronique. Il compose, je lui demande s'il a des trucs à me faire écouter, il me propose d'abord des trucs d'artistes reconnus (par timidité je suppose). Il vient souvent me chercher pour des pauses-clopes...Trop souvent, je finis par me dire. Il m'apporte un CD intitulé Eros Sphère...Y a peut-être un message caché hein, qu'est-ce que t'en penses ? Puis je constate qu'effectivement il est pas aimable du tout avec les autres. Un jour il m'invite chez lui pour choisir moi-même ce que je veux écouter, c'est plus pratique...Ben voyons. Bon là j'ai été obligée d'argumenter mon refus par une mise au point nette et non négociable. Depuis il ne me dit plus bonjour et il em regarde avec son rictus de psychopathe. Comme quoi, parfois, la majorité a raison.

Donc, niveau connerie il est en forme, en tout cas aujourd'hui - c'est un con circonstanciel, un peu comme tout le monde (sauf la nana à la montre qui est titulaire) : il pose une question...mais une question...juste histoire de poser une question quoi, je ne vois pas d'autre explication. Ça sidère pas grand monde vu que personne écoute, mais je suis curieuse de la réponse du mec au micro qui, selon toute apparence, a suivi assidument ses formations d'encadrement. La preuve, il commence sa phrase par j'ai dû mal m'exprimer (traduction : t'es vraiment qu'un con qui capte rien) et il reformule.

Ça se réveille un peu derrière. J'entends qu'on chuchote Je vais tenter une sortie-toilettes définitive. Mon portable bippe (ouais ouais ouais, je sais. J'ai oublié, ça t'arrivev jamais peut-être ? En plus personne n'y prête attention, alors ? il est où le problème ?) : Ma nuit démar tard. Jpense fort à toa é o pingouin ! Mangé bien ce midi ! Il fo pleins de vitamines pr se préparer à l'hiver. Jvous bizoute ! Bonne journée ma douce ! Ton ptit cor me mank !

Je déconnecte le téléphone et moi-même. L'écran de mon cerveau s'anime d'images chaudes et lascives, doux péché charnel...jusqu'à ce que monsieur le directeur (de conscience) annonce : Nunc est bibendum. Ah oui, j'ai oublié de te dire, c'était une grand-messe en latin.

lundi 2 octobre 2006

♫ Wine in the morning and some breafast at night, well I'm beginning to see the light ♫

Je sais je sais, tu meurs d'impatience que je déroule devant toi les fabuleuses péripéties de mon week-end. Allez avoue, fais pas ton timide, je te connais comme si je t'avais fait. D'ailleurs je t'ai fait, tu crois qu'il sort d'où ce personnage à qui je m'adresse sinon de ma tête ? (eh ouais j'engendre tel Jupiter) (mais t'inquiète, je parle aussi à toi, oui toi là).

D'abord je commence à prendre de mauvaises habitudes. Bon c'est vrai j'en ai déjà plein, comme fumer, être très désorganisée dans mon planning laverie-ménage, arriver à la bourre...j'en oublie sûrement. Les chemins de fer faudrait quand même que ça reste occasionnel. Deux week-ends de suite, ça va encore. Trois peut-être pas. Rendez-vous en fin de semaine donc, pour voir...

Le charmant charmeur chilien et moi, on se retrouve dans un appart, un peu par hasard, sur l'impulsion de l'illustre illustrateur (celui qui fait des dessins pas beaux et qui offre même pas de coups à ses vernissages). S'agit d'une crémaillère. J'entre dans ce trois-pièces : y a pas mal de monde mais à part l'illustre susdit (un peu) et le charmant (beaucoup plus) je ne connais personne, tu visualises ?

J'entrepose les bouteilles au frais. Dans la cuisine, un couple se roule des pelles à la pelle tandis qu'un Tahitien surmonté d'un bonnet péruvien dévore une assiette bien garnie en puisant de temps à autre dans le saladier de guacamole. Je constate en mon for intérieur que je me trouve du côté oral de la soirée et je me sers une binouse.

La copine de l'illustre illustrateur raconte en anglais une histoire de chapeau, comme quoi c'était celui de son père et il était de la même couleur que ses yeux à elle (donc une espèce de noisette disons), le truc de ouf quoi...Bon en fait j'ai quelques soucis de concentration et je ne saisis pas la chute, que le charmant ponctue d'un It was a hard day for you. L'illustre illustrateur renchérit : it was a hat day ! Qu'est-ce qu'on se marre hein...

À l'usage il devient évident que ce couple se la joue grave. Si tu veux, l'illustrateur se prend pour un nouveau Warhol, mais je sais pas bien où est-ce qu'il situe sa Factory, sans compter que son côté soi-disant underground a des tendances très fashion...J'adore. Alors je pars en quête de compagnie.

Et je tombe sur un styliste chinois qui m'explique que c'était dur pour lui, au début, la France, vu que dans son taff il s'exprime en anglais et en chinois, ce qui ne facilite pas la pratique de la langue autochntone, tu en conviendras comme lui et moi, mais attends la suite : il se décide à prendre des cours de français et devine quoi ? son prof est japonais ! Bon ben au final il s'en sort pas trop mal. Je comprends tout ce qu'il dit. L'inverse est faux donc je me mets en mode vocabulaire minimal. Il m'apprend à compter en chinois. On dérive sur la langue des signes.

Ensuite je passe au whisky, faut pas déconner. C'est le moment où je rencontre une nana qui a l'air un peu barrée, à moins qu'elle ne soit que bourrée. Toujours est-il qu'on accroche bien. Encore une qui viendra visiter mon lieu de travail. Son mec s'en mêle et on en vient à parler de cette petite ville de province où j'ai vécu autrefois et que je suis bien contente d'avoir quittée. Lui il y est passé en vacancier. Il m'explique pourquoi il aime pas : un jour il veut acheter un blouson. Mais comme il vient d'une région où il pleut souvent, il demande à la vendeuse si elle aurait pas le même avec une capuche. Elle répond, dédaigneuse : pourquoi ? vous vous en servez, vous, de la capuche ? Comme quoi t'es un vrai plouc si tu te protèges la tête. Face à tant de snobisme, son jugement est fait. Il veut bien reconnaître que c'est aller un peu vite en besogne. Je veux bien reconnaître que l'attitude de la vendeuse est tout de même révélatrice d'un état d'esprit propre au lieu.

Petite session dans la salle de bain avec le charmant. Pas très pratique niveau discrétion et confidentialité car toutes les portes ont été retirées. Tu saisis le message ? Ici c'est open house. Une énorme bougie se consume dans la baignoire. Lumière tamisée. En guise de paille, des billets (trop la classe à Dallas). Je choisis celui de 5 euros, n'étant pas constituée de façon à recevoir des tuyaux d'un montant supérieur. Bien reboostée je kiffe la musique.

Peu après je recroise le charmant et c'est heureux, vois-tu, parce qu'il a un truc qui dépasse du nez et c'est pas une crotte. Ne te retourne pas, prends un air dégagé, tout va bien se passer, le plus dur est fait, voilà il n'y paraît plus. Hum.

Après je discute avec un jeune métis cambodgien. Son pote qui s'est greffé est tout étonné que je connaisse Beauvais (?). Il est quatre heures du matin, l'heure pour moi de dîner.

Puis le charmant me signifie qu'on va peut-être pas tarder, qu'est-ce que j'en pense ? Cette proposition m'agrée. Mais, je ne sais trop comment, je me retrouve en grande discussion avec une demoiselle qui s'avère être la maîtresse de maison. Tu me diras, j'aurais pu m'en rendre compte avant : c'est la seule qui est pieds nus...Je t'avoue que ces instants avec elle sont un peu flous. Elle est en train de boucler une thèse qui tournerait autour de l'analyse vidéo (sous réserves).

Quelqu'un se lance dans une imitation d'Éric et Ramzy (oui, les deux à la fois). Y a Johnatan Richman et les Modern Lovers en fond sonore (youpi !). La bibliothèque se compose uniquement de bouquins de philo (trop grillé que t'as pas déballlé les polars et les BD). Les toilettes ne ferment pas à clé, tu veux pas me tenir la porte ?

(Toujours pas envie de te parler de moi, pour cause de loose bordélique, je vais pas te le dire à chaque fois, mange du poisson, je sais pas). Quand on se couche, il se pourrait qu'il fasse jour. En tout cas quand on se lève, il fait nuit. Et tout le reste est littérature.

vendredi 29 septembre 2006

"Au réveil il était midi"

Le réveil a sonné à 13h et j'aurais bien aimé dormir beaucoup plus. Ma conscience professionnelle ne ma l'a pas permis (vas-y, esclaffe-toi je t'en prie. De toutes façons j'étais pas à la bourre, où est le problème ?).

Hier fallait aller sur une péniche. Tu t'en souviens peut-être, une récente expérience malheureuse en la matière m'avait quelque peu échaudée, ou refroidie, c'est selon. Mais là il s'agissait d'une soirée de soutien aux sans-papiers. Tu peux pas dire non. Ou alors faut avoir une bonne excuse (y a un bon film à la télé n'est pas considéré comme une bonnes excuse, surtout quand ta télé te sert de porte-manteau et que tu n'as pas le programme).

Le charmant charmeur chilien part en skate-éclaireur car c'est entre quai de la rapée et quai de la gare ; Phénix et moi sommes en métro et on n'a pas vraiment envie de se galérer dans ces zones pas interdites du tout mais pas non plus tellement sympas...SMS de l'éclaireur : cé quai dla gare fo traversé le pont et cé en face dla piscine ! 5 euros. A ta leur ! Ami lecteur, tu ne connais peut-être pas Paris, alors laisse-moi te dire que si tu descends à quai de la gare et que tu traverses le pont, ben t'es con, c'est tellement plus simple de descendre à Bercy (après tu peux chipoter et dire que ça dépend d'où tu viens. Eh ben non, ça dépend pas). Phénix et moi ne nous laissons pas embrouiller par ce jeu de piste, on est trop des rusés.

