mercredi 18 octobre 2006

♫ Amour tu me tueras ♫

Dimanche tu mates un DVD avec le charmant charmeur chilien. Tu pièges un peu tes cigarettes, à peine, juste pour l'odeur. T'allumes aussi un bâtonnet d'encens, tu te cales sur le canapé, tu te fais câliner. Ton téléphone vibre, tu réponds pas, c'est pas le moment.

Lundi tu sors du taff en courant pour tenter une arrivée presque pas à la bourre à ton cours de chorale. En vrai c'est un cours de langue vivante mais tu préserves son anonymat d'autant que pour l'instant, t'en es à la prononciation, entouré d'une bonne trentaine de personnes qui reprennent en choeur, donc...

Deux heures après tu retrouves le charmant et Phénix dans le nouveau bar. T'apprends que la mère de la grande dame est morte. C'est sûr, tu pouvais pas appuyer sur pause, c'est pas comme si tu savais pas hein, alors pourquoi ça t'a pas traversé l'esprit que ça pouvait être ça ? Tu t'en veux pas du tout de pas avoir décroché. Tu penses que t'es vraiment trop nul.

T'appelles la grande dame et elle te rejoint chez le Turc, là où tu manges des frites. Il est minuit, t'as juste envie d'aller dormir, ainsi que le charmant. Elle, elle a peur de se retrouver seule. Alors tu restes. Tard. Elle te montre des photos, elle te raconte son enfance, t'essayes de rester concentré parce que quand même ça te rappelle des trucs et t'es pas là pour ça. La peine des autres, quand elle te remémore la tienne, ça t'éloigne d'eux ou ça t'en rapproche ? C'est bizarre quand t'y penses.

Avant d'éteindre tu rigoles avec le charmant. Il a changé de taff, vu que l'autre c'était un peu comme de l'esclavagisme mais en moins bien et que bon, si on peut même plus se faire fouetter, où va le monde. La boîte en question vend toute sorte de produits de beauté, de compléments alimentaires, à base de nature 100 % naturelle, très intéressants, très indispensables et très chers. Ils font même du kasher et du hallal. Alors tu trouves le slogan qui tue : prends-en, c'est bon pour ton Ramadan.

Mardi forcément t'as pas assez dormi. T'arrives tôt au taff pour une formation. Tu choisis larve comme forme, ça te paraît un bon début. Quatre heures après t'as pas trop le temps de déjeuner pour cause de réunion.

Puis tu te poses devant ton écran. Exprès pour te contredire, ça dysfonctionne. Sournoisement qui plus est. Genre tu vas quasiment au bout de tes rêves, des rêves qui prennent du temps tant qu'à faire, tu manipules et tu cliques dans tous les sens, jusqu'à ce qu'on te demande de confirmer que t'es sûr sans hésitation ni remords ni regrets, dites je le jure, mais attendez est-ce vraiment votre dernier mot ? Tu dis OUI et là t'es éjecté, sans préavis ni lettre d'excuse, l'application se ferme et t'es comme un con.

Con peut-être mais têtu. Tu recommences. À force t'appelles le service informatique. Ils mettent longtemps à comprendre alors que franchement t'expliques très bien. Ils te demandent de refaire la manip, pour qu'ils voient bien, à distance, de quoi ils retournent. Tu cherches la caméra. Y en a pas. Ok ok, tu prends conscience qu'ils ont une visibilité totale sur ton écran, tu te sens pas du tout observé, heureusement t'étais pas en train de mater une chose ou l'autre...non parce que eux, tu supposes qu'ils s'en foutent mais disons qu'on a sa dignité quoi. Au final ils te dissnt qu'ils vont transmettre le problème au niveau 2. Te voilà rassuré.

Le soir tu te couche aux côtés du charmant ♫ [tu] veux mourir dans [s]on lit, non pas de pleurésie, mais mourir assouvi de [s]es cajôleries...amour le doux trépas dans [s]es bras ♫

Le lendemain je pense queue.

lundi 16 octobre 2006

"La connerie c'est la décontraction de l'intelligence"

J'irai pas par quatre chemins, en gros deux-trois ça devrait suffire.

Vendredi, alors que le week-end approche à grands pas d'Aragorn, je reçois un mail assez étonnant (quoique sympathique) car primo je n'ai pas croisé l'envoyeur depuis fort longtemps, secundo nous ne sommes collègues que très très éloignés (ceci expliquant cela, finalement) :

Objet : te sachant fan de...

