mercredi 13 septembre 2006

"Et je m'en vais au vent mauvais"

Bon là il se passe des choses, faut que je te raconte.

Depuis quelques temps j'ai changé de bar. Celui où j'allais avant, plus connu sous le nom de "bar en bas de chez moi" alors qu'en fait le terme exactt c'est "bar en bas de chez le charmant charmeur chilien" (ça fait exercice d'élocution ici en prime, ne me remercie pas, je l'ai eu pour pas cher) (pas le charmant, charrie pas) (mais qui sait ? peut-être un jour "bar en bas de chez moi s'avèrera juste également, vu que tu sais quoi), j'y vais plus.

Tu vois, c'est pas compliqué la vie, tu comprends rien mais c'est pas grave. Maintenant si tu me demandes pourquoi, je te répondrai parce que. Si tu précises ta question, je te donnerai mes raisons, au nombre de plusieurs, entre autres : un des serveurs, appelons-le Gégé, c'est moche, ça lui va bien - range la terrasse beaucoup trop tôt, limite tu te demandes si tu déranges pas. Un soir, profitant de l'absence momentanée du charmant parti en quête de frites, il avait fait le vide autour de moi, à tel point que j'avais dû âprement lutter pour conserver la chaise du charmant, tout en envoyant au susnommé un SMS qui disait en substance : au secours !

Figure-toi qu'au temps de mon célibat, le Gégé en question était tout mielleux avec moi, tu vois le genre ? Si tu es une fille seule, morte de faim, va voir Gégé, il s'occupera de toi. Celles qui l'ont essayé (perso j'en connais qu'une) ne s'en vantent pas (par contre lui oui, t'inquiète, tout l'arrondissemnt sera au jus si tu te tapes le Gégé), elles ont plutôt tendance à avoir honte, voire même à se déresponsabiliser derrière des "oui mais si tu savais comme j'étais bourrée (non merci, chacun sa technique, je ne veux pas de détails), je me souviens de rien (menteuse)". Bon moi je n'ai pas tenté l'expérience. Disons juste qu'il m'a draguée par ci par là et que devant tant de mauvaise volonté, il a lâché l'affaire. Mais entre la tentative de te retenir après la fermeture et les signaux ostentatoires pour te faire dégager vite fait bien fait, il y a un juste milieu qu'il maîtrise mal.

Ensuite le Gégé, il a des méthodes un peu brutale. Vlà-ty pas qu'un jour il placarde une affiche Wanted avec le nom d'un gars, plus son adresse, plus son téléphone, sous prétexte que ce gars a une ardoise trop épaisse. Tu me diras, ouais mais bon, faut payer aussi. Pas faux. Cependant où est-ce que t'as vu que c'était le Far West ici ?

Pour finir, dans ce bar, jamais ils t'offrent une tournée, jamais. Tu peux y aller six jours sur sept, tu peux leur amener des tonnes de monde, tu peux leur faire de la pub (genre vas-y, tu vas trouver l'amour, t'as qu'à voir moi)...même pas un petit digeo pour la route, que dalle. Si tu es un peu attentif, tu n'es pas sans savoir qui j'ai un pote qui y travaille dans ce bar...et donc c'est un peu un déchirement. Mais merde, le client est roi et notre amitié y résistera.

Du coup je vais dans un bar un peu plus loin et je suis pas la seule. Force est de constater qu'une migration, que tu peux qualifier de grégaire si ça te fait plaisir, a eu lieu (mais t'en fais pas, le bar de Gégé tourne toujours, pas de risque de faillite). Là-bas, y aussi une terrasse, y a des cacahuètes (bon point), enfin en ce moment c'est plutôt mélange soi-disant japonais (et moi je suis malienne), mais ça se mange, ça va.

En fait, pour te faire un historique digne de ce nom, ce nouveau bar, c'est celui où on a maté pas mal de matches de foot, debout sur les chaises tu vois ? Pas celui où y a un conteur camerounais. Pas le bar-tabac non plus. L'autre. Et là, rien à voir. Tu bois deux bières, on t'offre la troisième. Hier, pour te donner un exemple, je sors de chez l'analyste, j'achète le journal et je me pose devant un sirop de citron. Une heure après je me meus pour rejoindre le charmant, je veux régler, le patron veut pas. Alors bon hein, si c'est pas des bons commerçants ça ?

Bon ça c'était pour contextualiser. Maintenant je te présente deux nouvelles connaissances avec qui on cause livres et cinéma. D'abord y a la grande dame, moultes fois croisée, abordée depuis peu. On se connaît pas bien mais il se passe vraiment quelque chose. Ouais oh ça va, le coup de la figure maternelle, c'est pas la peine, elle a rien de maternel, avec moi en tout cas. À la base elle voulait visiter mon lieu de travail, mais comme sa mère est en train de mourir, bon ben on va attendre un peu.

Ensuite y a Phénix (pote du charmant) en pleine rupture amoureuse. Alors lui il me fait bien marrer. Sa phrase fétiche : je l'aime encore mais cette fois c'est bien fini. Il hésite : est-ce que je remplis son appart de roses ou est-ce que je le détruis ? Une chose est sûre, c'est que, contrairement à ses dires, entre le romantisme et le rock'n'roll prévisible, il n'en a pas encore fini avec cette histoire. Un autre jour il t'affirme que ça y est, point final, la preuve : il arrête de fumer, il va see raser le crâne, changer de prénom et aller à la piscine demain dès l'aube. Au final tu fais la fermeture du bar avec lui, il te taxe des clopes (c'est bien, t'auras tenu deux heures, c'est toujours ça de pris) et tu doutes fortement de ses capacités à faire des longueurs sans couler.

Bon tout ça pour dire que entre l'agonie de la vieille mère, les déchirements de l'amour et les hésitations d'une fille qui a peur de ce qu'elle veut, ou qui veut ce dont elle a peur, ou qui sait pas ce qu'elle veut, ou qui sait qu'elle a peur, ou qui a peur de savoir ce qu'elle veut (oui je parle de moi, comment t'as deviné ?), ben y a moyen de s'amuser.

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