À l'entrée on te file un coup de tampon où tu veux sur le corps. J'ai la vague intuition aujourd'hui que c'est de l'encre indélébile. L'avenir nous le dira. Remarque c'est toujours mieux que la fête de l'Huma, où d'abord tu fais la queue pour acheter ton ticket d'entrée, puis tu fais la queue pour échanger ton ticket contre un magnifique bracelet rouge en plastique (pourquoi ils te donnent pas direct le bracelet ? ça crée des emplois, c'est ça ?) et pour finir tu es obligé d'arracher ce putain de bracelet avec les dents parce qu'il se ferme mais ne se rouvre jamais...Bon là t'es tatoué à vie mais ça t'a pas coûté cher, on va pas se plaindre.

À l'intérieur t'es obligé de consommer beaucoup d'alcool parce que tous les bénéfices vont aux sans-papiers et t'as vraiment envie de leur faire plaisir. Le soun system est de fort bonne qualité. Sarko en prend plein la gueule, les expulsés de Cachan sont nos frères.

Le charmant va chanter bientôt mais si tu crois que ça le stresse, n'importe quoi. Moi j'en aurais fiat une maladie trois jours avant, ou je serais pas venue à la limite, ou alors je me la jouerais attends faut que je me concentre là, j'vais me chauffer la voix, ou encore je m'enivrerais...Lui il est là, paisible, on discute, on danse un peu. J'oublie de te dire : c'est pas du tout une chanson qu'il a répétée qu'il va interpréter, penses-tu, ce serait pas drôle...il va faire une impro hein, ça sera plus simple. Et puis il y va. Et puis il revient. Et voilà quoi, on va pas en faire un fromage. Phénix est en extase, il le serre dans ses bras et tout. Faut dire qu'il est comme ça Phénix, comme il a besoin d'amour, il en donne. Moi aussi j'ai trouvé ça bien. L'absence de trac, l'impro et la prestation en elle-même m'ont pas mal impressionnée.

Ensuite on prend un taxi tous les trois. Et pas beaucoup plus tard le réveil sonne. Pas le temps de passer chez moi. J'ai donc l'honneur de te révéler que mes fringuent puent, non pas le tabac, mais l'herbe. Du plus bel effet en service public...

(La loose bordélique n'ayant pas l'air de vouloir lâcher l'affaire, mon moral, qui a beau ne pas s'appeler Stéphane, reste en berne. Cependant ça va quand même, commennce pas à pas niquer, tu as quand même mieux à faire et moi aussi).

mardi 26 septembre 2006

Aquaplanning, sous les pavés la plage

Totalement à l'Ouest la fille. Si tu veux je t'apprends à planer, je commence à avoir de l'entraînement, la preuve : je me mélange les pinceaux avec mon planning.

Ouais, parce que je bosse dans un endroit où on a des plannings de service public d'une amplitude horaire assez large (9h-20h) et du lundi au dimanche (pas exactement mais je simplifie pour que tu te barres pas en courant). Y a donc des gens qui sont chargés de les pondre ces plannings, et crois-moi, ils se prennent bien la tête à remplir leurs grilles avec nos noms, d'autant qu'il faut qu'ils prennent en compte le fait que X part pour son cours de poterie le jeudi à 17h, que W a la garde alternée de ses enfants les semaines impaires sauf exception, auquel cas (bravo) ça bascule sur les semaines paires, que Z est à temps partiel, qu'Ada est dur le divan de son analyste deux soirs par semaine, je t'en passe et des meilleures (on est quelques dizaines, tu vois le genre).

L'erreur étant humaine et les casse-têtes pas que chinois, ils font forcément quelques petites bévues par ci par là. Par exemple ils te collent Y en service public à 9h alors que c'est justement le jour de la kermesse et qu'il s'est engagé à tenir le stand de pêche à la ligne...et là c'est le drame et crois-moi que les enfants vont pas comprendre s'il leur parle de la mission de service public qui fait de notre beau pays un cas tout à fait à part, sauf à quelques endroits et encore pas partout, même en France (oui c'est excatement ce que je voulais dire).

Dans ces cas-là, on n'est pas chien, solidarité oblige, on s'arrange entre nous, on fait des échanges tu vois, c'est un peu la teuf. Genre tu reçois un mail qui dit SOS ! Qui voudrait échanger ma plage (oui on dit plage, on a bien le droit de rêver) de service public ? J'examinerai toute proposition honnête. Avis aux amateurs, y en aura pas pour tout le monde (là t'es censé rire et te dire : il est drôle, il a de l'humour, allez je vais lui rendre service). Ou alors y a des petits malins qui usent d'une autre méthode : Pour cause de réunion-formation-mission à l'xetérieur-réception du ministre de la Culture du Burkina Faso (choisis ton menu), je ne pourrai pas assurer ma plage de service public (et là tu dois te dire : merde, le pauvre, il faut absolument le dépanner). Moi, tu t'en doutes, les gens me proposent rarement leur palge du matin. Par contre, va savoir pourquoi, les plages du soir j'en ramasse à la pelle. Enfin bref, chacun ses goûts.

Hier soir, alors que je sirote une pinte de blonde à la terrasse du nouveau bar, en compagnie de Phénix, de mon pote et de sa toute nouvelle belle, je réalise soudainement que damned ! demain je sors à 20h mais j'ai rendez-vous sur le divan à 19. J'ai oublié d'échanger ma plage...Il est trop tard pour déranger les collègues et l'analyste. C'est embêtant mais pas trop non plus, la nuit porte conseil, comme on dit quand on sait pas quoi dire.

Ce matin je me lève pas trop tôt, je téléphone à l'analyste qui accepte de me recevoir en fin de matinée. La séance est lourde, vraiment ça rigole pas. À la fin il me donne un mouchoir en papier, alors quand je te dis que ça rigole pas, c'est un euphémisme, ou je sais plus bien comment ça s'appelle comme figure de rhétorique, tu sais, c'est la même que Chimène quand elle dit Va je ne te hais point, une litote, voilà ça me revient, comme quoi la mémoire hein quel système incroyable. Oui bon.

J'arrive au taff la bouche en coeur sur les coups de midi et demi. Dans le bureau je me fais accueillir par une collègue et son sourire complice qui signifie : oh toi, t'auras pas tenu bien longtemps le challenge de la ponctualité. Et alors là, toute fière je lance : c'est pas du tout ce que tu crois, je fais la fermeture, donc je suis à l'heure ! Ah mais non, répond-elle, c'est moi qui fais la fermeture ! Après on s'arrache les cheveux, on se griffe, on se mord à mort, c'est moi, même pas vrai, menteuse, j'étais preum's...non allez on est des gentils nous, juste on se réfère au planning, une sorte de Bible format excel, et on constate qu'elle a raison.

Je ne te cache pas que ça me fiche un coup, non pas que je m'inquiète de mes horaires, non, plutôt de ma santé mentale...Finalement ma collègue ne tenant pas particulièrement à assurer cette plage, étant donné qu'elle a chez elle plein de choses intéressantes à faire, genre la bouffe pour six (ah ben oui, elle a pas fait les choses à moitié, elle voulait payer le train moins cher, mais pour voyager faut qu'elle réserve un wagon, alors l'un dans l'autre faut voir), des lessives, les devoirs des enfants, tout ça (alors que moi, en tant que célibataire, c'est bien connu, j'ai que ça à faire de taffer) elle me l'offre généreusement sa plage et tout le monde est content.

Sinon je te parle pas de mon ♥ métaphorique (à moins qu'il ne s'agisse d'une métonymie, ou d'une synecdoque, débrouille-toi après tout, je vais pas toujours te mâcher le travail) parce que c'estr comme qui dirait la loose bordélique...et un peu de suspens, ça peut pas te faire de mal.

lundi 25 septembre 2006

♫ Messieurs dames, aujourd'hui il a fait nuit toute la journée ♫

Je suis pas convaincue de m'amuser beaucoup en te racontant tout ça. Et toi, t'auras peut-être une impression de déjà vu. Mais tu veux savoir ? t'es sûr ? À tes risques et périls (quel aventurier tu fais, toi alors...). En même temps il s'est passé des trucs (hé, si c'est pas de l'accroche ça).

Vendredi soir on s'est un peu trop dispersé. Je veux dire, on a commencé par se désaltérer sur la terrasse du nouveau bar, y avait la bande de Latinos (rien à voir avec le charmant charmeur chilien), y avait mon amie, y avait le charmant, y avait moi, enfin bon tous les ingrédients étaient réunis pour qu'on n'ait pas besoin d'aller plus loin...Mais on a déconné, on est parti pour ce vernissage vers Arts et Métiers.

Je sais pas pour toi, mais moi quand les toiles me plaisent pas, je me rabats sur les boissons. Ben là pas moyen, c'était genre un vernissage où tu regardes et puis c'est tout. Je peux donc te dire que les dessins étaient pas terribles et qu'en plus les textes étaient truffés de fautes d'orthographe. J'ai pas demandé si c'était un effet de style j'écris d'un seul jet je me relis pas, dans une sorte de work in progress tu vois, et après je te balance ça à la gueule et me dis pas que t'es pas choqué...Parce que dans le doute (si ça se trouve, il était nul en dictée cet illustre illustrateur, va savoir) je me suis abstenue, comme il est recommandé par les dictons et proverbes des pages centrales de ton dico.

Comme on voulait pas rester sur une mauvaise impression, surtout que bon, tu vas encore dire que j'y connais rien en art, mais quand j'entends c'est combien celui-ci ?, je me tourne, l'objet en question c'est une feuille A4 avec du marqueur dessus, et la galeriste répond que ça vaut un mois de mon salaire (et je peux te faire croire que je gagne hyper bien ma vie si je veux, alors ta gueule), si tu permets ça me fait un drôle d'effet...on a donc rejoint des amis vers Châtelet.