...Dupontel, as-tu vu "Président" ? Sachant que le film n'est pas de lui et que les critiques sont moyennes, je me demandais si cela valait le coup ? Si tu ne l'as pas vu et que tu souhaites le voir, nous pourrions le voir ensemble ? Il ne passe plus qu'aux Halles et sur les Champs. Voilà, c'est juste une proposition qui me vient en imprimant les horaires. Dans tous les cas, très bon week-end Ada.

Et c'est signé : le killer de hamster.

Moi ça me viendrait pas à l'idée ce genre de chose. Je dois pas assez m'intéresser à mon prochain. Bon. Je lui ai conseillé d'aller voir plutôt Indigènes.

Samedi soir, anniversaire d'une amie (le récit de cette soirée occulte tout ce qui n'est pas montré) (première nouvelle). L'appart est grand mais les pièces petites. Deux groupes se forment.

Quand je me lève pour remplir mon assiette, du côté du charmant charmeur chilien, ça cause acides et conséquences, ceux qui sont restés perchés, les suicidés, les internés, les rescapés. Tandis que nous, on parle du niveau qui baisse (oui, y a des profs dans l'assistance, comment t'as deviné ?), vachement moins rock'n'roll, c'est sûr.

Ensuite une petite nana vient me demander comment j'ai connu notre hôtesse. Ben en fait c'est son mec que j'ai connu en premier (bibliquement puis amicalement), j'explique sans trop rentrer dans les détails et je lui renvoie la question. Et sa réponse...pfff...pourquoi ils font tous rien qu'à m'énerver ? Oh tu sais, on vient un peu tous du même endroit, dit-elle en balayant le salon du regard, je suppose que tu as fait une hypokhâgne ? Euh oui mais...Voilà, moi aussi. Ah ok ok, on joue au bal des anciens de Louis le Grand, j'comprends tout, in petto-je, puis à haute voix : mais tu ne sais peut-être pas, y a des gens ici qui n'ont pas leur bac et il se pourrait même qu'ils fassent des fautes d'orthographe...Elle prend ça pour une plaisanterie, la pauvre.

(T'as vu comment je t'ai glissé que j'avais fait une prépa ? t'as même l'impression que je suis modeste).

Quelqu'un nous fait un exposé sur la répression de l'usage de stupéfiants dans l'armée en Indochine. Pas inintéressant mais là c'est plutôt cours magistral et tu poses les questions après ; ouais c'est bon, il est où le pinard ?

Heureusement des fois ça rigole. Si si je t'assure. Par exemple, une fois où ça a pas mal rigolé, c'est au moment du gâteau : le seul enfant présent, âgé de deux ans, par l'odeur et les couleurs alléché, envoie ses mains directement dans le plat. NON NON NON, s'exclame quelqu'un qui n'est ni son père ni sa mère, TU DOIS ATTENDRE D'ETRE SERVI. L'enfant se cache dans le dos de sa mère avec des regards de haine et de frustration. Éclat de rire général, attends, trop drôle. C'est pas pour faire ma rabat-joie, mais bon, tu vois quoi.

Ça rebondit ausitôt sur l'éducation à l'africaine, comme quoi ça se fait collectivement, tandis qu'en Occident non et tout ça tout ça, jusqu'à ce que quelqu'un dise qu'avant, l'Éducation nationale c'état le ministère de l'Instruction publique (combien de fois déjà ? combien de fois encore ? pitié, j'en peux plus de l'entendre celle-ci), et de là, forcément, on en revient au niveau, qui baisse, tu savais pas ? mais d'où tu sors enfin ? t'as pensé à faire ta vidange ? Bon ben je crois qu'on a fait le tour là. Champagne peut-être, des fois qu'on se détende un peu la réflexion ?

