Je sais je sais, tu meurs d'impatience que je déroule devant toi les fabuleuses péripéties de mon week-end. Allez avoue, fais pas ton timide, je te connais comme si je t'avais fait. D'ailleurs je t'ai fait, tu crois qu'il sort d'où ce personnage à qui je m'adresse sinon de ma tête ? (eh ouais j'engendre tel Jupiter) (mais t'inquiète, je parle aussi à toi, oui toi là).
D'abord je commence à prendre de mauvaises habitudes. Bon c'est vrai j'en ai déjà plein, comme fumer, être très désorganisée dans mon planning laverie-ménage, arriver à la bourre...j'en oublie sûrement. Les chemins de fer faudrait quand même que ça reste occasionnel. Deux week-ends de suite, ça va encore. Trois peut-être pas. Rendez-vous en fin de semaine donc, pour voir...
Le charmant charmeur chilien et moi, on se retrouve dans un appart, un peu par hasard, sur l'impulsion de l'illustre illustrateur (celui qui fait des dessins pas beaux et qui offre même pas de coups à ses vernissages). S'agit d'une crémaillère. J'entre dans ce trois-pièces : y a pas mal de monde mais à part l'illustre susdit (un peu) et le charmant (beaucoup plus) je ne connais personne, tu visualises ?
J'entrepose les bouteilles au frais. Dans la cuisine, un couple se roule des pelles à la pelle tandis qu'un Tahitien surmonté d'un bonnet péruvien dévore une assiette bien garnie en puisant de temps à autre dans le saladier de guacamole. Je constate en mon for intérieur que je me trouve du côté oral de la soirée et je me sers une binouse.
La copine de l'illustre illustrateur raconte en anglais une histoire de chapeau, comme quoi c'était celui de son père et il était de la même couleur que ses yeux à elle (donc une espèce de noisette disons), le truc de ouf quoi...Bon en fait j'ai quelques soucis de concentration et je ne saisis pas la chute, que le charmant ponctue d'un It was a hard day for you. L'illustre illustrateur renchérit : it was a hat day ! Qu'est-ce qu'on se marre hein...
À l'usage il devient évident que ce couple se la joue grave. Si tu veux, l'illustrateur se prend pour un nouveau Warhol, mais je sais pas bien où est-ce qu'il situe sa Factory, sans compter que son côté soi-disant underground a des tendances très fashion...J'adore. Alors je pars en quête de compagnie.
Et je tombe sur un styliste chinois qui m'explique que c'était dur pour lui, au début, la France, vu que dans son taff il s'exprime en anglais et en chinois, ce qui ne facilite pas la pratique de la langue autochntone, tu en conviendras comme lui et moi, mais attends la suite : il se décide à prendre des cours de français et devine quoi ? son prof est japonais ! Bon ben au final il s'en sort pas trop mal. Je comprends tout ce qu'il dit. L'inverse est faux donc je me mets en mode vocabulaire minimal. Il m'apprend à compter en chinois. On dérive sur la langue des signes.
Ensuite je passe au whisky, faut pas déconner. C'est le moment où je rencontre une nana qui a l'air un peu barrée, à moins qu'elle ne soit que bourrée. Toujours est-il qu'on accroche bien. Encore une qui viendra visiter mon lieu de travail. Son mec s'en mêle et on en vient à parler de cette petite ville de province où j'ai vécu autrefois et que je suis bien contente d'avoir quittée. Lui il y est passé en vacancier. Il m'explique pourquoi il aime pas : un jour il veut acheter un blouson. Mais comme il vient d'une région où il pleut souvent, il demande à la vendeuse si elle aurait pas le même avec une capuche. Elle répond, dédaigneuse : pourquoi ? vous vous en servez, vous, de la capuche ? Comme quoi t'es un vrai plouc si tu te protèges la tête. Face à tant de snobisme, son jugement est fait. Il veut bien reconnaître que c'est aller un peu vite en besogne. Je veux bien reconnaître que l'attitude de la vendeuse est tout de même révélatrice d'un état d'esprit propre au lieu.
Petite session dans la salle de bain avec le charmant. Pas très pratique niveau discrétion et confidentialité car toutes les portes ont été retirées. Tu saisis le message ? Ici c'est open house. Une énorme bougie se consume dans la baignoire. Lumière tamisée. En guise de paille, des billets (trop la classe à Dallas). Je choisis celui de 5 euros, n'étant pas constituée de façon à recevoir des tuyaux d'un montant supérieur. Bien reboostée je kiffe la musique.
Peu après je recroise le charmant et c'est heureux, vois-tu, parce qu'il a un truc qui dépasse du nez et c'est pas une crotte. Ne te retourne pas, prends un air dégagé, tout va bien se passer, le plus dur est fait, voilà il n'y paraît plus. Hum.
Après je discute avec un jeune métis cambodgien. Son pote qui s'est greffé est tout étonné que je connaisse Beauvais (?). Il est quatre heures du matin, l'heure pour moi de dîner.
Puis le charmant me signifie qu'on va peut-être pas tarder, qu'est-ce que j'en pense ? Cette proposition m'agrée. Mais, je ne sais trop comment, je me retrouve en grande discussion avec une demoiselle qui s'avère être la maîtresse de maison. Tu me diras, j'aurais pu m'en rendre compte avant : c'est la seule qui est pieds nus...Je t'avoue que ces instants avec elle sont un peu flous. Elle est en train de boucler une thèse qui tournerait autour de l'analyse vidéo (sous réserves).
Quelqu'un se lance dans une imitation d'Éric et Ramzy (oui, les deux à la fois). Y a Johnatan Richman et les Modern Lovers en fond sonore (youpi !). La bibliothèque se compose uniquement de bouquins de philo (trop grillé que t'as pas déballlé les polars et les BD). Les toilettes ne ferment pas à clé, tu veux pas me tenir la porte ?
(Toujours pas envie de te parler de moi, pour cause de loose bordélique, je vais pas te le dire à chaque fois, mange du poisson, je sais pas). Quand on se couche, il se pourrait qu'il fasse jour. En tout cas quand on se lève, il fait nuit. Et tout le reste est littérature.
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