Et pas n'importe quels amis : des amis qu'on a en commun ex-monamour et moi. Évidemment lui il était absent, j'en suis pas encore au point de lui présenter le charmant ou, pour être exact, il n'a pas encore atteint ce palier de l'indifférence. Là t'es censé t'exclamer : waw, quelle évolution Ada ! Parce que sache quand même que ça m'a fait bizarre, tout en me faisant plaisir. Ensuite le charmant et moi on s'esquive, on a un train à prendre dans notre quartier, le genre de train qui débarque sans crier gare, tu te dois donc d'être disponible quand il arrive.

Les chemins de fer, tu sais ce que c'est...on se retrouve chez lui et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, on est dans son lit et c'est le festival de la baise. Après on prend une douche en speed, il est déjà très tard et on s'est fait alpaguer par le bar en bas où se déroule un anniversaire et on a promis qu'on passerait. Alors on tient parole. Y a du monde, mon pote le barman est débordé, qu'est-ce qu'on est sociable, je dirais même plus, on est love love love ! La grande dame nous attend dans une fête au bout du monde mais ça fait bien longtemps que le métro est couché...On se la joue fainéant, on va danser deux-trois rues plus haut, là où le mojito est dégueu et les chiottes bouchés mais on s'en fout, on est amour je te dis.

Samedi il faut dormir. Le soir le charmant part vaillamment au taff. Je retrouve mon pote là où ils font du bon couscous et il m'annonce la bonne nouvelle : il a emballé sa belle, un peu à la Christo mais plus avec du plastique fantastique façon capote anglaise. Et là mon vieux, ça l'a grave détendu. Peu après elle arrive. Qu'est-ce qu'ils sont mimis dis donc.

De mon côté je leur annonce que je m'apprête, cette nuit même, à aller au bout de moi-même en la personne d'une toute nouvelle brosse à dents (que j'exhibe dans son cartonnage étincelant) que je vais poser dans la salle de bain du charmant. Je dois à la vérité de dire que j'en ai ras-le-bol de me servir de sa vieille brosse que t'en voudrais même pas pour cirer tes pompes...Mais bon je vais pas non plus faire ma modeste hein, regardons les faits objectivement : je pose un objet à moi chez lui, hum, je tousse, excuse c'est l'émotion. Je passe la nuit dans son lit, en attendant qu'il me réveille avec des croissants chauds post-taff. Tu peux applaudir.

Dimanche...Tu sais que je ne te cache rien, tu commence à bien me connaître, alors t'as quand même une vague idée de ce qui s'est passé. Fais pas l'innocent. Tu te doutes bien qu'après tant d'efforts (minimise pas hein : les amis + la brosse à dents, c'est énorme, reconnais-le), faut que je relâche un peu. Du coup quand ex-monamour passe chez moi en début de soirée, ben il y reste jusqu'au matin. Tu as parfaitement compris.

jeudi 21 septembre 2006

"Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit"

Hier soir c'était indescriptible, ça relaxe je t'assure.

D'abord je vais au cinéma parce qu'en ce moment y a Dupontel à l'affiche et je suis un peu comme qui dirait fan. Du coup je me précipite, je peux pas attendre un jour de plus. Déjà je me fais violence pour pas sécher le taff à des fins plus honorables, je trépigne d'impatience, le souffle court, la gorge palpitante, l'oeil humide, la tête haute, le pied marin, la main baladeuse, le bras armé, la cuisse légère, la langue bien pendue...à l'idée de voir mon idole..

Et tu me crois, toi ? Fanatique, moi ? N'importe quoi. La preuve, regarde (voilà un impératif de toute beauté. Je profite de cette parathèse pour présenter mes sincères excuses au sujet d'une faute récurrente dont j'ai bien du mal à me défaire, j'ai nommé le t'inquiètes, dont le s n'a rien à faire là mais je sais pas, j'y arrive pas, ça doit être le t' qui me perturbe. Cela dit, tant qu'il y a des gens qui disent Ceci dit, je complexe pas trop, juste un peu) : j'ai trouvé le film moyen, si c'est pas de l'objectivité ça ?

Ensuite je rejoins le charmant charmeur chilien à la terrasse du nouveau bar. Il a dormi 6 heures sur les dernières 48 : deux siestes en deux jours, moi je dis : que demande le peuple ? Et je me dispense de répondre, je voudrais pas te lasser. Il (pas le peuple. Enfin pas TOUT le peuple) a commencé à bosser la nuit, mais pour l'instant il ne renonce pas à sa vie sociale, c'est-à-dire qu'il part au taff à 19h, il en revient vers 9h, il s'occupe de ses petites affaires, il m'envoie des SMS, il enregistre des balises pour une radio, il voit ses potes, il prend soin de moi. Parfois il mange, mais pas trop non plus, la digestion ça endort.

Forcément cette conjoncture à tendance structurelle occasionne quelques dégâts collatéraux au niveau de son état de conscience, faut pas se leurrer. Exemple : je rêve, tu m'as repassé une chemise ? Oui tu rêves, je l'ai juste mise sur un cintre...Là on lit une légère déception dans le regard mais bon, tu t'imagines quand même pas que je vais repasser à sa place hein. Ben lui non plus mais il est tellement fatigué qu'il y croit, le pauvre.

Puis on tente de visionner un DVD où il apparaît sur son skate. Mon matos ayant rendu l'âme, le sien n'étant pas encore opérationnel, on se rabat sur les voisins. Le premier, dûment bipé, est pas loin d'aller se pieuter. Le second, on se le fait à la barbare, on débarque direct chez lui : Diego est devant un match de foot qui, fort heureusement, finit un quart d'heure après.

En attendant on s'installe, on mange un dessert (celui pour lequel tout le monde se lève tu sais) mais c'est définitivement trop sucré, même en utilisant une fourchette histoire de feinter le cerveau (auquel il en faut plus, très franchement. Le cerveau c'est pas le dernier des cons, crois-moi). Diego coupe les commentaires, confectionne un truc à fumer, met de la zique et ça dérive en impro entre le charmant ete lui, dans une espèce de hip hop ragga. Je t'assure ils assurent.

Au bout de longtemps on repense au DVD mais ça marche pas. Est-ce qu'on est trop à l'ouest ou est-ce qu'il y a un problème technique, va savoir...Alors on rentre se coucher. Je laisse le dernier mot au charmant parce que là, tu vas voir ça déchire et je me dois de partager avec toi des moments aussi riches intellectuellement, aussi forts en émotion, des moments rares en quelque sorte, où le sublime le dispute au subtil dans ce qu'il a de plus essentiel : la musique classique, c'est trop puissant quand même.

mardi 19 septembre 2006

♫ Mes amis, mes amours, mes emmerdes ♫

Pff...j'te jure, y a des gens fatigants, je t'en donne trois en pâture.

Le premier.

Mon téléphone vibre. Un numéro non répertorié s'affiche...Même pas peur.

Oui ?

Bonjour Ada, ça va ?

Oui, c'est qui ?

C'est Canada Dry.

Oh Canada Dry ? Mais tu n'es pas aux États-Unis ?

Ça y est, je suis rentré.

Tu sais, j'ai rencontré ton ami, le mystérieux inconnu...

Ah bon ? Et vous êtes ensemble alors ? (j'aime ces déductions hâtives et sans fondement)

Non tu plaisantes...Il m'a un peu harcelée au téléphone. Franchement t'aurais pu éviter de lui donner mon numéro.

Mais je lui ai jamais donné ton numéro ! Pourquoi j'aurais fait ça ?

Je sais pas moi...c'est ce qu'il m'a dit. Il m'a dit aussi que tu t'installais en Californie.

N'importe quoi ! J'y étais pour les vacances. J'ai repris les cours là.

Bon, c'est vos affaires après tout, tu le connais mieux que moi, c'est ton ami.

C'est pas du tout un ami, c'est le frère d'un cousin (cousin au sens élargi africain, s'entend).

Bon bon. Ça n'explique pas comment il a eu mon numéro.

Il a dû le piquer dans mon portable (ben voyons, fous-toi de ma gueule). On peut boire un verre dans la semaine ? tu m'appelles ?

Ouais, on verra, pourquoi pas ?

Et ce soir tu fais quoi ?

Pas grand chose de prévu pour l'instant.

Tu m'appelles quand tu sors du taff ? je serai chez moi, y a un petit bar en bas, on peut s'y retrouver ?

Ouais peut-être.

Mais un apéro entre amis à la Butte aux cailles s'organise. Y a des priorités dans la vie...Et si Canada Dry est en quête de partenaire sexuel, faut pas qu'il compte sur moi.

Mon pote est dans un sale état. Il est amoureux et c'est compliqué (rien de très original quoi). On essaye de lui faire comprendre qu'il faut qu'il se lance. La fille arrête pas de lui jeter des regards de braise, elle lui envoie des SMS, elle rit même à ses blagues à deux balles (un signe qui ne trompe pas). Lui il a la trouille, il veut pas gâcher, il veut même pas en parler. Mais nous, tu sais comme on est, des bons amis merde...Faut dire aussi qu'il se remet très lentement (comptez 18 à 24 mois) d'un gros chagrin...

Il me ramène en scooter dans mon quartier, j'achète à manger, on se pose en terrasse du nouveau bar. Il a beaucoup trop bu et quand on lève le camp je lui dis : oh toi je sens que je vais te loger, je peux pas te laisser rouler dans ces conditions. Mais tu vas pas dormir chez le charmant ? (je traduis hein, l'élocution était bien plus difficile). Eh oh, pas tous les jours non plus. Là je rentre chez moi et toi tu fais pareil.

On se couche, il tente un câlin, je rectifie, il me parle de câlin d'amitié, oui mais non, je reste gentille, je mets ça sur le compte des ses abus, allez tu dors.

La deuxième.

Ce matin, réveil tôt (8h). Oui parce que dernièrement au taff, je me suis fait un peu griller : lors d'une réunion de service à laquelle je n'assistais pas (comme quoi les absents, on leur trouve toujours des torts), quelqu'une a annoncé publiquement, je veux dire tu peux pas faire beaucoup plus public qu'une réunion de service, niveau confidentialité c'est nickel : de toutes façons Ada elle arrive tellemnt tard qu'on sait jamais si elle va venir...Les copines m'ont prévenue que ça risquait d'être bientôt ma fête, alors bon, je fais des efforts jusqu'à ce qu'ils oublient, disons pendant deux-trois jours, ça devrait suffire.