Le clou du spectacle arrive assez tard, lors d'un débat animé par BHL, avec Finkielkraut, Luc Ferry, Glucksmann et...allez, Michel Onfray...Un débat sur les médias donc, des médias qui, comment dire...médiatisent, oui voilà. Encore que le concept de médiatisation ne soit pas entièrement satisfaisant (du latin satis, assez et facio, je fais. Alors, gérondif ou adjectif verbal ? Non mais te casse pas, je dis ça au pif), en l'occurrence, si tu vois ce que je ne veux pas dire...(prends un air inspiré et intelligent). Et y en a un qui lit pas la presse, qui écoute pas la radio, qui regarde pas la télé, qui se tient informé uniquement par le biais de ses collègues (mais ils sont profs, ses collègues, c'est pas n'importe qui). Alors le charmant lui dit que oui, d'accord, mais pour le coup, en voulant avoir le regard le plus objectif possible sur les événements, il passe par tellement d'intermédiaires éloignés de la source...que bon, c'est un peu paradoxal. As-tu compris ce qu'il vient de dire ? rassure-moi, dis-moi oui. Parce que l'anti-médias, lui, il capte pas, il dit : qu'entends-tu exactement par là ? Une fille vient au secours du charmant en disant : en fait il se place dans une dialectique déterministe. Et l'anti-médias : ah d'accord, je vois. Texto. Je te mens pas. Là j'ai eu du mal à dissimuler ma consternation. Le charmant renvoie à la fille : oh là, comme tu exprimes bien ce que je voulais dire, et c'est c'est limite si elle lui répond pas : de rien, je t'en prie.

Il reste pas une binouze quelque part ?

jeudi 12 octobre 2006

♫ Puisque ma vie n'est rien alors je la veux toute ♫

Que tu le veuilles ou non, on va faire un petit arrêt sur image. Respire, j'ai pas dit arrêt du blog, relis, tu vas voir...Tu crois que je peux faire fi de mes responsabilités ? tu crois que je serais capable de tet lâcher alors que je te suis encore tellement nécessaire ? Voyons, tu sais bien que tu peux compter sur moi, tu le sais, je vais pas toujours le répéter. Ton angoisse d'abandon tout le temps, franchement fais quelque chose. Et puis cesse de paniquer pour rien, ça devient pénible.

Bon t'es prêt ? Prends un quart de feuille, inscris ton nom en haut à gauche, interrogation surprise à choix multiple. Ah ben oui, fallait bien que ça arrive un jour. Et non on peut pas reporter à demain, la surprise c'est maintenant, tu prends ton air étonné merci.

Question : c'est qui mon pote ?

Petit a, c'est le gars qui me porte sur ses épaules à la fête de l'Huma.

Petit b, c'est le gars qui râle le matin.

Petit c, c'est le gars avec qui je bois un verre le jour de la rencontre décisive avec le charmant charmeur chilien.

Allez allez, exécution. C'est pas compliqué, reconnais-le. C'que je ferai pas pour faciliter ton passage...Bon ça y est, t'as trouvé ?

Hier soir on se retrouve sur une terrasse, à côté de mon taff. Je crois avoir déciddé un jour de ne plus metter ls pieds dans ce bar à cause des tarifs. Mais bon, on n'a pas beaucoup de temps, on chipote pas. Quand le serveur pose la note, dans une superbe pince à linge au nom de l'établissement, juste à côté des amuse-gueules (le comble du chic, très cher, des bonbons piqués sur des cure-dents, tout à fait adapté à un apéro à la bière), je décide pour la deuième fois de en plus jamais revenir. Mon pote reçoit un SMS de sa belle. Yeux qui brillent, léger rosissement des joues, étirement de la bouche vers le haut, visage illuminé de l'intérieur. Arrêt sur mon pote : cet homme est heureux.

Tandis qu'il enfourche son destrier vers de nouvelles aventures, je monte dans le métro pour rejoindre le charmant en terrasse u nouveau bar. Au moins la bière est abordable (elle se la joue pas top model trop belle pour toi) et les assiettes de charcuterie gratuites et plus adéquates. Forcément on croise du monde.

Question : c'est qui Phénix ?

Petit a, c'est le gars qui renaît de ses cendres.

Petit b, c'est le gars déchiré par l'amour.

Petit c, c'est le gars qui veut se raser le crâne.

On n'a pas toute la nuit non plus. Le jour de l'examen, ce sera en temps limité, faudra gérer mon ami. N'oublie pas qu'on est là pour tester tes savoirs. Moi je m'en fous, je la connais la leçon.

