jeudi 7 septembre 2006

♫ I've come to wish you an unhappy birthday ♫

Tu veux que je te raconte une soirée mémorable ?

Première partie ou À côté l'odyssée d'Ulysse c'est de la rigolade.

Mardi soir, le charmant charmeur chilien et moi étions invités à un anniversaire sur une péniche. J'étais pas enchantée à cette idée pour diverses raisons (je te le dis, ma séance d'analyse m'a mise au pied du mur, et je suis pas une poule, et y a pas de pain dur alors bon), notamment le fait que j'apprécie moyennement notre hôte. Sans compter la fatigue.

Cependant, après avoir pris les chemins de fer, motivation et énergie reviennent, je souris chaleureusement aux gens dans la rue et dans le métro. Je renifle un peu aussi mais ça, que veux-tu, c'est un droit non ?

On arrive devant le Palais des Congrès, un peu avant minuit. Là une voiture est censée venir nous chercher. On attend. Longtemps. Quand je te dis longtemps, c'est longtemps. Vraiment ça dure quoi. Il fait chaud et soif vu que les chemins de fer, ça déshydrate. On commence même à se dire qu'on aurait dû finir à pied...quand les gars se pointent enfin. On s'entasse dans un petit véhicule, avec d'autres qui attendaient comme nous mais on le savait pas vu qu'on se connaissait pas, non mais si c'est pas marrant la vie...

Long périple, moi en contorsionniste sur les genoux du charmant. Et la péniche elle est pas exactement au bout du monde non, faut avancer encore un peu après, tant que tu vois pas les dames qui font le trottoir, et là si tu t'es pas perdu, ben te réjouis pas trop vite, t'es pas arrivé...

Deuxième partie ou L'art de recevoir.

Bref, à un moment les portières s'ouvrent, je me déplie, j'ai mal partout mais bon on va pas s'arrêter à ce genre de détail. Nous sommes accueillis par notre hôte dégoulinant de sueur, qui arrête de se déhancher sur la piste pour nous servir des coupes de champagne et disparaître aussitôt. On peut pas dire que ça déborde de monde, ambiance relativement calme.

Le gâteau arrive, chanson, soufflage des bougies, discours...La copine de...j'en ai marre de dire notre hôte, je le dis jamais en plus d'habitude, je sais pas ce qui me prend...la copine du mec que j'aime pas (ah voilà, on se sent mieux) salue le charmant en disant : oh tu es là ? je savais pas que tu étais invité. Accueillante et hospitalière quoi la fille.

Nous on connaît pas grand monde. Ça danse pas, ça reste en petits groupes hermétiquement clos. Le charmant, dans toute sa splendeur (sincèrement j'admire), va vers les gens, se présente. Apparemment ça les surprend. Ben oui quoi, on est dans une teuf, on n'est quand même pas là pour faire connaissance, manquerait plus que ça malheureux. Nous échangeons des regards dubitatifs.

Le charmant s'esquive sur la terrasse pour fumer tandis que je persiste encore un peu, avec un pote du mec que j'aime pas, qui me raconte sa vie (je sais à peu près tout sur son cousin, ce qui, tu en conviendras, est très très intéressant) et se fout totalement de la mienne. Par défaut le champagne est mon ami. On a amené ce qu'il reste de chemins de fer mais étant donné le ton de cette soirée, on n'y touche pas, faut pas gâcher.

Troisième partie ou Ça se discute (pas).

Sur la terrasse on se retrouve, le charmant et moi. Vague tentative d'approche d'une fille qui jouait dela guitare en guise de cadeau. Comme elle se contente de dire oui, non, voire rien, bon on laisse tomber, on veut pas déranger. Le charmant émet l'idée de se barrer au plus vite. Ça va peut-être t'étonner, j'approuve.

On se positionne stratégiquement, de façon à pouvoir taper l'incruste dans la première voiture qui lèvera le camp (ben ouais, pas moyen de partir à pied...à moins de marcher toute la nuit pour retrouver la civilisation). Un jeune couple vient s'asseoir avec nous. Mais mais, que se passe-t-il ? des gens sociables ? non ?

T'emballe pas, en fait ils avaient déjà croisé le charmant ailleurs. Ah bon, tu me rassures, je me disais aussi...Il parle avec la fille, je parle avec le mec. Le charmant descend nous chercher du champagne. Je me retrouve avec les deux petits jeunes et classiquement ils me demandent comment on s'est rencontré, le charmant et moi, et depuis combien de temps. Oh ben je sais pas trop, ça doit faire deux mois, un truc du style. La fille fait des yeux ronds : deux mois ? non c'est pas possible parce que nous on l'a vu il y a un mois et demi et...Elle ne finit pas sa phrase, histoire que je comprenne bien ce qu'elle veut dire. Alors, si tu veux savoir, je me suis pas mise à calculer, à faire des recoupements et tout. Je me suis seulement dit : mais c'est un nid de gens sans tact ici, c'est incroyable.

Le charmant revient. Une discussion s'engage sur le capitalisme et la fille soutient que c'est une bonne chose, que ça donne de l'espoir. Puis ça dérive sur Sarkozy, comme quoi il serait pas mal le gaillard. À ce stade je bois de la vodka (pénurie de sky, le sort s'acharne sur moi). Puis le mec annonce que franchement lui il voit bien Le Pen au second tour. La fille pense que les étrangers font rien qu'à profiter. Le mec aimerait Le Pen au pouvoir pour voir ce qui se passerait. Je lui dis qu'à l'échelle locale on peut déjà constater le désastre, va leur demander à Vitrolles ce qu'ils en pensent. Le charmant met en garde contre ce genre de discours fascisant. Mais le mec répond qu'avec le fascisme y a plus de problème, y a que des solutions, si tu me plais pas je te bute. Bien.

Je me lève (sans les bousculer tu noteras) et je vais fumer une clope plus loin. Le charment me rejoint assez vite. On hallucine. Je lui raconte le coup de "mais vous êtes ensemble depuis quand ?" Il réfléchit, dément. Je lui dis que là n'est pas le problème, que je tiens pas à savoir, juste je trouve ça gratuitement méchant ou très maladroit, mais vu comme ils sont cons, on peut pas vraiment faire la part des choses. Le charmant dément quand même, il dit que c'est important.

Quatrième partie ou Des fois tu ferais mieux de rester chez toi.

Une voiture se casse mais ne va pas dans la même direction que nous. La deuxième idem. La troisième sera la bonne. On rentre, on couche, on dort pas (avec les chemins de fer, tu voyages jusqu'au bout de la nuit).

Moralité : on a beau être sur une péniche, on est pas tous dans la même galère.

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