En plus qu'est-ce que ça peut bien faire, mon heure d'arrivée, ça m'empêche de taffer peut-être ? Ce que j'aime beaucoup, c'est que personne (personne hiérarchiquement habilité je veux dire) personne ne m'en touche ne serait-ce qu'un mot. Non, on préfère les chemins détournés, surtout pas de contact direct. N'essayons pas de discuter.

Le troisième.

Donc ce matin j'assure. Je prépare du thé, j'en propose à mon pote. Réponse : je sais pas trop. Ben décide-toi, je te l'amèen au lit là, c'est sympa non ? Bon d'accord. Il ne dit surtout pas merci, pas la peine. Que fait-il à la place ? Il râle. Ouais parce que lui il est au chômage en ce moment, alors c'est quoi cette idée farfelue de faire sonner un réveil ? En plus j'écoute les infos et ça le soule. Je lui dis que désolée mais je travaille moi môssieur, toutes mes excuses vraiment...alors mon grand t'es gentil, tu vas cuver ♫ [t]on alcool et [t]a haine ♫ en silence ok ? Sur un ton calme mais me cherche pas non plus hein, je sais que toutes les circonstances atténuantes du monde sont réunies, mais bon si tu permets j'ai une vie aussi. Et puis c'est pas comme si ça m'était facile et naturel de me réveiller à cette heure, je lutte là et je peux aussi être de mauvais poil si je veux d'abord.

Sur le chemin coup de fil du charmant charmeur chilien qui, lui, rentre d'une longue nuit de taff. Subitement mon monde s'emplit de douce chaleur...

lundi 18 septembre 2006

♫ C'est la chaleur humaine ♫

Le charmant charmeur chilien a doublé les doses d'adoucissant et quand il débarque vendredi vers une heure du mat (donc samedi en fait mais tu t'en fous), sur la terrasse du nouveau bar, tout costumé-chemisé-cravaté (il a un succès fou dans cette tenue, déjà que bon il a pas trop besoin), il prend de mes nouvelles, s'inquiète de ma journée de travail, propose de rentrer dès que j'esquisse un baîllement. Ah ah, t'aurais pas quelque chose à te faire pardonner, toi ?

Quand on se réveille le lendemain (le même jour pour être précis mais on a dit que tu t'en fous non ?), il annonce qu'il doit faire une lessive, déjeuner avec un ami, passer dans une boutique. Moi je veux bien mais sachant qu'il est midi et qu'il part taffer à quatorze heures, je suis un peu dubitative. Au final il se fait prêter une chemise par son voisin, il zappe la boutique et on va chez l'ami. Le raisin était fameux, plus que les fraises mais bien moins que l'avocat (ici tu peux engranger trop de mots pour la colonne fruits de ton prochain baccalauréat).

Puis je pars rejoindre mes amis à la fête de l'Huma. Alors la fête de l'Huma, comment te dire ? C'est vrai, souvent les concerts sont bons : en l'occurrence Cali se fait porter par la foule en délire, tout le monde forme des coeurs avec ses mains, love partout ; les Têtes raides saturent un peu leurs guitares mais dès qu'ils ressortent les cuivres ça va mieux ; quant à Gnawa Diffusion, ben j'en sais rien, y avait un problème technique et on n'a pas eu la patience. Les débats sont intéressants même quand ils sentent la merguez. Le peuple de gauche répond présent à l'appel, tu vas voir mai 2007 comment on va les niquer. Tout ça c'est bel et bien.

Cependant permets-moi de développer un autre aspect de l'affaire. Par exemple les besoins naturels. Je ne te parle pas de manger (tu trouves de la bouffe du monde entier, les sandwiches éthiopiens avaient l'air pas mal mais je te conseille plutôt le stand Palestine), ni de boire (la bière est quasiment donnée et le whisky-coca se fait supplanter par le cognac-tonic, boisson anti-impérialiste). Je fais allusion à l'envie pressante qui te prend en traître, au moment où tu t'y attends le moins, plus connue sous le nom d'envie de pisser.

Vu de l'extérieur, et en novice, si tu crois que tu peux improviser, tu rêves (générale), même si t'es un mec, diificile de trouver un coin tranquille pour marquer ton territoire. Tu te sens obligé d'aller en terrain balisé. Je peux pas te décrire les lieux, j'y suis pas allée. En revanche je peux témoigner que, tandis que nous bénissons nos vessies résistantes, une amie passe une heure (tu as bien lu) à faire la queue pour soulager la sienne (pas de queue hein). Du coup t'as plutôt intérêt à prévoir que dans une heure tu vas avoir envie de pisser, sinon tu prends des risques.

Faut dire aussi qu'elle est un peu trop disciplinée. Parce que nous après, au stand de l'Indre et Loire (ou apparenté) (je veux dire ça aurait pu être l'Alsace, tu n'y aurais vu que du feu), on demande gentiment à la dame si on peut aller derrière le camion et elle dit : mais bien sûr mes pauvres petites, et même elle nous donne des serviettes en papier avant de faire le guet, alors tu vois, c'est pas la peine de s'exciter.

Une chose qui peut faire perdre du temps aussi, c'est d'essayer de fendre la foule à plusieurs, sans se perdre. Au début on n'assure pas, on en perd une (heureusement pas la pisseuse, y a quand même une justice) et forcément on perd celle dont le portable est mort, on est là pour rigoler ou quoi ? Étant présumée poids plume, l'honneur me revient de grimper sur les épaules de mon pote pour surplomber le troupeau et, de mon oeil de lynx, repérer la brebis égarée, pendant qu'on crie : Aline ! pour qu'elle revienne. T'y crois ou pas, ça marche.

Après on comprend qu'il faut rester en contact physique, pas seulement visuel, on forme une petit farandole trop sympthique, on est tous des frères, sauf que je me retrouve avec des mains inconnues sur les épaules et plus bas et encore plus bas, bon t'es gentil mais tu vas pas me peloter toute la soirée non plus, allez dégage.

Plus tard on s'est retrouvé au nouveau bar et j'ai acheté des frites. Puis j'ai fait un truc de ouf : je suis allée attendre le charmant dans son lit (avec son autorisation bien sûr), toujours dans cette optique que peut-être un jour ce sera mon lit. Je préfère calmer tes ardeurs : depuis le récent grabuge, si au départ j'étais ni pour ni contre, aujourd'hui la cote de la cohabitation est en baisse...(à ta place je vendrais. Ou pas, jamais trop compris la spéculation. Fais pour le mieux).

Dimanche, je te l'ai déjà dit, ♫ Dieu créa la flemme ♫ et je suis pas du genre à déroger. Le charmant et moi on n'a quitté le lit que pour sustenter nos corps fatigués (mais impatients) dans des restos du coin. À vous les studios (si t'as un deux-pièces, t'inquiète, ça marche quand même).

vendredi 15 septembre 2006

♫ J'entends les bonzes de Dong Palaan qui récitent des sutras couverts par les décibels des mobylettes Honda ♫

Camarade, sache que je suis encore toute tourneboulée par les récents évenements (je ne parle évidemment pas du jeune homme responsable d'une tuerie à Montréal, ni de la menace d'Al-Qaida concernant la France, ni même du skater massacré avant d'être jeté d'un pont à Toulouse...rien de tout ça, désolée, si tu es intéressé, achète la presse et reste pas dans mes pattes, parce qu'ici ça va parler de moi, comme d'hab).

On en était resté que bon, une espèce de tramontane mistraleuse avait soufflé sur Ada et le charmant. S'ensuivit un SMS que vous avez eu la gentillesse d'interpréter, puis un coup de fil sous le signe de la tristesse. Si tu crois que le vent s'est couché, détrompe-toi (et va voir le dernier Ken Loach tant qu'à faire). T'es prêt ?

Hier soir je me pose en terrasse du nouveau bar avec mon pote (bon je vais pas te le resituer à chaque fois celui-là, tu vois qui), Phénix et la grande dame. Le charmant charmeur chilien vient à passer, avec un troupeau de skaters. Il traverse pour nous saluer, il est hyper tendu. Je sais qu'il y a une soirée-vernissage à Oberkampf, on est censé y aller ensemble, on se dit à plus tard.

Plus tard donc j'appelle le charmant comme convenu. Essaye d'être attentif parce que ça va se jouer en l'espace de rien du tout.

Lui (voix du mec que tu déranges) : oui Ada

Moi : alors ? t'en es où ?

Lui (voix sèche sèche) (voix qui donne soif si tu préfères) (mais voix qui coupe l'appétit) : t'as vu comment tu me parles ? tu m'impressionnes avec ton "alors"

Moi : ...?...ouh là, qu'est-ce qui se passe ?

Lui : bon je suis chez moi là, avec des potes

Moi : Écoute on n'est pas obligé de se voir ce soir mais ça t'empêche pas de me le dire gentiment.

Lui : oui voilà c'est mieux, allez bonne soirée (il me raccroche au nez !)

Je retourne m'attabler avec la compagnie qui s'inquiète de ma mine défaite. Je ne leur cache pas que ça va mal mais si ça les ennuie pas, on n'en parlera pas là tout de suite. La discussion repart sur autre chose, je sais pas quoi, je suis ailleurs. Me reviennent en écho les mises en garde de mon pote barman...je me dis c'est bizarre la vie (ah ben oui, j'ai toujours des réflexions profondes et originales dans les moments graves). Finalement je les quitte, j'ai envie d'être seule.