Phénix a beaucoup maigri, il n'a pas bonne mine mais comme d'habitude, il annonce que ça va mieux. Ça te rappelle rien ? Tous les jours, à tout point de vue, je vais de mieux en mieux. Mmm ? Coué-ce que t'en dis ? Alors je répète pour ceux du fond : quand quelqu'un te serine qu'il va mieux, c'est qu'il est pas serein. Il se frotte les mains tel Ponce-Pilate (j'attire ton attention, il ne faut pas le confondre avec Pierre Ponce, qui frotte aussi, mais c'est un faux-ami, méfie-toi), il se triture la barbichette. Le regard vague, il dit qu'il va faire le tour du monde, à la roots, en cargo et sac à dos. Arrêt sur Phénix : cet homme a du mal à se poser.

Autour de 23 heures on décide qu'on va peut-être rompre le jeûne. Ouh là non qu'est-ce que tu vas encore imaginer, je te rappelle qu'on prend l'apéro là, alors les piliers de l'Islam, je veux bien, mais nous on fait plutôt piliers de bar. Comme c'est le mois de Ramadan, on va manger un couscous, quand même on n'est pas totalement hors sujet (prends exemple). La nuit est douce, on migre vers une autre terrasse. Une quatrième personne s'est greffée à notre joyeuse troupe (on fait des arrêts sur image, je peux bien mettre des clichés).

Question : c'est qui la grande dame ?

Petit a, c'est une nana qui pourrait être ma mère mais ça n'a rien à voir.

Petit b, c'est une nana qui est en train de perdre sa mère.

Petit c, c'est une nana experte en tai chi chuan.

C'est bon, t'as compris le principe ? Tu vois que c'était pas la peine de flipper, je suis pas là pour te mettre des bâtons dans les roues, aie confiance un peu.

Ça fait longtemps qu'on l'a pas vue, faut dire qu'elle est pas très disponible actuellement. À l'hosto y a quelques temps, ils disaient que c'était une question de semaines. Maintenant ils parlent de jours. Ils se sont pris pour Apollinaire ou quoi ? Elle raconte le contraste de sa mère sous assistance respiratoire et nous, bien vivants, bons vivants. Devant un jus d'abricot, enveloppée dans son écharpe en cachemire, ses yeux se voilent d'un peu de tristesse et d'un peu de joie. Arrêt sur la grande dame : cette femme est émue.

On mange de bon appétit. On part de Garcimore, on passe par les levers de soleil dans la montagne et on en arrive au cinéma.

Question : c'est qui le charmant charmeutr chilien ?

Petit a, c'est un gars charmant.

Petit b, c'est un gars charmeur.

Petit c, c'est un gars chilien.

T'es bientôt au bout de tes peines, encore un petit effort, je fais vite, promis.

Le charmant est resté très proche de moi de la soirée. Il veut qu'on voie ensemble In the mood for love (qu'est-ce que ça cache ?). Il baise le creux de ma main. Arrêt sur le charmant : cet homme est aimant.

La récré dans une minute, on finit. Prends tous ces arrêts sur image, tu vas comprendre.

Question : c'est qui Ada ?

Petit a, c'est une fille heureuse.

Petit b, c'est une fille qui a du mal à se poser.

Petit c, c'est une fille émue.

Petit d, c'est une fille aimante.

Y a pas de piège.

lundi 9 octobre 2006

"Quoi ! Nulle trahison ?...Ce deuil est sans raison"

On dirait bien que la loose bordélique s'est décidée à donner le meilleur d'elle-même, à la manière d'une grande championne, que tu crois qu'elle a fait son maximum alors qu'en fait elle peut, encore et toujours, te surprendre en allant plus haut et plus fort, et si ça se trouve c'est pas fini, mais bon tiens, on lui décerne lal médaille d'or, qu'elle nous laisse tranquille deux minutes ok ? regarde, y a les bisounours à la télé, ça nous changera (il se pourrait que j'aie encore un peu de fièvre, mais je crache plus mes poumon puisque j'en ai plus).

Je t'entends d'ici, t'es en train de t'exclamer : aaaaaaaaaaaah (comme quand la lumière s'éteint. Ou s'allume, ça dépend du point de vue), enfin elle va nous parler de sa loose, ça suffit les mystères. Sache cependant que je ne suis pas en état de te construire un truc carré, ni même rectangulaire, ce genre de truc qui fait ma réputation, allez arrête, je sais ce qui se dit dès que j'ai le dos tourné : Ada elle fait des posts trop bien construits, en trois ou quatre points et autant de sous-parties, c'est limpide, on dirait du Barbara Cartland. Merci, tu es vraiment gentil et ça me touche. Je vais essayer hein mais je t'ai prévenu (c'est les séquelles, t'inquiète, ça va passer).