Le temps passe. Après réflexion je rappelle le charmant, j'ai besoin d'explications : ça sonne deux fois et hop, il me zappe, t'y crois à ça ? Moi je suis bien obligée d'y croire puisque ça m'arrive. Bon t'auras deviné que je ne laisse pas de message, je lis un minimum entre les interlignes (oui c'est mieux qu'entre les lignes quand tu y penses). À ce stade je ne te surprendrai pas si je te dis que je suis paumée. Je retourne dans ma tête le pourquoi du comment, je pressens que ça s'origine quelque part dans la soirée de la veille, mais je ne vois pas ce qu'il peut bien me reprocher. Et même c'est plutôt moi qui ai des choses à lui reprocher non ? Alors merde...Après le choc de l'incompréhension, la tristesse puis la colère.

J'hésite à te raconter la suite. Mais si je commence à te mentir maintenant, ne serait-ce que par omission, on va pas s'en sortir. Alors voilà ce que je fais : je vais me faire consoler par ex-monamour qui s'en trouve fort aise. J'ai honte mais j'assume. Et si tu n'y vois pas d'inconvénients, te fatigue surtout pas à me haïr, je me débrouille très bien toute seule.

0h18 : Ce ki cé passé é passé. Ce ki se passe ne passe pas (oui bon ça va aller les phrases énigmatiques, tu t'es pris pour le père Fouras ou quoi ?). Réponse : mais il se passe quoi ??? Échange téléphonique de vive voix à l'issue duquel on tombeb d'accord sur le fait qu'il faut qu'on parle. Il insiste pour qu'on se voie maintenant. Non mais oh, je suis à poil, au pieu, en plus il pleut des cordes...Cela dit moi aussi j'ai envie de régler ça vite fait.

Arrivée chez lui je lui dis que je comprends rien, ok ? Alors soit y a un truc qui m'échappe, soit y a un truc qui m'échappe, au choix...Je vais pas t'ennuyer avec les détails de la discussion. Pour aller vite il ressort de là qu'il a été très vilain-méchant-pas beau mais qu'il voulait que je reste la veille, malgré ses amis, qu'il m'a trouvé très agressive avec mon "alors", même s'il veut bien reconnaître que ce "alors" ne l'était objectivement pas, qu'il ne comprend pas lui non plus pourquoi ça a pris de telles proportions, etc...et que maintenant si on allait se coucher ? Ouais ouais ouais...

Tu sais quoi ? on dirait que non seulement je culpabilise d'avoir revu ex-monamour mais en plus je suis raide dingue du charmant, parce qu'au final je suis restée chez lui et il l'avait pourtant pas mérité. J'ajoute que tout cela est très perturbant et dès que j'ai cinq minutes pour y réfléchir, je sens que ça va pas me plaire. Les passions autodestructrices, je sais pas pour toi mais moi c'est bon, merci.

Je trouve sous la couette un petit pingouin qui s'illumine quand tu le caresses gentiment. Je savais pas si tu voudrais me revoir, si ça servirait de cadeau d'adieu ou de réconciliation, mais je l'ai quand même pris pour toi. Bonne nuit les petits.

Ce matin, comme quoi tu vois je suis une fille vachement sympa (légèrement maso et conne aussi) je lui envoie un SMS du taff : Le pingouin et moi on pense fort à toi. Réponse : Moa ossi jpensé justement a vou ! Jsui heureu dte retrouvé. Té lanimal le plus mignon du monde ! Le pingouin le sé bien. Jtenvoi pleins dbizous ! Quelques minutes après : Jvien drechargé mon prt pr envoyé dé bizous o pingouin ki soa pa jalou ! jvou aime bocou. Mé toa jtaime plus encore !

♫ Au pays des Laan Xaang et du Parasol Blanc, le Bouddha Sakyamouni est très compatissant ♫

jeudi 14 septembre 2006

♫ Moitié en sarong, moitié en treillis ♫

Hier j'étais avec des amis à Bastille, qui est parfois notre bastion de bastringue. Le charmant charmeur chilien nous rejoint tout speed, il monopolise et coupe la parole, s'intéresse de très loin aux phrases qu'on peut caser par ci par là (sinon nous ça va, merci). Tandis qu'on se dévoue pour aller chercher les consommations au bar, j'en profite pour lui glisser : dis donc, tu serais pas venu en chemins de fer toi des fois ? Si, pourquoi, ça se voit ? Non penses-tu...

Ensuite on prend le métro, on va dîner avec des potes du charmant. Ça parle skate, mon sujet de prédilection, tu t'en doutes, surtout que je suis trop calée en la matière. Pendant que le charmant s'absente, on parle d'écriture, comme j'essaye de tenter de pondre un polar. Le charmant revient : vous parlez de Machin (espèce de star du skate) ? Non non on parle d'Ada. Ah parce que Machin il écrit, j'ai jamais lu ce qu'il fait mais il en est à son deuxième roman là...Et hop il me zappe complètement. Ok. Autant te dire que ça me soule. Plus tard il m'offre deux roses (premier rattrapage).

On migre chez le charmant, les potes sont en scooter, le charmant en skate, moi à pied. Sur la route, le charmeur trace (sans laisser d'adresse) (sauf que je l'ai). Je m'arrête au tabac et je décide que ça va bien, je veux bien être sympa cinq minutes mais faudrait voir à pas abuser, je fais demi-tour vers chez moi. Il me rattrape : tu fais quoi là ? Je rentre, je t'avais perdu. Bon, c'est toi qui le dis...(attention attention il se la joue psy : je te renvoie à tes propres paroles, à toi de faire le travail...Laissez-moi rire). Je n'ai pas encore atteint ma porte que mon téléphone vibre, je décroche, j'entends de la musique : ♫ I'm just a soul whose intentions are good, oh Lord please don't let me be misunderstood ♫...puis : alors tu fais quoi ? tu viens ? (deuxième rattrapage, in extremis). Bon ouais j'arrive.

Je passe devant le bar en bas de chez lui, mon pote est derrière le comptoir. J'entre pour le saluer (chaleureuse embrassade de sa part, étrange) et là miracle, il m'offre un verre. Je disais pas plus tard qu'hier que ça n'arrivait jamais et maintenant je passe pour une mauvaise langue, ah ben bravo. Du coup je lui laisse une des roses. On discute. Il me dit que le charmant c'est un bourreau des coeurs, que c'est pas une bonne idée, que certes il est fort sympathique et tout, mais bon, je cite : "C'est un véritable salaud avec les nanas". Ouais ok, c'est gentil de lui casser du sucre sur le dos, ça fait toujours plaisir, merci pour lui. Je reçois un SMS impatient : Bon tu fé koa ? Eh oh y a moyen de boire un verre tranquille ? Voyant que je n'entre pas dans son jeu (et pourtant, étant donné la soirée merdique, c'est pas l'envie qui me manque), mon pote se calme. Il me fait comprendre à demi-mots que ça va pas fort avec sa copine, c'est bien simple, en ce moment il bosse et il baise (avec qui, l'histoire ne le dit pas). Mais ça l'empêche pas de donner des leçons, t'as vu ?

Je monte chez le charmant. Ça fume. D'autres potes arrivent. Les chemins de fer se mettent en place mais pas de déviation jusqu'à moi. La goutte d'eau. Si ça se trouve j'aurais refusé mais on me laisse même pas le choix. Je me lève. Le charmant s'en étonne, me prend à part. Je lui explique que ces potes sont à l'unisson de cette soirée, ils font pas tourner, c'est très convivial tout ça. Il est désolé, il propose de leur en demander (mais je m'en fous des chemins de fer, c'est pas ça l'histoire) ou même de les prier de partir. Alors là moi je ne prends pas ce genre de responsabilité, je vais me coucher, bonne nuit. J'oublie la dernière rose.

Plus tard dans mon lit je reçois : Bon ce ki arrive arrive. Ce ki se passe passe. Ce ki se ressent reste...J'ai pas répondu parce que j'ai rien compris. Si t'as une idée...(je te donne un indice au cas où : tout à l'heure au téléphone, comme je lui trouve une petite voix, il répond que depuis hier il est triste).

mercredi 13 septembre 2006

"Et je m'en vais au vent mauvais"

Bon là il se passe des choses, faut que je te raconte.

Depuis quelques temps j'ai changé de bar. Celui où j'allais avant, plus connu sous le nom de "bar en bas de chez moi" alors qu'en fait le terme exactt c'est "bar en bas de chez le charmant charmeur chilien" (ça fait exercice d'élocution ici en prime, ne me remercie pas, je l'ai eu pour pas cher) (pas le charmant, charrie pas) (mais qui sait ? peut-être un jour "bar en bas de chez moi s'avèrera juste également, vu que tu sais quoi), j'y vais plus.

Tu vois, c'est pas compliqué la vie, tu comprends rien mais c'est pas grave. Maintenant si tu me demandes pourquoi, je te répondrai parce que. Si tu précises ta question, je te donnerai mes raisons, au nombre de plusieurs, entre autres : un des serveurs, appelons-le Gégé, c'est moche, ça lui va bien - range la terrasse beaucoup trop tôt, limite tu te demandes si tu déranges pas. Un soir, profitant de l'absence momentanée du charmant parti en quête de frites, il avait fait le vide autour de moi, à tel point que j'avais dû âprement lutter pour conserver la chaise du charmant, tout en envoyant au susnommé un SMS qui disait en substance : au secours !

Figure-toi qu'au temps de mon célibat, le Gégé en question était tout mielleux avec moi, tu vois le genre ? Si tu es une fille seule, morte de faim, va voir Gégé, il s'occupera de toi. Celles qui l'ont essayé (perso j'en connais qu'une) ne s'en vantent pas (par contre lui oui, t'inquiète, tout l'arrondissemnt sera au jus si tu te tapes le Gégé), elles ont plutôt tendance à avoir honte, voire même à se déresponsabiliser derrière des "oui mais si tu savais comme j'étais bourrée (non merci, chacun sa technique, je ne veux pas de détails), je me souviens de rien (menteuse)". Bon moi je n'ai pas tenté l'expérience. Disons juste qu'il m'a draguée par ci par là et que devant tant de mauvaise volonté, il a lâché l'affaire. Mais entre la tentative de te retenir après la fermeture et les signaux ostentatoires pour te faire dégager vite fait bien fait, il y a un juste milieu qu'il maîtrise mal.

Ensuite le Gégé, il a des méthodes un peu brutale. Vlà-ty pas qu'un jour il placarde une affiche Wanted avec le nom d'un gars, plus son adresse, plus son téléphone, sous prétexte que ce gars a une ardoise trop épaisse. Tu me diras, ouais mais bon, faut payer aussi. Pas faux. Cependant où est-ce que t'as vu que c'était le Far West ici ?

Pour finir, dans ce bar, jamais ils t'offrent une tournée, jamais. Tu peux y aller six jours sur sept, tu peux leur amener des tonnes de monde, tu peux leur faire de la pub (genre vas-y, tu vas trouver l'amour, t'as qu'à voir moi)...même pas un petit digeo pour la route, que dalle. Si tu es un peu attentif, tu n'es pas sans savoir qui j'ai un pote qui y travaille dans ce bar...et donc c'est un peu un déchirement. Mais merde, le client est roi et notre amitié y résistera.

Du coup je vais dans un bar un peu plus loin et je suis pas la seule. Force est de constater qu'une migration, que tu peux qualifier de grégaire si ça te fait plaisir, a eu lieu (mais t'en fais pas, le bar de Gégé tourne toujours, pas de risque de faillite). Là-bas, y aussi une terrasse, y a des cacahuètes (bon point), enfin en ce moment c'est plutôt mélange soi-disant japonais (et moi je suis malienne), mais ça se mange, ça va.

En fait, pour te faire un historique digne de ce nom, ce nouveau bar, c'est celui où on a maté pas mal de matches de foot, debout sur les chaises tu vois ? Pas celui où y a un conteur camerounais. Pas le bar-tabac non plus. L'autre. Et là, rien à voir. Tu bois deux bières, on t'offre la troisième. Hier, pour te donner un exemple, je sors de chez l'analyste, j'achète le journal et je me pose devant un sirop de citron. Une heure après je me meus pour rejoindre le charmant, je veux régler, le patron veut pas. Alors bon hein, si c'est pas des bons commerçants ça ?

Bon ça c'était pour contextualiser. Maintenant je te présente deux nouvelles connaissances avec qui on cause livres et cinéma. D'abord y a la grande dame, moultes fois croisée, abordée depuis peu. On se connaît pas bien mais il se passe vraiment quelque chose. Ouais oh ça va, le coup de la figure maternelle, c'est pas la peine, elle a rien de maternel, avec moi en tout cas. À la base elle voulait visiter mon lieu de travail, mais comme sa mère est en train de mourir, bon ben on va attendre un peu.

Ensuite y a Phénix (pote du charmant) en pleine rupture amoureuse. Alors lui il me fait bien marrer. Sa phrase fétiche : je l'aime encore mais cette fois c'est bien fini. Il hésite : est-ce que je remplis son appart de roses ou est-ce que je le détruis ? Une chose est sûre, c'est que, contrairement à ses dires, entre le romantisme et le rock'n'roll prévisible, il n'en a pas encore fini avec cette histoire. Un autre jour il t'affirme que ça y est, point final, la preuve : il arrête de fumer, il va see raser le crâne, changer de prénom et aller à la piscine demain dès l'aube. Au final tu fais la fermeture du bar avec lui, il te taxe des clopes (c'est bien, t'auras tenu deux heures, c'est toujours ça de pris) et tu doutes fortement de ses capacités à faire des longueurs sans couler.

Bon tout ça pour dire que entre l'agonie de la vieille mère, les déchirements de l'amour et les hésitations d'une fille qui a peur de ce qu'elle veut, ou qui veut ce dont elle a peur, ou qui sait pas ce qu'elle veut, ou qui sait qu'elle a peur, ou qui a peur de savoir ce qu'elle veut (oui je parle de moi, comment t'as deviné ?), ben y a moyen de s'amuser.

lundi 11 septembre 2006

♫ Comme dit si bien Verlaine ♫ comme dit si bien Gainsbourg

Aujourd'hui on est lundi. Le lundi, je te raconte mon week-end. Alors on va pas se priver des derniers repères qui nous restent hein, faut pas déconner. Cependant t'attends pas à des miracles, je te fais pas un dessin mais bon, tu vois ce que je veux dire.

Je commence par vendredi soir (comme souvent le week-end). Le charmant charmeur chilien a trouvé du taff. Ça se fête, à base de foie gras, car sur le coup on a manqué d'imagination, on s'est pas cassé la tête, on s'est dit Tiens ! si on dépensait la tune qu'il a pas encore gagné ? Oh ben oui, bonne idée, allons dans ce resto si cher et si bon. Il me parle de four (pas celui du théâtre, entendons-nous bien), comme quoi ce serait bien qu'il en ait un, mais il pressent que ça va pas tarder. Quand tu sais que j'ai un four...Non mais tu vois comment ils sont les gens ? ils te laissent soi-disant réfléchir alors qu'en fait...

Cela dit, ne va pas croire qu'il ne m'a parlé que de ça. Toi on te dit un truc et tout de suite tu te fais tout un film...Après on s'est couché car il devait se lever pas longtemps après (ouais c'est un genre de taff où tu commences des fois à 7h du mat et des fois tu finis à minuit, et des fois tu travailles la nuit, et des fois t'es en week-end, mais pas souvent et pas en même temps que tout le monde, ce serait trop commun).

Samedi je me réveille chez lui et je décide de tenter une expérience. Un truc de ouf. Au lieu de me fringuer, de faire le tour de l'appart à la recherche des mille petits trucs que je peux éparpiller en l'espace de peu de temps et de tracer...je me dis, écoute Ada, imagine qu'ici c'est chez toi...Allez ma fille, sois forte, essaye. Alors je prépare du thé, je cale un vinyl sur la platine, je me vautre sur le futon du salon. Même, tu vas halluciner, je me sers un verre de jus d'orange. Je fais le lit, la vaisselle. Après je lutte avec les rideaux (si ma réponse finale est négative, elle s'originera là : écoute, j'ai bien réfléchi, je n'arrive pas à ouvrir tes rideaux, il vaut mieux en rester là...), je lutte donc, pour accéder à la fenêtre et cloper. Je prends une douche, je feuillette l'Officiel, j'allume mon portable pour voir l'heure, je l'éteins parce que c'est comme ça, faut pas me déranger en ce moment. Je trace au cinéma.

La science des rêves. Me demande pas ce que j'en ai pensé, je me suis endormie quand il lui dit de faire une forêt dans sa barque (au début) et je me suis réveillée quand ils sont sur le cheval (à la fin). Ouais. Cela dit, dormir pendant la science des rêves hein...

En sortant je me pose dans un parc au soleil avec un bouquin. Un jeune homme avec poussette me demande la permission de s'asseoir à côté de moi sur le banc. Les gens nous matent comme si on était ensemble et là, j'ai des velléités de tenter à nouveau une expérience de ouf, genre lui demander le prénom du petit, pour pouvoir répondre aux curieux qui s'arrêtent en disant : oh comme il est mignon ! comment il s'appelle ?, histoire de participer, de jouer à la maman et tout. Puis non au final, à chaque jour suffit sa peine. Alors je me lève et je rentre chez moi.

Samedi soir, chez la soeur du charmant. Y a des cousins de retour de Colombie ou du Nicaragua, des cadeaux par milliers, des bons petits plats, du champagne et...la maman du charmant. Seule ombre au tableau, mon portable étant malencontreusement allumé, un coup de fil d'ex-monamour pour prendre des nouvelles et qu'il conclue par un "À bientôt".

Dimanche, la même dis donc. Réveil chez le charmant, seule. Je fais tout pareil. Et je vais voir "Le vent se lève". Cette fois je ne dors pas. Par contre je pleure. Ah ben oui on peut pas tout avoir. Au sortir de là je marche longtemps, je vois sur mon portable que j'ai raté, entre autres, une proposition de taï chi chuan avec une grande dame que j'ai rencontrée depuis peu (c'est ça de pas être joignable, les gens arrivent pas à te joindre). Je rejoins le charmant, il est épuisé. Mais on sort quand même un peu. On rencontre la grande dame par hasard, on boit un coup avec elle, on va mater des vinyls, on rentre, on se fait un gros spliff et on comate toute la soirée en écoutant de la musique.

J'ai l'air de m'en tenir au récit comme ça mais ça carbure dans ma petite tête, faut pas croire. T'inquiète pas pour moi, bientôt j'arrête mon numéro et je rallume mon portable.

vendredi 8 septembre 2006

♫ Keats and Yeats are on your side, while Wilde is on mine ♫

Je rejoins ex-monamour (tu remarques rien ?) sur une terrasse, pas loin du lieu, délaissé depuis, d'un de nos premiers rendez-vous. Déjà ça fait bizarre. Quelqu'un m'a dit récemment que souvent les histoires finissent comme elles ont commencé. Sur le chemin ça me revient et tu vas rire, moi non.

Très vite on en arrive à l'essentiel, à savoir que moi je pense qu'étant donné les circonstances, vu que ça peut pas continuer, en toute logique, vaut mieux qu'on arrête (j'ai des raisonnements irréfutables parfois). Ok on arrête. Il me propose quand même d'aller dîner. Je refuse. On se quitte triste. Le lendemain il me téléphone pour aller boire un verre. Je refuse, parce que bon, souviens-toi, hier on s'est séparé pour de vrai. Oui mais on peut bien boire un verre, dit-il, ça empêche pas. Si, ça empêche. Sevrage.

Parallèlement le charmant charmeur chilien déploie des trésors de douceurs sucrées pour me convaincre de m'installer chez lui. Figure-toi qu'il ne propose pas ça à tout le monde, loin de là, que même ça va restreindre son indépendance, cette affaire (et la mienne d'indépendance, tout le monde s'en fout ?). En plus il est tout prêt à donner à mes livres la place qui leur est due...Adroit n'est-ce pas, il vise juste, tout de suite il me prend par les sentiments. Et puis ça serait une bonne transition vers un éventuel petit Totoro. Face à mes hésitations, un compromis : on fait le point dans un mois et d'ici là je réfléchis.