Ça commence l'air de rien vendredi soir, à l'intérieur du nouveau bar. Pas en terrasse, pour raison de santé de ma part et pour cause d'intempéries de la part de la météo. J'ai la crève et il pleut quoi. Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville ; quelle est cette langueur, t'as bien appris ça à l'école. Le charmant me montre un début d'article pour un magazine de skate.

Deux de ses potes sont là, dont un qui parle de Béa. Béa. Tu connais pas Béa ? Attends, Béa, 37°2...une très bonne amie. Elle fait une teuf bientôt. Et Vincent et Monica ils sont bien installés à Ménilmontant, Monica fait parfois le marché là-bas. Quant à Vanessa ça va. Par contre Joey, fut un temps, il traînait avec de la sale racaille défoncée au crack. Je fais bien de ne pas acheter la presse people, c'est pas la peine, il m'a suffisamment soulée. (Là normalement tu sens que va pas trop falloir me chercher ce soir)

Les potes du charmant se barrent et on va rejoindre les miens dans un autre bar. J'explique à mon pote où j'en suis question appart. Ça tombe bien, ça me permet de faire un petit récapitulatif pour toi. Tu te souviens du deal ? je suis censée réfléchir au sujet suivant : vais-je ou en vais-je pas m'installer chez le charmant ? Au début j'en parle autour de moi, je fais part de mes réticences. Une amie, dont la situation est l'exact inverse de la mienne (c'est son mec qui hésite), me propose une colocation : comme ça on payera pas trop cher pour un appart où on n'est pas souvent et on a une solution de repli au cas-z-où...Cependant, changement de programme de son côté, son mec finit par accepter la vie commune. Du coup ma velléité de donner un préavis de départ à mon proprio est resté lettre morte. Conclusion : je ne bouge pas. Voilà ousque j'en suis (je précise que pendant que je dis tout ça, le charmant n'est pas à portée d'oreille).

Dîner. Bla bla. Le charmant fait un peu son jaloux par rapport à mon pote, mais discrètement, y a que moi qui comprend et tu penses comme ça me plaît. On rentre se coucher. Après une engueulade tout en finesse : alors comme ça tu me vois comme un égoïste qui pense qu'à sa gueule ? pas exactement mais en partie oui...mais si c'est ce que tu penses, qu'est-ce qu'on fait ensemble ? et autres mots doux, voici comment ça se termine tandis que je rassemble mes affaires : n'oublie pas tes bouquins. Et ta brosse à dents. Et tiens, reprends tes 20 euros, j'ai pas envie de te devoir de l'argent. Je pose sa clé sur la table et je trace ma route sans un regard en arrière, ni remords ni regrets, telle est ma devise. Je suis pas du tout en panique, tu plaisantes.

Alors qu'est-ce que t'en dis ? Si c'est pas de la bonne et belle embrouille ça. Arrivée chez moi, téléphone : bon, on est un peu plus calme, si tu veux revenir pour discuter...J'y retourne, avec ses bouquins à lui quand même, ça rigole plus. Sauf qu'on est vachement content de cette session de rattrapage, mais faut pas que ça se voie, on a sa dignité (eh ça va hein, je suis sûre que tu fais moins ton malin quadn ça t'arrive). On est soulagé de ce qu'on évite.

Ouais bon, c'est clair comme le jour de l'eau de roche cristalline qu'on n'a pas du tout envie de se séparer, simplement il manque quelques paroles à notre romance. Alors on met des mots sur plein de choses, un peu comme dieu au départ, ça on l'appelle le ciel et ça la terre, et ça c'est mon soutif et ça ton caleçon, oh mais dis donc...enfin tu m'as compris. Évidemment on se réconcilie, tout ça tout ça. Il me redonne sa clé, il remet ma brosse à dents à coté de la sienne.

Le poète pose souvent les bonnes questions au bon moment. C'est bien la pire peine de ne savoir pourquoi sans amour et sans haine mon coeur a tant de peine. Alors bon je veux savoir pourquoi. Et pas des raisons à deux balles, l'égoïsme, la disponibilité, et patati et patata, tout ça c'est de la surface. Trois hypothèses (mais en fait c'est un peu la même).