Pour ne rien te cacher, je ne suis pas au mieux de ma forme. Paraîtrait que c'est normal. Puis ça va s'arranger, regarde : Ta faim !? jsé knon mé lapéti vien en mangeant ! Jtattend ! Viens ! Jtemmène o vent ! Jtemmène o desu dé gens !

jeudi 7 septembre 2006

♫ I've come to wish you an unhappy birthday ♫

Tu veux que je te raconte une soirée mémorable ?

Première partie ou À côté l'odyssée d'Ulysse c'est de la rigolade.

Mardi soir, le charmant charmeur chilien et moi étions invités à un anniversaire sur une péniche. J'étais pas enchantée à cette idée pour diverses raisons (je te le dis, ma séance d'analyse m'a mise au pied du mur, et je suis pas une poule, et y a pas de pain dur alors bon), notamment le fait que j'apprécie moyennement notre hôte. Sans compter la fatigue.

Cependant, après avoir pris les chemins de fer, motivation et énergie reviennent, je souris chaleureusement aux gens dans la rue et dans le métro. Je renifle un peu aussi mais ça, que veux-tu, c'est un droit non ?

On arrive devant le Palais des Congrès, un peu avant minuit. Là une voiture est censée venir nous chercher. On attend. Longtemps. Quand je te dis longtemps, c'est longtemps. Vraiment ça dure quoi. Il fait chaud et soif vu que les chemins de fer, ça déshydrate. On commence même à se dire qu'on aurait dû finir à pied...quand les gars se pointent enfin. On s'entasse dans un petit véhicule, avec d'autres qui attendaient comme nous mais on le savait pas vu qu'on se connaissait pas, non mais si c'est pas marrant la vie...

Long périple, moi en contorsionniste sur les genoux du charmant. Et la péniche elle est pas exactement au bout du monde non, faut avancer encore un peu après, tant que tu vois pas les dames qui font le trottoir, et là si tu t'es pas perdu, ben te réjouis pas trop vite, t'es pas arrivé...

Deuxième partie ou L'art de recevoir.

Bref, à un moment les portières s'ouvrent, je me déplie, j'ai mal partout mais bon on va pas s'arrêter à ce genre de détail. Nous sommes accueillis par notre hôte dégoulinant de sueur, qui arrête de se déhancher sur la piste pour nous servir des coupes de champagne et disparaître aussitôt. On peut pas dire que ça déborde de monde, ambiance relativement calme.

Le gâteau arrive, chanson, soufflage des bougies, discours...La copine de...j'en ai marre de dire notre hôte, je le dis jamais en plus d'habitude, je sais pas ce qui me prend...la copine du mec que j'aime pas (ah voilà, on se sent mieux) salue le charmant en disant : oh tu es là ? je savais pas que tu étais invité. Accueillante et hospitalière quoi la fille.

Nous on connaît pas grand monde. Ça danse pas, ça reste en petits groupes hermétiquement clos. Le charmant, dans toute sa splendeur (sincèrement j'admire), va vers les gens, se présente. Apparemment ça les surprend. Ben oui quoi, on est dans une teuf, on n'est quand même pas là pour faire connaissance, manquerait plus que ça malheureux. Nous échangeons des regards dubitatifs.

Le charmant s'esquive sur la terrasse pour fumer tandis que je persiste encore un peu, avec un pote du mec que j'aime pas, qui me raconte sa vie (je sais à peu près tout sur son cousin, ce qui, tu en conviendras, est très très intéressant) et se fout totalement de la mienne. Par défaut le champagne est mon ami. On a amené ce qu'il reste de chemins de fer mais étant donné le ton de cette soirée, on n'y touche pas, faut pas gâcher.

Troisième partie ou Ça se discute (pas).

Sur la terrasse on se retrouve, le charmant et moi. Vague tentative d'approche d'une fille qui jouait dela guitare en guise de cadeau. Comme elle se contente de dire oui, non, voire rien, bon on laisse tomber, on veut pas déranger. Le charmant émet l'idée de se barrer au plus vite. Ça va peut-être t'étonner, j'approuve.

On se positionne stratégiquement, de façon à pouvoir taper l'incruste dans la première voiture qui lèvera le camp (ben ouais, pas moyen de partir à pied...à moins de marcher toute la nuit pour retrouver la civilisation). Un jeune couple vient s'asseoir avec nous. Mais mais, que se passe-t-il ? des gens sociables ? non ?

T'emballe pas, en fait ils avaient déjà croisé le charmant ailleurs. Ah bon, tu me rassures, je me disais aussi...Il parle avec la fille, je parle avec le mec. Le charmant descend nous chercher du champagne. Je me retrouve avec les deux petits jeunes et classiquement ils me demandent comment on s'est rencontré, le charmant et moi, et depuis combien de temps. Oh ben je sais pas trop, ça doit faire deux mois, un truc du style. La fille fait des yeux ronds : deux mois ? non c'est pas possible parce que nous on l'a vu il y a un mois et demi et...Elle ne finit pas sa phrase, histoire que je comprenne bien ce qu'elle veut dire. Alors, si tu veux savoir, je me suis pas mise à calculer, à faire des recoupements et tout. Je me suis seulement dit : mais c'est un nid de gens sans tact ici, c'est incroyable.

Le charmant revient. Une discussion s'engage sur le capitalisme et la fille soutient que c'est une bonne chose, que ça donne de l'espoir. Puis ça dérive sur Sarkozy, comme quoi il serait pas mal le gaillard. À ce stade je bois de la vodka (pénurie de sky, le sort s'acharne sur moi). Puis le mec annonce que franchement lui il voit bien Le Pen au second tour. La fille pense que les étrangers font rien qu'à profiter. Le mec aimerait Le Pen au pouvoir pour voir ce qui se passerait. Je lui dis qu'à l'échelle locale on peut déjà constater le désastre, va leur demander à Vitrolles ce qu'ils en pensent. Le charmant met en garde contre ce genre de discours fascisant. Mais le mec répond qu'avec le fascisme y a plus de problème, y a que des solutions, si tu me plais pas je te bute. Bien.

Je me lève (sans les bousculer tu noteras) et je vais fumer une clope plus loin. Le charment me rejoint assez vite. On hallucine. Je lui raconte le coup de "mais vous êtes ensemble depuis quand ?" Il réfléchit, dément. Je lui dis que là n'est pas le problème, que je tiens pas à savoir, juste je trouve ça gratuitement méchant ou très maladroit, mais vu comme ils sont cons, on peut pas vraiment faire la part des choses. Le charmant dément quand même, il dit que c'est important.

Quatrième partie ou Des fois tu ferais mieux de rester chez toi.

Une voiture se casse mais ne va pas dans la même direction que nous. La deuxième idem. La troisième sera la bonne. On rentre, on couche, on dort pas (avec les chemins de fer, tu voyages jusqu'au bout de la nuit).

Moralité : on a beau être sur une péniche, on est pas tous dans la même galère.

lundi 4 septembre 2006

♫ À colorier chez soi ou à consumer sur place ♫

Que d'émotions les enfants ! Pas la rentrée des classes non. Tu crois vraiment que je peux m'occuper d'autre chose que de moi-même ? Bon alors. On va procéder par ordre : grand un, (ex)-monamour ; grand deux, charmant charmeur chilien.

Grand un. Il veut qu'on achète un appartement ensemble, c'est pas tout à fait nouveau mais c'est la première fois qu'on en discute sérieusement. Moi, tu me connais, c'est hors de question. Je commence par embrouiller l'affaire en lui parlant de notre relation qui n'en est pas une à mon sens, vu que 1) on se voit une fois par semaine à tout casser (ben oui, il serait temps), 2) on ne fait plus l'amour, 3) ça ressemble à de l'amitié ça, non, ou j'ai rêvé ? Il répond que ah bon ? on n'est pas vraiment ensemble ? ben pourtant...Oui mais non. Alors bon dans ces conditions il me paraît prématuré de réaliser un tel projet. Tout de suite les grands mots, se récrie-t-il, il n'est pas question d'amour, il est question de capitaliser pour l'avenir. Ok je vois. En fait il me proposerait un simple deal entre associés, une espèce de comme qui dirait bonne occase...Non mais tu crois que je lis pas dans son jeu ? je commence à le connaître l'animal, il la joue homme d'affaires mais attends, tu vas pas me faire croire qu'il n'y a que ça. Eh non forcément y a pas que ça. Puisque c'est avec moi qu'il veut le faire hein. Alors bon il a fallu en passer par des choses qui font mal. Pour recadrer un peu, bien obligée de sortir l'artillerie lourde. Genre, comme tu le sais déjà tout en faisant semblant de l'ignorer, y a un charmant charmeur chilien qui occupe une certaine place dans ma vie.

Grand deux (non mais t'as vu cette fluidité dans la transition ? De rien). qu'est-ce qu'on se marre hein j'te jure. On croise un pote dans la rue qui nous demande : et vous, ça va ? Le charmant répond en désignant mon ventre : ça va, elle en est à deux mois là. Plus tard dans son lit, alors qu'on a dîné, il a encore faim : je fais peut-être une grossesse nerveuse, suggère-t-il. Je te passe les phases est-ce que t'as les seins qui poussent, non c'est plus bas que ça pousse, tout ça tout ça (quand je te dis qu'on rigole, on est des fous nous) et je te précise au passage que je ne suis PAS enceinte...mais disons que c'est un thème récurrent que je m'empresse de laisser stagner sur le mode plaisanterie...Toujours dans ce lit, je lis, on commence une phrase quasiment en même temps.

Moi : tu sais où ça se trouve...?

Lui : dis-moi, puisque tu passes le plus clair de ton temps chez moi...

Moi : ...la rue Miromesnil ?

Lui : tu pourrais t'installer chez moi.

Moi : c'est vers les Champs non ?

Lui : ça nous ferait faire des économies.

Moi : c'est où la rue Miromesnil ?

Lui : mais tu dois avoir beaucoup d'affaires non ?

Moi : c'est où la...non pas trop

Lui : ah ben c'est cool alors

Moi : ...

Lui : ah tu réfléchis là hein ?

Je ressens autant de tristesse (grand un) que de joie (grand deux). Et encore, la tristesse à mon avis c'est rien à côté de ce qui m'attend. Parce que pour l'instant je suis censée donner une réponse mercredi à (ex)-monamour, même si y a plus grand chose à dire. J'ai bien l'impression que la balance, à part qu'elle fait rien qu'à cafter, penche...Je sais pas ce que t'en penses mais ça prend une certaine tournure là non ?

La question, grave, c'est (normalement je devrais pas avoir besoin de préciser, on commence à bien se connaître toi et moi) : c'est où la rue Miromesnil ?

jeudi 31 août 2006

♫ La recette de l'amour fou ♫ (de Serge Breton)

(Attention terrain glissant)

Préliminaires : 20 à 30 minutes.

Cuisson : 20 à 30 minutes à feux doux, moyen et vif.

Ingrédients (pour deux personnes) : 1 charmant charmeur chilien (si vous n'en avez pas, un homme dans la force de l'âge fera l'affaire), 1 Ada (idem au féminin) (à noter : cette recette s'accommode très bien aussi avec deux personnes du même sexe)

♫ Dans un boudoir, introduisez un coeur bien tendre ♫ : je te détrompe tout de suite, le boudoir, rien à voir avec le biscuit. Le charmant invite Ada à dîner chez lui (oui, tu as bien compris, c'est moi le coeur tendre, pourquoi ? ça te pose un problème ?)

♫ Sur canapé laissez s'asseoir et se détendre ♫ pareil hein, le canapé rien à voir avec le toast. Pendant que le charmant fait l'inventaire des placards, Ada se prélasse sur le futon du salon.

♫ Versez une larme de porto ♫ oui pourquoi pas, mais moi j'aime pas trop, en plus on avait déjà pris l'apéro dehors. ♫ Et puis mettez-vous au piano, jouez Chopin avec dédain, égrenez vos accords ♫ : le charmant met un vinyl sur la platine, mais plutôt Nina Simone (♫ Summer time, and the leaving is easy, fish are jumping ♫)

Là un malencontreux oubli : Merde, la vaisselle ! s'exclame-t-il. Qu'à cela ne tienne, Ada toujours serviable et attentionnée (tu permets que je m'auto-congratule ? tu seras bien aimable) se porte volontaire. Non non, laisse...Bon dans ce cas je vais pas insister non plus hein, faut pas déconner.

♫ Il ne tient qu'à vous d'être tendre ♫ : pendant que le charmant opère, Ada, dans son dos, procède à de douces caresses descendantes, jusqu'à obtention de l'ouverture de braguette. Passage de la station verticale à la station semi-verticale (agenouillée quoi, fais pas semblant de pas comprendre) et du manuel au buccal...Si je puis me permettre un conseil pratique, préférez une vaisselle peu sale parce que sur la fin les coups d'éponge se font moins énergiques.

Le charmant met un truc à cuire (quoi comme truc ? À ce stade franchement laisse-moi te dire que tout le monde s'en fout. Un truc comestible hein, on va pas chipoter. Des pâtes, du riz, histoire de se reconstituer après l'effort).

Pendant ce temps Ada se charge de ♫ Tamise[r] toutes les lumières ♫

Retour sur le futon. Question déshabillage, Ada a un peu de retard par rapport au charmant qui lui a déjà son fut sur les genoux...Rééquilibrage, inversion des rôles (non je me suis pas mise à faire la vaisselle).

♫ Jouez la farce (dois-je préciser que rien à voir avec le dindon ?) du grand amour, dites jamais, dites toujours ♫ : oui oui, chacun sa façon de faire. Traditionnellement on dit plutôt "encore" mais après, bon, les spécialités régionales sont toujours bienvenues.

Merde, le riz - les pâtes - la semoule (choisis ton féculent) ! Intermède ultra-rapide pour étiendre le feu des plaques (mais seulement celui des plaques).

♫ Et consommez sur canapé ♫ je vous l'ai déjà dit, c'est un futon. Quant à la consommation elle-même, au moment de l'interconnexion, pour épicer un peu, on a choisi de se mettre debout. Et je pèse mes mots...

mercredi 30 août 2006

♫ Sympathy for the devil ♫

J'ai eu un week-end décalé. Dimanche et lundi.

Jusqu'ici rien de très original. Pas décalé dans ce sens-là non. Décalé dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, demi-tour, déplacement latéral du côté où tu votes, entrechat, pas de bourrée (ces termes ne sont pas employés au hasard. Si tu n'as pas fait de danse classique c'est une chance, tu comprendras mieux ce que je veux dire)...En gros mon temps de sommeil a excédé mon temps d'éveil. Du coup j'ai pas grand chose à te raconter, tu te doutes bien.

À part mes rêves peut-être. Non pas les rêves, t'es fou ou quoi. Bon ok laissons parler mon inconscient. En ce moment je rêve une nuit sur deux que je fais l'amour avec une femme. Mais jamais la même oh attends, tu m'as pris pour qui ? Voilà voilà...

Cependant si j'ai beaucoup dormi, il s'est quand même passé de belles et bonnes choses...qui voudraient m'effrayer mais je commence à avoir de l'expérience, je vais pas me laisser faire, là j'ouvre un oeil vite fait, histoire que tu t'inquiètes pas et je retourne sous la couette (sur le divan aussi oui).

Alors d'abord, pour te montrer à quel point je suis épuisée, je vais te donner des exemples de choses qui m'ont fait mourir de rire alors que y a pas de quoi (tout le plaisir est pour moi - non mais vraiment fallait pas - mais si mais si j'insiste - mais vous avez fait des folies - oh vous savez c'est rien du tout) (je suis pas hystérique, je suis crevée, c'est pas pareil).

La première, à la vérité, m'a juste fait ricaner. Nous étions chez des amis avec le charmant charmeur chilien. Quelqu'un grattait un jeu et c'était compliqué parce qu'il savait pas bien s'il avait fait apparaître le bon symbole (symbole qui symbolisait un panier ou un évier, les avis divergeaient, ou un chien à la limite, on les reconnaît plus de nos jours). Donc bref il grattait dans tous les sens et le charmant dit un truc du style : et là tu grattes la case Nul si découvert et t'as l'air d'un con. Bon évidemment personne ne rit. Sauf moi.

Ensuite (mais chronologiquement ça s'était passé avant) (mais ça n'a pas grande importance) (c'est juste pour dire) nous étions dans le métro, toujours avec le charmant, on venait de se retrouver avec de grandes effusions de joie, tu sais comme dans le film là, on courait l'un vers l'autre les bras grands ouverts...non je rectifie...il fonçait 1) sur moi et 2) sur son skate, dérapait de façon contrôlée, me prenait dans ses bras, me faisait 1) tournoyer et 2) des bisous dans le cou et mes pieds (alouette gentille alouette) ne touchaient plus terre, tu te rends compte un peu ? Ensuite donc nous étions dans le métro et il chantait et ça faisait ♫ j'suis un imbécile, j'suis vraiment un imbécile, je suis un imbécile heureux ♫ sur l'air de ♫ I'm an alien, I'm a legal alien, I'm an Englishman in New York ♫ Essaye tu verras, ça le fait. Bon j'avoue j'ai ri.

Mais le summum du rire je l'ai atteint un matin, samedi, jour travaillé pour Ada (la pauvre), dans le métro encore, seule cette fois, à part les voyageurs. Autant te dire que j'étais soulée d'aller au taff alors que tout le monde se payait une grasse matinée (d'autant que le vendredi soir au bar, tout le monde s'installe en disant : ah ça fait du bien d'être en week-end...Non mais tu prends ton cas personnel pour une généralité, c'est ça ? Mais quel regard étroit sur le monde, c'est pitoyable. Figure-toi qu'il y a des gens qui bossent le samedi. Je dis ça, c'est pour t'élargir l'esprit hein, j'ai pas du tout la haine). Et là, à 8h44, dans ce métro parisien qui fleure la déprime (limite on dansait sur les strapontins, la pêche les enfants, je vous dis que ça), je reçois un SMS : Jme sui pas recouché. Je li é mé pensées von ver toi ! Courage ptite marmotte ! Sache kil y en a dotre ki bossent ds dé fabrik de chocolat ! À cet instant très précis (♫ où tu m'as dit je vais partir et puis, tu es partie, j'ai cherché le repos ♫) j'ai éclaté de rire. Et je me suis un peu tapé l'affiche dans le métro mais c'est pas grave parce qu'après je continuais de rire dans la rue, comme ça tout le monde a pu en profiter.

Sinon, y a pas que la rigolade dans la vie. Venons-en aux choses sérieuses de l'âge adulte. (Ex)-monamour veut me parler d'un projet qu'il a conçu pour nous. Déjà je flippe. Puis ce projet prend le qualificatif d'immobilier...Euh qu'entends-tu par là ? Ben immobilier, qu'on achète. Ah immobilier je vois, un truc genre constructif quoi ? mais là je suis en speed, on en reparle hein...

D'autant que le charmant charmeur chilien se met l'air de rien à me parler de prénoms : qu'est-ce que t'aimes bien comme prénom de fille, toi ? ou de garçon ? Pardon ?

Quand je te dis que c'est effrayant. Mais attendrissant, c'est bien là le problème, Ada s'attendrit, la vieille carne, elle se laisserait presque tenter (avantage au charmant dans l'histoire) et ça décuple sa peur. Tu ne t'étonneras donc pas si, quand les protagonistes de ma double vie se mettent à suivre le même chemin de façon synchronisée, je dors 14 heures par jour, siestes non incluses. Non c'est pas de la fuite, c'est de la fatigue, t'es sourd ou quoi ?