1) Je doute de ses sentiments et je le mets à l'épreuve. Car

2) J'ai peur que mon refus de vivre avec lui aboutisse à la fin de notrer relation. Donc

3) Je cherche à provoquer une fin que je sens inéluctable.

D'où 1)...etc

Tu remplaces tous les 'je" par des "il" et m'est avis que ce schéma s'applique, tel l'abat-jour d'un élève studieux, au charmant. Il ressort de tout ça qu'on a la trouille parce qu'on s'aime, génial, oh ben alors de quoi tu te plains ?

Samedi tu sais, c'est la nuit blanche à Paris. Pour nous ça fera jamais que la deuxième consécutive. Alors je t'explique : c'est la nuit et elle est blanche (et voilà, trois week-ends de suite). Dimanche Verlaine peut se reposer, t'as vu ce temps splendide ?

mardi 3 octobre 2006

Ceci est mon corps (de métier)

Tu n'es pas sans savoir que, selon le calendrier du travailleur moyen, les vacances c'est bien fini. Alors nous au taff, avant le pot de la confraternité, on se fait une grand-messe de rentrée, histoire de recadrer les fidèles, de faire des bilans et des projets, tout ça...que des trucs excitants, t'imagines pas.

Ma technique c'est d'être à la bourre (oui eh oh c'est pas la peine de dire comme d'hab, je fais des efforts je te signale), ça commence jamais à l'heure. J'arrive avec un calepin et un stylo. Et mon bouquin, on sait jamais. La séance est à peine déclarée ouverte que quelqu'une se lève et quitte la salle. Une salle, soit dit en passant, où tu pourrais faire une sacrée teuf. Je me dis qu'elle a peut-être pas tort. Dans le doute je feuillette la prose d'Henry Miller. Le grand prêtre (alias monsieur le directeur) se met à encenser (sans encensoir, déconne pas, on est moderne) son adjointe qui arbore une nouvelle coupe de cheveux pour l'occasion. Mon voisin de gauche me prie de simuler une transe-possession pour faire diversion, vers 11h30, heure à laquelle il souhaite aller communier ailleurs.

Au bout de pas trop longtemps, l'intégralité de la rangée derrière moi semble plongée dans une profonde méditation collective, les yeux clos, la respiration lente. Du coup je m'intéresse un peu au maître de cérémonie (mec au micro pour les intimes). Si ça se trouve, il est en train de tous nous hypnotiser, le traître (vous paupières sont lourdes, vous n'écoutez que ma voix, vous m'appartenez. Machin (oui, c'est un homme à hommes), vous passerez sous mon bureau dès que possible ; les autres vous vous consacrerez corps et âme au service public). Mais non, il dit juste qu'il va énumérer les difficultés (eh ben on n'est pas rendu). Il est vachement tôt pour la marmotte que je suis, si en plus ça roupille derrière, ça va être dur de se motiver, j'te jure...

Mais je m'accroche en fixant mon regard sur le cul très apparent d'une collègue adepte des pantalons taille basse : je constate qu'elle ne porte pas de string, peut-être n'a-t-elle rien sous son jean...

Ma voisine de devant soupire fort et regarde ostensiblement sa montre, environ toutes les dix secondes (estimation basse). Je me demande bien pourquoi elle est venue ; étant donné la forte densité de population, son absence serait passée inaperçue, déjà qu'on la voit pas forcément très bien quand elle est seule. Tout de même, elle brille par sa connerie, faut être juste. C'est marrant, j'ai pas d'exemple à te donner, mais c'est ce genre de fille (ou de mec hein) que t'as sûrement déjà rencontré, y a pas de raisons : quand elle ouvre la bouche, tu peux pas t'empêcher de penser mais qu'est-ce qu'elle est conne, c'est pas possible ! À tel point que des fois t'es obligé de lui dire.

En l'occurrence elle a de la concurrence en la personne d'un gars...celui-là faut que je t'en parle vite fait. Au début tout le monde me dit : quoi ? tu lui parles à lui ? tu sais qu'il dit bonjour à personne et qu'il est psychopathe ? Moi tu me connais, je me laisse pas influencer, le gars me salue, il est souriant, à la cantine on discute musique électronique. Il compose, je lui demande s'il a des trucs à me faire écouter, il me propose d'abord des trucs d'artistes reconnus (par timidité je suppose). Il vient souvent me chercher pour des pauses-clopes...Trop souvent, je finis par me dire. Il m'apporte un CD intitulé Eros Sphère...Y a peut-être un message caché hein, qu'est-ce que t'en penses ? Puis je constate qu'effectivement il est pas aimable du tout avec les autres. Un jour il m'invite chez lui pour choisir moi-même ce que je veux écouter, c'est plus pratique...Ben voyons. Bon là j'ai été obligée d'argumenter mon refus par une mise au point nette et non négociable. Depuis il ne me dit plus bonjour et il em regarde avec son rictus de psychopathe. Comme quoi, parfois, la majorité a raison.

Donc, niveau connerie il est en forme, en tout cas aujourd'hui - c'est un con circonstanciel, un peu comme tout le monde (sauf la nana à la montre qui est titulaire) : il pose une question...mais une question...juste histoire de poser une question quoi, je ne vois pas d'autre explication. Ça sidère pas grand monde vu que personne écoute, mais je suis curieuse de la réponse du mec au micro qui, selon toute apparence, a suivi assidument ses formations d'encadrement. La preuve, il commence sa phrase par j'ai dû mal m'exprimer (traduction : t'es vraiment qu'un con qui capte rien) et il reformule.

Ça se réveille un peu derrière. J'entends qu'on chuchote Je vais tenter une sortie-toilettes définitive. Mon portable bippe (ouais ouais ouais, je sais. J'ai oublié, ça t'arrivev jamais peut-être ? En plus personne n'y prête attention, alors ? il est où le problème ?) : Ma nuit démar tard. Jpense fort à toa é o pingouin ! Mangé bien ce midi ! Il fo pleins de vitamines pr se préparer à l'hiver. Jvous bizoute ! Bonne journée ma douce ! Ton ptit cor me mank !

Je déconnecte le téléphone et moi-même. L'écran de mon cerveau s'anime d'images chaudes et lascives, doux péché charnel...jusqu'à ce que monsieur le directeur (de conscience) annonce : Nunc est bibendum. Ah oui, j'ai oublié de te dire, c'était une grand-messe en latin.

lundi 2 octobre 2006

♫ Wine in the morning and some breafast at night, well I'm beginning to see the light ♫

Je sais je sais, tu meurs d'impatience que je déroule devant toi les fabuleuses péripéties de mon week-end. Allez avoue, fais pas ton timide, je te connais comme si je t'avais fait. D'ailleurs je t'ai fait, tu crois qu'il sort d'où ce personnage à qui je m'adresse sinon de ma tête ? (eh ouais j'engendre tel Jupiter) (mais t'inquiète, je parle aussi à toi, oui toi là).

D'abord je commence à prendre de mauvaises habitudes. Bon c'est vrai j'en ai déjà plein, comme fumer, être très désorganisée dans mon planning laverie-ménage, arriver à la bourre...j'en oublie sûrement. Les chemins de fer faudrait quand même que ça reste occasionnel. Deux week-ends de suite, ça va encore. Trois peut-être pas. Rendez-vous en fin de semaine donc, pour voir...

Le charmant charmeur chilien et moi, on se retrouve dans un appart, un peu par hasard, sur l'impulsion de l'illustre illustrateur (celui qui fait des dessins pas beaux et qui offre même pas de coups à ses vernissages). S'agit d'une crémaillère. J'entre dans ce trois-pièces : y a pas mal de monde mais à part l'illustre susdit (un peu) et le charmant (beaucoup plus) je ne connais personne, tu visualises ?

J'entrepose les bouteilles au frais. Dans la cuisine, un couple se roule des pelles à la pelle tandis qu'un Tahitien surmonté d'un bonnet péruvien dévore une assiette bien garnie en puisant de temps à autre dans le saladier de guacamole. Je constate en mon for intérieur que je me trouve du côté oral de la soirée et je me sers une binouse.

La copine de l'illustre illustrateur raconte en anglais une histoire de chapeau, comme quoi c'était celui de son père et il était de la même couleur que ses yeux à elle (donc une espèce de noisette disons), le truc de ouf quoi...Bon en fait j'ai quelques soucis de concentration et je ne saisis pas la chute, que le charmant ponctue d'un It was a hard day for you. L'illustre illustrateur renchérit : it was a hat day ! Qu'est-ce qu'on se marre hein...

À l'usage il devient évident que ce couple se la joue grave. Si tu veux, l'illustrateur se prend pour un nouveau Warhol, mais je sais pas bien où est-ce qu'il situe sa Factory, sans compter que son côté soi-disant underground a des tendances très fashion...J'adore. Alors je pars en quête de compagnie.

Et je tombe sur un styliste chinois qui m'explique que c'était dur pour lui, au début, la France, vu que dans son taff il s'exprime en anglais et en chinois, ce qui ne facilite pas la pratique de la langue autochntone, tu en conviendras comme lui et moi, mais attends la suite : il se décide à prendre des cours de français et devine quoi ? son prof est japonais ! Bon ben au final il s'en sort pas trop mal. Je comprends tout ce qu'il dit. L'inverse est faux donc je me mets en mode vocabulaire minimal. Il m'apprend à compter en chinois. On dérive sur la langue des signes.

Ensuite je passe au whisky, faut pas déconner. C'est le moment où je rencontre une nana qui a l'air un peu barrée, à moins qu'elle ne soit que bourrée. Toujours est-il qu'on accroche bien. Encore une qui viendra visiter mon lieu de travail. Son mec s'en mêle et on en vient à parler de cette petite ville de province où j'ai vécu autrefois et que je suis bien contente d'avoir quittée. Lui il y est passé en vacancier. Il m'explique pourquoi il aime pas : un jour il veut acheter un blouson. Mais comme il vient d'une région où il pleut souvent, il demande à la vendeuse si elle aurait pas le même avec une capuche. Elle répond, dédaigneuse : pourquoi ? vous vous en servez, vous, de la capuche ? Comme quoi t'es un vrai plouc si tu te protèges la tête. Face à tant de snobisme, son jugement est fait. Il veut bien reconnaître que c'est aller un peu vite en besogne. Je veux bien reconnaître que l'attitude de la vendeuse est tout de même révélatrice d'un état d'esprit propre au lieu.

Petite session dans la salle de bain avec le charmant. Pas très pratique niveau discrétion et confidentialité car toutes les portes ont été retirées. Tu saisis le message ? Ici c'est open house. Une énorme bougie se consume dans la baignoire. Lumière tamisée. En guise de paille, des billets (trop la classe à Dallas). Je choisis celui de 5 euros, n'étant pas constituée de façon à recevoir des tuyaux d'un montant supérieur. Bien reboostée je kiffe la musique.

Peu après je recroise le charmant et c'est heureux, vois-tu, parce qu'il a un truc qui dépasse du nez et c'est pas une crotte. Ne te retourne pas, prends un air dégagé, tout va bien se passer, le plus dur est fait, voilà il n'y paraît plus. Hum.

Après je discute avec un jeune métis cambodgien. Son pote qui s'est greffé est tout étonné que je connaisse Beauvais (?). Il est quatre heures du matin, l'heure pour moi de dîner.

Puis le charmant me signifie qu'on va peut-être pas tarder, qu'est-ce que j'en pense ? Cette proposition m'agrée. Mais, je ne sais trop comment, je me retrouve en grande discussion avec une demoiselle qui s'avère être la maîtresse de maison. Tu me diras, j'aurais pu m'en rendre compte avant : c'est la seule qui est pieds nus...Je t'avoue que ces instants avec elle sont un peu flous. Elle est en train de boucler une thèse qui tournerait autour de l'analyse vidéo (sous réserves).

Quelqu'un se lance dans une imitation d'Éric et Ramzy (oui, les deux à la fois). Y a Johnatan Richman et les Modern Lovers en fond sonore (youpi !). La bibliothèque se compose uniquement de bouquins de philo (trop grillé que t'as pas déballlé les polars et les BD). Les toilettes ne ferment pas à clé, tu veux pas me tenir la porte ?

(Toujours pas envie de te parler de moi, pour cause de loose bordélique, je vais pas te le dire à chaque fois, mange du poisson, je sais pas). Quand on se couche, il se pourrait qu'il fasse jour. En tout cas quand on se lève, il fait nuit. Et tout le reste est littérature.